Pas de crise de nerfs pour Preud’homme

Juste après les matches, les coaches peuvent avoir des comportements étonnants. Prenons Jacky Mathijssen. Samedi dernier, après la défaite douloureuse à Mouscron (sans Cristian Leiva et Majid Oulmers), le patron des Zèbres avait peut-être le droit d’être un peu de mauvaise humeur. Et puis, la RTBF-TV lui demanda où il en était quant à son avenir ; lui rappelant ce que Mathijssen avait lui-même annoncé précédemment : qu’il partirait si Charleroi n’était pas qualifié pour la Coupe de l’UEFA. Le coach des Zèbres répondit qu’avec des joueurs comme ça, on ne pouvait se qualifier pour l’UEFA, qu’ils n’étaient pas assez bons. Et quand le journaliste lui demanda clairement s’il allait finalement partir, Mathijssen lui lança :  » Mais je t’ai répondu, non ? » avant de hausser les épaules, de grommeler et de s’en aller sans autre forme de procès.

De cette attitude assez lourde, on peut décrypter que Mathijssen estime que son discours est parfaitement limpide et compréhensible, qu’il estime que si son équipe perd un match, c’est la faute des joueurs et qu’il estime que si les objectifs de début de saison ne sont pas atteints, c’est la faute du club qui n’a pas mis à sa disposition un noyau assez fort. Bref, il s’estime (et de très loin) au-dessus de la mêlée. La preuve, il a déjà dit vouloir entraîner à l’étranger.

Mathijssen n’est pas le seul coach rétif à devoir bien expliquer ses choix. La corporation des entraîneurs voit souvent (toujours ?) comme une agression le fait de devoir s’exprimer face à la presse. Comme s’ils avaient (eux !) à se justifier. Heureusement qu’en Belgique la presse sportive reste généralement très fair-play et accepte toujours de donner la version de la partie critiquée. Chez nous, on ne lynche personne et on ne tire jamais sur les ambulances. Quand un entraîneur se plaint du traitement qui lui est réservé, c’est d’ailleurs ce que les journalistes lui répondent.

Mais qui a raison dans les discussions d’après match ? Prenons le cas de Michel Preud’homme. Après la jolie victoire 0-1 à Anderlecht en Coupe à l’issue d’un match plein et offensif, le coach de Sclessin a clairement fait comprendre qu’il n’avait pas apprécié les critiques émises à son égard lors de la défaite 1-0 dans le même match en championnat. Dans nos colonnes, Jan Mulder avait même parlé de  » navet  » et regretté avec une emphase toute hollandaise les options défensives du Standard… et le jeu d’Anderlecht aussi. Preud’homme avait plus encaissé le coup qu’un Frankie Vercauteren, qui dit volontiers ne jamais lire la presse. Après le 0-1 en Coupe chez les Mauves, l’entraîneur des Rouches commenta ces critiques avec des  » si je n’avais mis qu’un avant en championnat, c’est pour des raisons que vous, journalistes, ne connaissez évidemment pas. Je savais très bien ce que je faisais « .

Certes, mais si le Standard a gagné à Anderlecht et dans la foulée à Saint-Trond, c’est sans doute parce que le Standard alignait deux attaquants. Et aussi parce que Sergio Conceiçao jouait ces deux matches ? Sergio est toujours indispensable, mais ce n’est pas parce qu’il n’est pas là que le Standard doit encore plus accepter le combat. Attention : certains entraîneurs sont persuadés de pouvoir jouer pour un point, alors que d’autres estiment que le partage de l’enjeu est surtout un accident de l’histoire d’un match.

Preud’homme a merveilleusement redressé la barre en deux rencontres. Il a fait du Standard la plus belle surprise de la fin de saison. Les Rouches se sont replacés dans la course au podium du championnat et sont devenus LA menace de la Coupe. Ils paraissent les plus saignants des quatre demi-finalistes ; avec une option sur la finale. Bref, ils sont redevenus la superbe équipe que l’ex-grand gardien avait requinquée alors qu’elle était à la rue sous Johan Boskamp. Il a du mérite car, à en croire la rumeur, il aurait été mis à l’index au sein même de son club. Ce que nous a démenti formellement le patron du club, Luciano D’Onofrio, quelques heures avant le 0-1 d’Anderlecht : :  » Notre confiance en Michel est totale : notre but à tous au Standard est de vivre la plus belle fin de saison possible avec lui « .

Et après ? C’est une autre histoire…

PAR JOHN BAETE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire