» ON N’A PAS PEUR DES LOUPS « 

La route de l’ancien international et celle de l’entraîneur à succès de Gand se sont croisées autrefois à Lauwe. Souvenirs, souvenirs…

Lorsqu’un journaliste du quotidien HetLaatsteNieuws me demanda, la saison dernière, à trois matches de la fin des play-offs 1, si Gand pouvait remporter le titre, j’étais relativement sûr de mon coup : non ! Je pensais que les Buffalos crouleraient sous la pression. Le Club Bruges aurait été le champion logique. Mais les Bleu et Blanc ont déjoué tous les pronostics et sont repartis avec les lauriers. J’en suis resté bouche bée.

L’architecte de ce succès s’appelle Hein Vanhaezebrouck. Il est parvenu à transformer une équipe irrégulière en un club de pointe, où il n’y a pas de place pour les individualistes et où tout est mis au service du collectif. Et, personnellement, je m’en réjouis.

Car Hein et moi, avons un passé footballistique commun. Lorsque j’étais l’entraîneur du WS Lauwe, Vanhaezebrouck y occupait la fonction de libero. Qu’il lisait bien le jeu, cela sautait déjà aux yeux. Mais je n’aurais jamais imaginé qu’il deviendrait un entraîneur de ce niveau-là.

Ce serait trop facile de prétendre le contraire, aujourd’hui. Ce n’est sans doute pas moi qui lui ai appris le plus, mais au fond, pourquoi ne pas le lui demander, tout simplement ? Nous nous sommes rencontrés dans l’un de ses restaurants préférés : ‘DeHermelijn’, à Wannegem en Flandre-Orientale.

Le WS Lauwe a eu plusieurs entraîneurs réputés.

HEINVANHAEZEBROUCK : Ce club aimait attirer des noms. Pour la direction, c’était le summum. René Verheyen, Gilbert Van Binst, Jacky Stockman et Kenneth Brylle, entre autres, sont passés par là. J’avais 16 ans lorsque Stockman m’a donné ma chance en équipe Première. Jacky n’avait pas peur de faire confiance aux jeunes, c’était son principal mérite. Quelques valeurs sûres ont été écartées, ce qui a fait grincer des dents, mais il disposait d’une très bonne génération de jeunes joueurs. Quatre d’entre eux ont joué plus tard en D1 : Lorenzo Staelens, qui s’était emmouraché de la fille du boucher ; Rudy Ducolombier, qui courtisait une gamine de Lauwe ; Bart Maes, le plus talentueux mais un sale caractère ; et moi-même. Il y avait même un Soulier d’Or en puissance parmi eux ! (ilrit) La deuxième année, nous sommes montés de 1re Provinciale en Promotion. La moyenne d’âge était de 19 ans.

Bart Maes ?

VANHAEZEBROUCK : C’était un très grand talent. A 16 ans, le Club Bruges est venu le chercher, mais il était ingérable. Il est même parvenu à se disputer avec Georg Kessler. Il a, évidemment, été directement placé sur une voie de garage ! Plus tard, il a encore tenté sa chance à Harelbeke et à Roulers, puis tu l’as fait revenir à Lauwe.

UN POULET-FRITES SANS LE POULET

Walter Vanhaezebrouck, ton père, était le secrétaire du WS Lauwe.

VANHAEZEBROUCK : Mon père était un passionné de football. Il avait, selon moi, toutes les capacités pour devenir un bon entraîneur. Il s’y connaissait, et a même tâté de la profession, mais beaucoup de dirigeants de clubs n’y connaissaient rien et c’était un problème. Lorsque j’avais 7 ans, j’accompagnais toujours mon père dans le vestiaire de Lauwe. J’apposais les nouveaux crampons sur les chaussures et je changeais les lacets des joueurs. Mon père acceptait tout trop facilement. Deux années d’affilée, le tirage au sort de la Coupe de Belgique nous avait offert Anderlecht à domicile. Lauwe jouait alors en D3. La première fois, l’avantage du terrain a été vendu aux Bruxellois et nous avons perdu 7-1. La deuxième fois, mon père a juré ses grands dieux que le match se jouerait à Lauwe. Un jour, il a reçu un coup de fil. Je l’ai entendu répondre : ‘Oui Monsieur Vanden Stock, bien sûr Monsieur Vanden Stock… Lorsqu’il a raccroché, je lui ai demandé : ‘Tu n’as quand même pas accepté ? Il m’a répondu : ‘Je ne pouvais pas faire autrement !’ Nous nous sommes donc, à nouveau, déplacés au Parc Astrid où nous avons été battus 7-0.

Lauwe avait beaucoup de jeunes talents, la formation était-elle à ce point poussée ?

VANHAEZEBROUCK : Pas spécialement, c’était le hasard. Le premier entraîneur qui a réellement fait progresser les joueurs est Fernand Goyvaerts, en Minimes. Il nous entraînait toute la semaine, mais ne venait jamais voir un match le dimanche ! (ilrit) Il voulait un ballon pour chaque joueur. La direction l’a traité de fou. Elle voulait bien lui donner quatre ballons, mais pas plus. Il a refusé de venir aussi longtemps que le club n’avait pas investi dans 15 ballons. Il nous entraînait uniquement sous l’aspect technique, on ne courait jamais sans ballon. Fernand avait sans doute vu comment on entraînait les jeunes au Real Madrid et à Barcelone. Notre petite équipe a remporté le titre, contre Waregem. Fernand n’a pas assisté au match, comme d’habitude, mais il nous a promis un repas pour nous récompenser : un poulet-frites. Nous avons eu les frites, mais pas le poulet ! (ilrit)

Après un passage par le RC Tournai, tu es parti à Courtrai, lorsque tu avais 19 ans.

VANHAEZEBROUCK : Je suis arrivé blessé à Courtrai. Pendant l’intersaison, je m’étais déchiré les ligaments de la cheville lors d’un tournoi de mini-foot. J’avais le pied dans le plâtre et je marchais avec des béquilles. Dimitri Davidovic était l’entraîneur. Je pensais qu’il me passerait un savon, mais non : il ne m’a rien dit. En fait, il ne me connaissait même pas, c’était ma plus grande surprise. Et une grosse déception. A ses yeux, je n’étais qu’un petit jeune qu’on était allé chercher à la hâte. Lors de la conférence de presse de présentation, Gino Gylain, le chef du service des sports du quotidien HetLaatsteNieuws, a déclaré que j’étais le meilleur transfert de l’histoire de Courtrai. Davidovic, qui était à Cologne, a dû sursauter. Mais, à partir de ce moment, il s’est intéressé à moi. J’ai disputé 19 matches, cette saison-là.

AU CLASH AVEC HENK HOUWAART

Cela ne t’a pas empêché de retourner à Lauwe l’année suivante.

VANHAEZEBROUCK : Parce que tu as insisté pour que je revienne ! (ilrit) Tu étais aussi parvenu à convaincre Lorenzo Staelens de rester, cela a joué un rôle dans ma décision. En outre, Courtrai connaissait de gros problèmes financiers. Les joueurs sont devenus nerveux et aspiraient à partir. Courtrai m’avait loué pour un million de francs belges et l’option d’achat était fixée à quatre millions, mais il n’y avait plus d’argent ! Je devais choisir. Ce sacré Van Binst insistait : nous allions être champions, disait-il ! (ilrit) Mais je l’ai cru, car Lauwe possédait une belle petite équipe, qui avait presque le niveau de la D2. Nous avons remporté le titre honorifique de champion d’automne en Promotion, devant Mouscron et Roulers. Si Staelens ne s’était pas blessé et n’avait pas loupé la quasi-intégralité du deuxième tour, nous aurions certainement eu notre mot à dire dans la lutte pour le titre. Nous avons finalement terminé 4e. A cette époque, nous attirions régulièrement 3.000 spectateurs. Il y avait parfois plus de monde à Lauwe qu’à Courtrai. Je suis convaincu que Lorenzo aurait pu jouer plus de matches, mais Courtrai, qui avait récupéré un peu d’argent, voulait l’attirer. On lui a sans doute demandé de ne pas prendre trop de risques.

C’est à Harelbeke que tu as connu ta plus belle période comme joueur, mais elle s’est terminée en mode mineur.

VANHAEZEBROUCK : Henk Houwaart m’a mis à la porte après neuf ans ! Cela n’avait rien à voir avec mes qualités footballistiques, mais avec le… matériel. Houwaart était l’entraîneur, mais aussi l’intermédiaire de Hummel, l’équipementier. La firme est tombée en faillite et le président Sustronck a voulu prendre les choses en mains. Un directeur commercial a été engagé afin de chercher un autre sponsor, mais cet homme devait être assisté par un joueur, car il n’avait aucune expérience en la matière. Le choix s’est porté sur moi, parce que j’étais le plus âgé du groupe, mais j’ai refusé, car je savais que cela ne plairait pas à Houwaart. Le président m’a promis d’arrondir les angles avec le Néerlandais. Je l’ai accompagné une seule fois et c’était déjà la guerre ! Le lendemain, nous avons joué un match amical contre le PSV Eindhoven. Nous avons gagné 3-1 et j’ai marqué un but. J’ai rejoint la salle des joueurs un peu plus tard que les autres, il n’y avait presque plus personne. Lorsque j’ai ouvert la porte, j’ai entendu Houwaart en train de discuter avec le délégué de l’équipe et le préposé au matériel. Il était dans tous ses états et hurlait : ‘Ce Vanhaezebrouck m’a bien eu, mais rira bien quirira ledernier. Demain, c’est terminé, vous verrez. ‘ J’ai doucement fermé la porte et je suis parti. J’ai directement téléphoné à Sustronck et je lui ai tout expliqué. Le lendemain, Houwaart a posé un ultimatum : c’était lui ou moi ! On a bien tenté de le ramener à la raison, mais c’était trop tard. En janvier, j’étais parti.

SUR LE BANC GRÂCE À LEEKENS

Willy Reynders, de Lokeren, t’a accueilli à bras ouverts.

VANHAEZEBROUCK : Reynders est l’un des meilleurs entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé. Tout avait bien commencé pour moi à Daknam. Puis, les petites blessures se sont accumulées. Je les attribue toujours aux six mois d’inactivité que j’ai dû observer à Harelbeke. Durant cette période, mon frère a aussi été victime d’un grave accident de la route et s’est retrouvé en chaise roulante. Je lui rendais visite tous les jours. Je ne m’entraînais plus que sporadiquement, et ce n’est pas bon, à un certain âge. Entre-temps, j’avais appris à relativiser. Même pendant les moments de gloire, je suis toujours resté les pieds sur terre !

Tu as encore connu Jan Koller à Lokeren.

VANHAEZEBROUCK : Lorsqu’il a débarqué à Lokeren, nous pensions qu’il s’agissait d’un basketteur. Il avait de mauvais pieds. Roger Lambrecht avait acheté Jan Vonasek et a reçu un attaquant en cadeau de la part du Sparta Prague. Au départ, Lambrecht ne voulait pas de Köller, mais il l’a finalement ramené dans ses bagages. Reynders lui a prodigué des heures et des heures d’entraînement technique. En fait, Koller a appris à jouer à Lokeren.

Comment es-tu devenu entraîneur ?

VANHAEZEBROUCK : Après le licenciement de Reynders, Georges Leekens est devenu le nouvel entraîneur de Lokeren. J’avais 36 ans, j’avais beaucoup joué la saison précédente, mais pas toujours très bien. Parfois, c’était même carrément catastrophique. Leekens m’a approché, de manière totalement inattendue. Au début, il est resté mystérieux, mais au bout d’un certain temps, il m’a confié : ‘ Hein, je trouve que tu es un entraîneur-né, je vais t’incorporer au staff technique. Tu commenceras par faire un peu de scouting, tu travailleras avec les jeunes et tu donneras un coup de main aux entraînements. Mais ce n’est qu’un début, tu as l’âge idéal pour te lancer. Si tu veux continuer à jouer, pas de problème. Prends le temps de réfléchir, je te donne une semaine !’ Il ne m’a pas fallu un dessin pour comprendre qu’il ne comptait pas sur moi comme joueur et que, si je persévérais, je risquais d’user mes fonds de culotte sur le banc. Après une heure de réflexion, je suis allé le trouver et je lui ai dit : c’est d’accord ! (ilrit)

MERCI GOOGLE

Tu as réellement débuté en 2006 à Courtrai, en D2. Tu étais un jeune entraîneur sans palmarès, pourquoi t’a-t-on fait confiance ?

VANHAEZEBROUCK : J’avais accompli du bon boulot à Lauwe pendant deux ans et j’étais un gars de la région. Les dirigeants courtraisiens avaient probablement gardé un oeil sur moi. La première saison, nous avons terminé 3e. Denderleeuw a remporté le titre et est monté en D1. Nous avons dû disputer le tour final. Malines était notre principal concurrent. Avant même le début du tour final, la moitié de mon équipe avait déjà signé ailleurs, dont deux joueurs à Malines. A l’époque, Courtrai n’avait pas les moyens de les retenir. Nous avions beaucoup de blessés, mais j’ai tout de même dû les aligner. C’était cela ou jouer avec des Juniors. Nous n’avons pas gagné un match dans le tour final et Malines l’a finalement emporté. Si Courtrai n’avait pas d’argent, son appareillage de scouting était en revanche très performant. La saison suivante, nous avons été champions de D2, avec une majorité de jeunes joueurs loués et même un joueur découvert via Google, Istvan Bakx ! Il jouait dans une équipe amateur aux Pays-Bas. Je suis tombé par hasard sur un article élogieux à son sujet, sur internet. C’était un attaquant gaucher, exactement le profil que nous recherchions. J’ai demandé à ce qu’il soit visionné et nous l’avons engagé. Ce garçon a joué une saison fantastique. Il faut parfois avoir un peu de chance ! Sven Kums est arrivé en janvier de la deuxième saison. Anderlecht l’avait d’abord prêté six mois au Lierse, puis il a atterri à Courtrai.

A Genk, cela n’a pas marché. Cela reste-t-il ta plus grande déception à ce jour ?

VANHAEZEBROUCK : Ce qui m’a surtout déçu, c’est que des promesses n’ont pas été tenues. J’ai eu plusieurs réunions avec la direction et elle m’avait promis d’investir, mieux même : de consentir de sérieux investissements. J’ai cru mes dirigeants sur parole et je les ai avertis que je ne pourrais pas réussir avec le matériel existant. Lors de la quatrième réunion, on m’a informé qu’il n’y avait plus d’argent. Que pouvais-je dire ? Au début, nous ne jouions pas mal. Mais on encaissait facilement et, surtout, on marquait trop peu. Certains ont alors commencé à se mêler de la tactique. Selon eux, mon système de jeu ne convenait pas, il fallait le modifier. Ils prétendaient aussi que j’étais incapable de faire mon autocritique, que j’étais trop jeune, et d’autres insinuations de ce style. Mon limogeage fut un soulagement pour moi. Il aurait même pu survenir trois semaines plus tôt, cela ne m’aurait pas dérangé !

LAUWE, MON AMOUR

Tu es retourné plus tôt que prévu à Courtrai.

VANHAEZEBROUCK : Courtrai savait qu’il ne continuerait pas avec Leekens. Georges était trop exigeant pour ce club. Financièrement, on ne pouvait pas accéder à ses demandes. Le club avait déjà connu une faillite et voulait à tout prix en éviter une deuxième. Lorsque le RC Genk m’a remercié, Courtrai a rapidement repris contact avec moi. Sportivement, Georges réalisait pourtant de très bons résultats, puisqu’il a amené l’équipe en play-off 1. J’ai été quelque peu surpris de l’intérêt courtraisien, car j’avais tout de même laissé tomber le club pour partir à Genk, contre la volonté de Jean-Marc De Gryse, le grand patron du KVK. J’avais un contrat de deux ans et il exigeait que je le respecte. Mais j’ai fini par obtenir ce que je voulais. Je pensais que les ponts étaient définitivement rompus entre nous. Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsqu’il m’a rappelé. J’ai signé un contrat de trois ans, et pour bien faire comprendre que j’étais flatté, j’ai fait insérer une clause signifiant que je resterais à Courtrai pendant ces trois années, même si Barcelone frappait à la porte. Si je ne répondais pas à l’attente, il avait le droit de me licencier, mais je ne partirais pas de ma propre initiative. Un an et demi plus tard, De Gryse est décédé alors qu’il n’avait que 41 ans. Incroyable ! Beaucoup de clubs se sont intéressés à moi, dont, déjà, Gand, mais j’ai respecté ma promesse. J’avais donné ma parole au patron et ce n’est pas parce qu’il était décédé que je devais la manger. J’ai même prolongé pour deux années supplémentaires, mais cette fois, j’ai fait insérer la clause inverse : à savoir, que je pouvais partir si je trouvais mieux ailleurs. Pendant ces trois années, nous avons joué deux fois les play-offs 1 et nous avons atteint la finale de la Coupe de Belgique. J’avais tiré la quintessence de Courtrai, il était temps de partir. Gand a frappé à la porte pour la troisième fois. Ce fut la bonne.

Courtrai, c’était ton grand amour ?

VANHAEZEBROUCK : Non. Mon grand amour, c’était le WS Lauwe. J’y ai joué de 7 à 20 ans, toute ma famille était impliquée dans le club. Même ma soeur a joué là-bas ! » (ilrit)

T’es-tu, un jour, imaginé que tu pouvais conduire Gand au titre ?

VANHAEZEBROUCK : Au début, certainement pas. J’étais persuadé que nous pourrions concourir pour l’un ou l’autre trophée, mais de là à devenir champion ? Mais, au fur et à mesure que je constatais les progrès réalisés par mon équipe, je me suis mis à y croire, bien plus tôt que d’autres. Notre problème, c’était que nous jouions toujours bien contre les grandes équipes, mais que nous ne gagnions jamais. Le jour où nous avons battu Bruges, un déclic s’est produit. Les joueurs ont pris conscience qu’ils étaient capables de s’imposer contre ce genre d’équipe aussi. Le même phénomène s’est produit en Ligue des Champions. Nos trois premiers matches furent très bons, mais le succès n’était pas au rendez-vous. Le déclic s’est produit lorsque nous avons battu Valence à domicile. Les joueurs ont découvert qu’ils étaient capables de battre une équipe de Liga. La machine était lancée !

PAR GILLE VAN BINST – PHOTOS KOEN BAUTERS

 » Mon limogeage à Genk aura été un véritable soulagement pour moi.  » – HEIN VANHAEZEBROUCK

 » Quand Jan Koller a débarqué à Lokeren, on a tous pensé qu’il s’agissait d’un basketteur.  » – HEIN VANHAEZEBROUCK

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