Plaidoyer pour notre D1

Car elle en a besoin. Maintenant que nos Diables n’y évoluent plus, et maintenant qu’il nous est permis de les retrouver – via les télés – dans d’autres championnats plus huppés, on la prend un peu trop pour de la gnognotte : le discours classique, et désenchanté, c’est que le niveau de notre D1 n’a jamais été aussi bas… Bien sûr et heureusement, les supporters supportarisent toujours, la passion rouche demeure pour damer le pion aux Mauves ou aux Brugeois, et vice-versa : mais mis à part l’amour pour son club, le supporter connaît désormais mieux les noyaux d’Arsenal, du Bayern ou du Real que ceux d’OHL, du Lierse ou de Lokeren. Certes, Belgacom et Voo se flattent de nous refiler tout le championnat : mais quel Wallon s’enfonce voluptueusement dans son fauteuil, pour se pourlécher à l’idée de suivre in extenso un Malines-Cercle ou un Beveren-Courtrai ? Ou quel Flamand pour un Charleroi-Mouscron ?

A cela s’ajoute le ricanement pour notre formule de play-offs. Ricanement exagéré. Ofcourse, le fait que le champion du pays ne soit pas, en 2014, celui qui amassa le plus de points sur 40 matches, cela demande un certain temps pour passer dans les moeurs ! Mais la formule n’est pas plus farfelue que d’autres : en NBA (et les USA, ce n’est pas la petite Belgique comique), les deux franchises (clubs) qui se sont tapé 82 matches de saison dite régulière pour terminer en tête de leur Conférence (est ou ouest) ne seront pas forcément les deux qui, environ 20 matches plus tard, à l’issue des playoffs, auront disputé les finales/NBA !

Disons plutôt que, vu la concurrence générée par l’obésité de l’offre télévisuelle, l’intérêt primordial pour notre D1 n’a jamais été aussi bas. Mais juger son actuel niveau comparativement à ce qu’il fut hier, et à ce qu’est aujourd’hui le niveau des élites européennes, oulalalala, c’est marcher sur des oeufs, et j’en écrabouille deux pour expliquer ! D’abord, il faut être fortiche des yeux pour comparer des niveaux de jeu avec exactitude. Bibi en tout cas, à part la vitesse individuelle à laquelle les manieurs de ballon sont parfois capables de manier avec leurs pieds, et à part l’intensité du rythme qu’atteint parfois une circulation de balle collective, il ne repère pas toujours d’ahurissantes différences de niveau : ni du point de vue de l’habileté technique pure, ni de celui de l’intensité cérébrale ! Me méfiant des a priori, j’ai ainsi apprécié dans le Foot Mag précédent cette opinion dérangeante de Ronnie Stam parlant du cirque de Premier League où le football n’est pas bon du tout (sic) !

Ensuite, clamons haut et fort qu’en foot, sport où deux opposants s’arrachent un seul ballon, un niveau supérieur n’est pas toujours synonyme de spectacle supérieur ! Un attaquant du top tente de jolies choses face à un défenseur du top qui fait tout pour que ça foire, un attaquant moins top tente de jolies choses face à un défenseur moins top qui fait tout pour que ça foire,…si bien qu’au bout du compte, les moins tops réussissent autant de buts, de mignons petits ponts, de lucarnes sur coup franc, de headings victorieux, de volées/bicyclettes, de jolis une-deux et tutti quanti ! Imaginons deux télés nous proposant simultanément Barça-Real et Charleroi-Westerlo. Nous allons opter pour le premier, mais c’est d’abord pour la notoriété des protagonistes, parce que nous aimons les paillettes people ! Car du strict point de vue des probabilités, le match au Barça peut très bien se terminer sur un morne 0-0 sans geste ni action mémorable…alors qu’à Charleroi ce jour-là, nous aurions profité d’arabesques et buts, via Mohamed Aoulad ou un autre !

Bref, suivons aussi notre D1 : si l’herbe est plus verte ailleurs, ce n’est pas toujours le cas de ce qui gesticule dessus ! Pour preuve, on vient encore puiser chez nous : ThorganHazard, Kalidou Koulibaly, Cheikhou Kouyate… Et perso, 2013/14 m’a fourgué le plaisir de découvrir Mathew Ryan, Thomas Meunier (à son nouveau poste), Chancel Mbemba, Youri Tielemans, Julien De Sart, Hans Vanaken, Andy Najar, David Pollet, Michy Batshuayi, Aleksander Mitrovic… Est-ce de la gnognotte ? Pas sûr. ?

 » Un niveau supérieur n’est pas nécessairement synonyme de spectacle supérieur. « 

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