PAUL THEUNIS

Dans le football contemporain, on entend rarement un discours aussi intelligent et modeste que celui de l’ancien médian et entraîneur Paul Theunis (63 ans). Joint à son éthique professionnelle et à des bons pieds, ça lui a permis de remporter une Coupe (1983, SK Beveren), un titre (1984, SK Beveren) et même la Coupe des Coupes (1988, FC Malines). Devenu entraîneur, il a connu le succès avec le SV Waregem au début des années 90 et, en 1997, il a ramené Beveren parmi l’élite, sans jamais parvenir à être embauché par un grand club. Theunis :  » Quelques mois après sa promotion, Beveren m’a limogé suite à un moins bon début de saison. J’ai reçu une offre d’un entrepreneur qui était un habitué des tribunes du Freethiel. Il voulait me confier le poste de responsable commercial. Je n’avais pas la moindre expérience mais le moment me semblait bien choisi pour essayer quelque chose d’autre.  »

Cet essai s’est mué en fidèle collaboration : Paul Theunis travaille pour l’entreprise de construction Cordeel depuis 1998. On ne l’a plus jamais revu sur le banc d’entraîneur. Il ne suit le football qu’avec ses clients, généralement à Genk, où Theunis a siégé au conseil d’administration de 2003 à 2009, et à Saint-Trond.  » Je trouve chez Cordeel la chaleur familiale, la considération et la stabilité qui me faisaient défaut en football. Jusqu’il y a peu, les clubs n’étaient pas gérés aussi professionnellement que maintenant, ni aussi bien structurés. Les investisseurs prenaient des décisions impulsives. Cette existence imprévisible n’était pas agréable du tout. En plus, ma femme et mes deux filles avaient déjà vécu trente ans en fonction du football. Il était temps que les fêtes de famille puissent se dérouler les jours qui leur convenaient aussi.  »

Ce regard type Paul Theunis. Plutôt serviteur que joueur déterminant, le médian défensif veillait à l’équilibre de l’équipe et permettait ainsi aux autres d’être performants. C’est pour cela qu’Aad de Mos l’a attiré à Malines, à l’âge de 35 ans, en 1987, après six belles saisons à Beveren. En finale de la Coupe des Coupes contre l’Ajax, Theunis a remplacé Wim Hofkens à un quart d’heure de la fin pour aider Malines à conserver son avantage d’un but. Ça reste le plus haut fait de sa carrière.  » Je regrette simplement de l’avoir vécu aussi tard. J’ai trouvé à Malines le professionnalisme que j’avais cherché durant toute ma carrière de joueur. Les entraînements étaient presque plus durs que les matches et tout le monde se soignait parfaitement.  »

Il n’a passé qu’une saison au Malinwa. Il n’a pas reçu d’autres offres et quelques semaines après avoir soulevé la CE2, Theunis est devenu joueur-entraîneur à Saint-Nicolas, en D3. Il a conduit le club en D2 et, un peu plus tard, il a reçu une offre du KRC Genk, tout juste né de la fusion entre Waterschei et Winterslag, pour lequel Theunis avait joué de 1973 à 1981, comme semi-pro. Il en est devenu l’entraîneur.  » Trop tôt. En ces débuts, trop de parties différentes voulaient avoir leur mot à dire.  »

Sa carrière d’entraîneur n’a pas pris l’envol qu’il espérait mais le courtois Limbourgeois n’en est pas moins satisfait de ses années footballistiques.  » Joueur, j’aurais peut-être pu rejoindre le top plus tôt. J’ai eu des opportunités, y compris à l’étranger, mais Winterslag me jugeait irremplaçable. Il ne voulait pas me laisser partir et provoquer des conflits n’est pas dans ma nature.  »

La seule touche d’amertume que lui laisse le football est son passage en équipe nationale. Il n’a obtenu que deux sélections, dans des matches amicaux contre l’Allemagne de l’Ouest et la Pologne, même s’il a figuré maintes fois dans la présélection.  » Guy Thys n’a pas été très correct. J’ai été souvent repris dans le noyau, je me présentais à Bruxelles le dimanche matin et j’attendais. Si tout le monde était là, je pouvais rentrer chez moi. La presse n’en savait rien. En plus, j’ai été le dernier à être écarté de la sélection pour l’EURO de 1984, malgré mes bonnes prestations contre la Pologne et l’Allemagne. Quelque chose s’est alors cassé en moi. C’est dommage car je préfère toujours retenir les aspects positifs.  »

PAR MATTHIAS STOCKMANS

 » Je retrouve chez Cordeel la chaleur familiale, l’appréciation et la stabilité qui me faisaient défaut dans le foot de haut niveau.  » – PAUL THEUNIS

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