» POUR LES DIABLES, LE MEILLEUR EST ENCORE À VENIR « 

La Belgique n’ira pas à l’EURO 2004. La troisième place derrière la Bulgarie et la Croatie constitue-t-elle le juste reflet de sa valeur ?

Par rapport aux deux nations qui l’ont précédée, la Belgique a accusé un déficit au niveau de la maturité à deux moments. Tout d’abord, à l’occasion de son match d’entrée face à la Bulgarie. Amputée de plusieurs éléments qui avaient contribué à ses succès, dans le passé, comme Marc Wilmots, Gert Verheyen et, dans une moindre mesure peut-être, Johan Walem, elle n’était manifestement pas prête à honorer un premier grand rendez-vous d’importance comme celui-là. Au même titre que ce qui s’était produit deux ans plus tôt dans le cadre des éliminatoires du Mondial avec la Croatie, auteur d’un partage blanc à Bruxelles, l’équipe nationale a malheureusement payé un lourd tribut, cette fois encore, à une entrée en matière pour le moins boiteuse, qui l’a contrainte à une course-poursuite d’un bout à l’autre de la compétition. Je reste persuadé qu’au moment de concocter le calendrier des qualifications, les responsables belges auraient été beaucoup plus inspirés en programmant deux matches faciles au départ, contre l’Estonie au Heysel et en déplacement à Andorre par exemple, afin de permettre une nouvelle osmose dans le groupe. C’est d’autant plus navrant que les Diables Rouges ont parfaitement négocié leur parcours après coup, à une exception près : en Croatie. Ce soir-là, à Zagreb, le même zeste d’expérience nous a fait défaut qu’à l’occasion de notre première sortie contre les Bulgares. Au total, ce manque de planches dans des matches cruciaux explique pourquoi lors du décompte final nous sommes finalement devancés au classement de notre groupe par deux équipes qui ont mieux géré les instants névralgiques que nous. Notre troisième place traduit ce déficit. Même si, par rapport à ceux qui nous devancent, l’écart s’est malgré tout amenuisé au fil des mois. Car la différence est quand même énorme entre la sélection belge qui laissa un sentiment d’impuissance face à la Bulgarie, aux prémices de l’automne 2002 et cette même équipe nationale qui a tenu le haut du pavé à Sofia voici quelques semaines à peine. De fait, au niveau de l’expérience, les Diables Rouges actuels se situent au même échelon que les Bulgares et les Croates au moment de leurs débuts dans la campagne qualificative. C’est dommage qu’il n’y ait plus de matches à jouer car je suis convaincu que le team Belgique actuel, avec ses qualités, serait parvenu dans ces conditions à coiffer tout ce beau monde sur le poteau. Cette équipe n’exprime son potentiel que depuis quelques semaines.

Qu’est-ce qui justifie cette foi ?

Bon nombre d’internationaux vont au-devant de leurs plus belles années : c’est le cas de Timmy Simons, Daniel Van Buyten, Walter Baseggio, Wesley Sonck et les frères Mpenza, qui oscillent tous entre 24 et 26 ans. Ajoutez-y de réelles promesses, comme Thomas Buffel, Jelle Van Damme ou Olivier Deschacht et les trois-quarts de l’équipe sont couchés sur le papier pour pas mal de temps. Sans compter que derrière ce beau monde, nous ne sommes pas mal lotis du tout non plus avec Jonathan Walasiak, Koen Daerden, et Kevin Vandenbergh pour ne citer qu’eux. Ce qui est formidable, c’est que pour la plupart des postes, une relève prometteuse s’annonce. La preuve par le jeune Vincent Kompany, qui vient d’être appelé pour la première fois chez les Diables, la preuve aussi par son coéquipier anderlechtois Junior qui, tôt ou tard, est appelé à s’imposer comme pare-chocs devant la ligne médiane. En réalité, il n’y a qu’un tout petit bémolpour le moment : la ligne d’attaque, dont la plupart des composantes sont des petits gabarits. Jusqu’à ce match contre l’Estonie, cela n’avait pas porté à conséquence, dans la mesure où Wesley Sonck était toujours parvenu à faire la différence. Mais quand il n’a pas son rayonnement habituel ou qu’il est malheureux dans ses entreprises, comme ce fut le cas samedi passé, on se dit qu’un déménageur ne serait peut-être pas superflu dans ces conditions. Mais peut-être l’avons-nous, qui sait, dans le chef de Cédric Roussel qui devrait, logiquement, progresser d’un ou plusieurs crans à Genk et se rapprocher, ce faisant, d’une place en pointe chez les Diables. S’il s’y montre à la hauteur, nous serons également parés dans ce secteur pour pas mal d’années, c’est sûr. n

Propos recueillis par Bruno Govers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire