Pol Toletti, le Pitchou des Zèbres

Ce colosse sans prétention fait partie de ces gars qu’on ne peut pas oublier. Il est parti au paradis des gens heureux depuis quelques années déjà mais son sourire et sa disponibilité planent encore au-dessus du Mambourg. Pol Toletti fait la connaissance de Jean-Paul Spaute en juin 1989 à Namur où il s’occupe de la sécurité du regretté boxeur Jean-Marc Renard et d’ Antonio Esparragoza, détenteur du titre mondial des poids plumes. L’ancien président des Zèbres lui confie des tas de missions destinées à assurer le bon déroulement des matches et le confort des joueurs.

Pitchou, c’est comme cela qu’on l’a vite appelé, a réglé des tas de problèmes administratifs, de voitures ou de recherche de logements à la vitesse de l’éclair. Il devient une espèce de team-manager avant la lettre. Quand tout va mal, la nounou des joueurs les écoute, sème le sourire d’un homme qui connaît les joies et les soucis de la vie.

Son destin est tellement différent, autrement historique que celui des footballeurs carolos. A 19 ans suite à une rupture sentimentale, je crois, il s’engage à la Légion étrangère et se bat pour la France. Durant la guerre d’Algérie, Toletti ne se méfie pas et est recruté par l’OAS, Organisation armée secrète, qui fomente plusieurs attentats contre Charles de Gaulle, président de la République française. L’OAS ne veut pas entendre parler de l’indépendance de l’Algérie et frappe le 22 août 1962 au Petit-Clamart. Toletti assume un rôle de guetteur et se contente de signaler l’arrivée de la célèbre Citroën DS 19 du Général de Gaulle. Il s’en suit une terrible fusillade mais de Gaulle et son épouse ne sont pas touchés. Les putschistes sont arrêtés dans les jours qui suivent. Le jeune Pol est condamné à mort même si on se rend compte qu’il a été manipulé par les huiles de l’OAS. L’exécution est sans cesse reportée et un seul membre du commando est finalement passé par les armes. En 1977, il est heureusement gracié et revient en Belgique.

Quand on traverse de tels événements, on voit la vie avec plus de recul : une victoire ou une défaite, c’est vite oublié. Pitchou m’a tout de suite embrassé et je me souviens de discussions très intéressantes avec lui. En 1992, mon effectif a été décimé par les blessures, ce qui a précipité mon départ. Pol a trouvé les mots justes quand j’ai quitté mon poste de T1 des Zèbres. Plus tard, il est devenu un grand ami de Robert Waseige et il n’a jamais oublié de lui apporter ses cigares préférés. Le regretté Toletti n’a pas été joueur ou entraîneur mais cet homme attachant est quand même un Hercule de la légende des Zèbres.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire