Pierre Bilic

Notre D1 a aussi ses petites saveurs

Le bonheur fait un malheur dans les librairies grâce à des livres, comme celui de Françoise Héritier ( Le Sel de la vie aux Editions Odile Jacob), qui évoquent les petites joies du quotidien qu’on n’a plus le temps d’apprécier. Quel est le rapport avec les derniers rendez-vous de la D1, coincés inconfortablement entre les grands travaux des Diables Rouges de Marc Wilmots et les concerts des ténors européens ?

Par Pierre Bilic

Il est normal d’encenser Guillaume Gillet pour le tir magnifique qui a permis à la Belgique d’égaliser contre la Croatie (1-1) dans un stade Roi Baudouin en fusion qui attendait plus sur la route du Brésil. Quatre jours plus tard, Christian Benteke, malchanceux à la finition contre les baroudeurs des Balkans, signait son premier but pour le compte d’Aston Villa. Les tornades de l’actualité se sont promenées des premières foulées d’ Axel Witsel à Saint-Pétersbourg (battu 0-2 par le Terek Grozny de Jonathan Legear, leader du championnat russe) aux buts de Timmy Simons et de Kevin De Bruyne en Bundesliga avant d’aborder les chocs de la Ligue des Champions et de l’Europa League.

Au regard du roulement de décibels de ces « grands-messes », la vie de notre D1 n’a pas le même éclat mais ne manque pourtant pas de sel. Deux éclats parmi d’autres ont éclairé un Mons-Charleroi, qui a eu des airs de Fêtes de Wallonie, arrosé d’une rasade de buts. Là, c’est un artiste qui a donné du goût à ce duel de cousins hennuyers : Hervé Kagé. La perle noire des Zèbres a étalé sa virtuosité pour ouvrir la marque. Du grand art. Ce n’est pas la première fois cette saison que le bougre affole les défenses. A consommer sans modération. C’est un plaisir de le voir enchaîner les trouvailles. Kagé est un hyper doué de notre élite. Son éclosion lui permet d’éloigner pour de bon les problèmes personnels qui ont assombri sa fin de saison 2011-12, avec un séjour en prison à la clef. Il a son destin en mains et la suite dépend de lui. Beaucoup de clubs étrangers le suivent avec, dit-on, un intérêt croissant de Lille. Un autre Carolo a offert du bonheur à ses couleurs en détournant un penalty à la fin de la rencontre. Si Kage a régulièrement eu droit aux éloges, Parfait Mandanda a souvent été bombardé de moqueries. Au Tondreau, il a pris sa revanche et préservé le succès de Yannick Ferrera sous les yeux de sa nouvelle direction. Cet acte fugitif n’est pas passé inaperçu : Kagé et Mandanda, ce sont les brefs petits bonheurs auxquels on ne prête pas toujours attention.

Il y en a eu d’autres au cours d’une 7e journée de championnat marquée par les soucis des cinq « grands », incapables de s’imposer. Le coup franc victorieux d’ Ervin Zukanovic (Courtrai) contre le Club Bruges était imprégné de puissance et de précision. Un petit bijou qu’on doit apprécier comme s’il avait été façonné en Premier League ou en Bundesliga. Zulte Waregem a fêté les débuts de Thorgan Hazard et, au hasard d’une roulette, on a tout de suite reconnu le style maison. Il faudra suivre le frère d’ Eden avec attention : sa première prestation annonce de bons moments. Hernan Losada s’est promené avec l’élégance d’un mannequin lors du dernier quart d’heure face à une défense du Standard dépassée par les événements, désossée par Elimane Coulibaly, incapable de s’offrir les trois points et la deuxième place. Jelle Vossen, lui, n’a rien perdu de sa vivacité comme il l’a prouvé lors de Genk-Waasland Beveren en étant plus rapide qu’un Michael Clepkens par ailleurs excellent. Mais la palme de l’émotion revient à Dolly Menga du Lierse qui, au comble du bonheur, s’est jeté dans les bras de son père, Didier, après avoir égalisé contre Anderlecht. Ce moment-là tranchait par rapport à la bassesse d’ Antonio Ghomssi (Malines) et de Stijn Stijnen (Beerschot) qui font du karate, et non du foot. Ces « crapuleries » et les soucis du Top 5 ne doivent pas nous empêcher d’apprécier le sel de la D1…

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