O FUTEBOL BUSINE$$

Faire partie de la Seleçao, c’est aussi avoir la certitude de décrocher d’intéressants contrats publicitaires. Mais les statistiques nous apprennent que la Coupe du monde rapporte également aux autres joueurs brésiliens.

Si vous pensez avoir tout vu avec les Diables en matière de folie publicitaire, vous n’y êtes pas. Ici, sur l’espace de la mi-temps d’un match, on assiste à un défilé de spots publicitaires remplis de stars : Pelé (Carrefour), Maradona (Bom Negócio, sorte de deuxièmemain.be), Neymar (Claro), Messi, Dani Alves et Marcelo (Adidas) ou encore David Luiz (Gillette) se succèdent à l’écran.

Neymar est très bien coté sur le marché publicitaire également. Il a raison de battre le fer tant qu’il est chaud. Tandis que Cristiano Ronaldo représente cinq firmes (Banco Espirito Santo, Unilever, Nike, Audi et Armani) et que Messi a signé des contrats avec sept sponsors (Adidas, Turkish Airlines, Pepsi, Herbalife, Dolce & Gabana, Air Europa et Chery), on ne compte plus les publicités dans lesquelles Neymar apparaît.

Il y a là des firmes comme Nike et Claro (le Proximus d’Amérique du Sud) mais aussi Ambev, Volkswagen, Panasonic, Guaraná (un réfrigérant), Santander (une banque), GSK, Red Bull, Unilever, Lupo, Heliar (des piles), Guy Laroche (un parfum),… Il y a deux ans, ses revenus publicitaires annuels étaient estimés à 32 millions de reals (10,6 millions d’euros). L’an dernier, Forbes les évaluait à 15 millions. Et avec la folie du Mondial, ça n’a sans doute fait qu’augmenter.

David Luiz, le gendre idéal

Mais ce qui nous surprend un peu, c’est que même un joueur comme David Luiz passe pour une star. Le défenseur transféré de Chelsea au PSG a signé neuf contrats publicitaires. Et dire qu’il y a quatre ans, il était pratiquement inconnu dans son pays. Il avait en effet signé à Benfica dès l’âge de 20 ans, alors qu’il n’avait que très peu joué en D1 brésilienne. Aujourd’hui, il est omniprésent et il a signé des contrats avec Nike, Gatorade, Itaú (une banque brésilienne), Pepsi, Vivo (le Base brésilien) et TAM (une compagnie aérienne). Ses gains sont gardés secrets mais les économistes les évaluent à un million d’euros par contrat. Tout cela grâce à l’équipe nationale et… à un arrêt sur la ligne en Coupe des Confédérations. Depuis, toute la nation adore ce joueur aux allures de gendre idéal qui parle bien et est très gentil.

Vous voyez Marc Wilmots faire de la pub, vous ? Felipe Scolari, lui, le fait. Il a même six contrats : avec Ambev, Gillette, Peugeot, Vivo, Walmart (une chaîne de magasins) et Sadia (des produits surgelés). Tout son staff en profite : son adjoint mais aussi le diététicien. La part de marché du reste de la sélection est plus restreinte. Thiago Silva et Paulinho sont sous contrat avec quatre sponsors chacun, Oscar avec trois, Julio Cesar, Dani Alves, Hulk et Bernard deux, Fred, Jefferson, Victor (les gardiens) et Marcelo n’en ont qu’un.

L’avantage de la sélection brésilienne actuelle, selon les spécialistes du marketing, c’est qu’elle est composée de braves garçons, qui ne cherchent pas la polémique et bénéficient d’une bonne image. Fini les bad boys à la Adriano ou les play boys à la Romario qui a inscrit mille buts mais a couché avec autant de filles (du moins, c’est ce qu’il prétend).

Neymar à toutes les sauces

Pour régulariser le tout, plusieurs entreprises ont vu le jour ces dernières années. Ce sont elles qui établissent le contact entre les joueurs et les annonceurs. Ronaldo a ainsi créé 9ine Sport et Entertainement. Il est soutenu par WPP, qui se définit comme world leader in advertising and marketing et compte Neymar parmi ses clients. Autre opérateur important : XYZ Sports, qui défend les intérêts d’Oscar, Ramires et David Luiz. On retrouve aussi IMG, présent par le biais de sa filiale IMX. Eux aussi ont Neymar pour client.

Le numéro dix de l’équipe nationale semble avoir conclu des accords avec tout le monde. Doyen Sports, l’entreprise qui a placé Falcaoà Monaco, vend les droits de Neymar en Asie et à une partie de l’Europe. MBA Sports, fondée voici peu et qui est une filiale de MediaCom, compte aussi Neymar parmi ses clients. Idem pour Loducca, une agence de publicité qui a créé la marque NJr et la campagne somostodosmacacos (Nous sommes tous des singes). Vous ne pensiez tout de même pas que la photo de Neymar posant avec une banane était spontanée ?

Pelé reste le roi

Les Brésiliens constatent que Neymar est une marque et ça les énerve un peu. Il possède sa propre boutique en ligne (loja.neymaroficial.com) et on a l’embarras du choix en matière de produits.

Pelé reste le maître absolu du biz. Son exemple constitue la preuve que, même après leur carrière, les joueurs peuvent continuer à gagner de l’argent avec leur nom. Il n’est pas le seul : Cafu aussi continue à s’enrichir. Avant la Coupe du monde, il a même avoué qu’il gagnait mieux sa vie aujourd’hui que lorsqu’il jouait.

Pelé (73) a déjà fait plusieurs fois faillite mais, tel le phoenix, il renaît chaque fois de ses cendres. Et même si ce spot pour Carrefour, où on le voit assis sur un trône dans un supermarché, est ridicule, il score toujours beaucoup. La société Sport 10, qu’il a fondée en 2012, a calculé qu’en 2014, il a décroché des contrats publicitaires pour environ 58 millions de reals (un peu moins de 20 millions d’euros). Et elle espère que ce montant sera quadruplé d’ici 2016, lorsque le Brésil organisera les Jeux olympiques de Rio. Neymar a beau être le nouveau roi, Pelé n’est donc pas près d’abdiquer.

PAR PETER T’KINT, ENVOYÉ SPÉCIAL À FORTALEZA

La seleçao actuelle est composée uniquement de garçons qui ont une bonne image. Fini les bad boys comme Adriano ou les play-boys tels Romario.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire