John Baete

« Prenez-les à la gorge ! »

Le Standard a enfin trouvé la confiance. Pas étonnant que cela se produise après des remaniements fondamentaux d’une équipe qui joue – enfin – avec deux contrôleurs devant la défense, deux vrais flancs (donc perforants) et deux avants de pointe de formation. Rien à avoir avec les premières esquisses d’un José Riga qu’on avait trouvé un peu timide bien qu’il avait plein d’excuses à faire valoir : nouvelle équipe, nouveau staff, nouveau défi.

Par John Baete

Aujourd’hui, avec un jeu pas encore véritablement chatoyant mais qui va enfin vers l’avant, le Standard a trouvé un équilibre qui lui va bien. Toujours en lice sur trois fronts de compétition, le club s’est resserré lors du voyage en Ukraine et de la victoire contre Bruges. Face à un Club fragilisé, d’accord, mais dans un match où il faut surtout retenir la différence du nombre d’occasions de but réelles créées par les deux équipes. Bref, voici les Rouches installés à un autre niveau. Encore faut-il qu’ils affichent constamment cette agressivité offensive de bon aloi ; malgré les toujours récurrentes blessures ou suspensions.

Dans un premier temps, Riga a trop fait confiance à des noms au lieu de mettre d’abord en place un système élaboré pour inscrire des buts en respectant l’ADN de Sclessin. Erreur : en football, les « stars » ne peuvent s’exprimer que si l’équipe est bonne. Deux « stars » et neuf patachons n’ont jamais constitué une équipe performante. Exemple, quand Riga plaçait systématiquement un Jelle Van Damme sur l’aile gauche ou trois médians défensifs, il faisait fausse route. C’est chose rectifiée – ainsi que d’autres – et tout le mérite en revient à l’élégant T1.

Comparaison n’est pas raison, mais si Alex Ferguson a désormais une tribune à son nom à Old Trafford, son parcours de 25 ans à Manchester United n’a pas toujours été parsemé de roses. Les fondations de son palmarès unique tiennent finalement à des principes incontournables et dont tous les coaches peuvent s’inspirer, Riga aussi. Sir Alex a toujours joué pour gagner et n’a jamais considéré ses joueurs comme des vedettes. Il n’a jamais hésité à gueuler dans les vestiaires. Son surnom : the hairdryer, le sèche-cheveux. Parce qu’il se place devant le joueur qu’il trouve paresseux et lui crie dessus à la Capitaine Haddock. Vous pensez qu’il a tout laissé passer à des Cantona, Beckham, Giggs ou Rooney ? Erreur… Dans son vestiaire, quand il se met en rogne, il shoote dans les bouteilles d’eau et les chaussures qui traînent. Un jour, l’une d’elle a éclaté une arcade de Beck’s. Ferguson a toujours plongé en enfer les joueurs qui ne respectaient pas son football. Du coup, c’était le paradis sur le terrain. Avec cet Ecossais, la vraie star doit rester le coach…

Ferguson a toujours su relever les défis les plus compliqués – ceux des changements -, depuis ce 6 novembre 1986 quand il a signé à Old Trafford. Son £il de maquignon pour le jeune talent lui a permis de reconstruire des tas de fois son équipe en y implémentant sa philosophie offensive et son fighting spirit. Revers (léger) de la médaille : il parvient tellement à pousser ses hordes à aller de l’avant qu’elles ne parviennent jamais à garder un score au marquoir. C’est parfait quand on mène, mais c’est aussi comme ça qu’on prend du 6-1 contre City : « Même menés 1-4, mes backs continuaient à monter ! ». C’est le côté suicidaire de Braveheart, mais si c’est le seul aspect négatif d’un instinct d’attaquants, on prend !

A ses débuts à Aberdeen, il criait « Prenez-les à la gorge ! » quand ses jeunes lads faisaient dans leur kilt avant de jouer le Celtic et les Rangers. Au bout de son bail là-bas, Aberdeen avait battu le Real Madrid en finale de la Coupe des Coupes. Aujourd’hui, Ferguson a dépassé les 65 ans et les 2050 matches avec Man U, mais il joue toujours pour gagner.

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