Nenê chéri

Le renouveau du PSG pourrait presque se résumer à ce Brésilien au pied gauche dévastateur.

F rance Football a tranché : le magazine a placé Nenêdevant les Lucho, Gervinho, Michel Bastos ou Mamadou Niang pour le trophée de joueur étranger de l’année 2010. A 29 ans, certains font déjà de l’attaquant du PSG le successeur du Portugais Pauleta. D’autres, romantiques du PSG des années 90, le placent dans la continuité des réussites brésiliennes du club, les Valdo ou Rai.

14 buts avec Monaco lui avaient suffi pour séduire, l’été passé, un PSG en recherche d’attaquants susceptibles d’épauler Guillaume Hoarau. Et voilà qu’en six mois, il a remis cela avec treize buts. Le PSG, qui n’avait plus l’habitude de réaliser des bonnes pioches, applaudit.

En fait, Anderson Luis de Carvalho, surnommé de Nenê ( » petit garçon  » en portugais), connaît une éclosion tardive. La faute à une vie dissolue et à pas de chance.  » Il ne croyait pas en sa réussite « , explique l’ancien défenseur brésilien de Lyon, Marcelo.  » Je me souviens d’un joueur très léger, très tendre sur le plan physique. Même s’il était considéré comme l’un des bons joueurs brésiliens avec ce pied gauche assez terrible.  »

Il aura fallu attendre son passage dans le championnat français pour qu’enfin celui que Yoann Gourcuff a récemment qualifié  » d’ Hatem Ben Arfa brésilien  » ne trouve la reconnaissance. Et là encore, il a dû s’en remettre à deux fois. Arrivé en 2007 à Monaco, Nenê avait certes réussi à convaincre le public parsemé du stade Louis II. Sept buts, meilleur joueur de l’ASM et deuxième meilleur passeur du championnat mais une divergence de vues avec l’entraîneur de l’époque, Ricardo, pousse ses employeurs à se débarrasser de lui sous forme de prêt à l’Espanyol Barcelone.

A défaut de reconnaissance, Nenê espérait trouver dans la Liga un terrain propice à son épanouissement, lui qui avait déjà goûté à ce championnat avant son expérience française. Las, l’Espanyol n’arrivait pas à lever les 6 millions d’euros, le prix de l’option. Retour à la case départ monégasque en juillet 2009.  » Personne n’attendait plus grand-chose de lui « , explique Jean Petit, proche du staff de Monaco.  » C’est à peine si quelqu’un au club savait qu’il avait planté 4 buts en Espagne.  »

 » C’est un joueur de caractère, un râleur « 

Seul Guy Lacombe, nouvel entraîneur de l’ASM, fit le forcing pour le faire revenir et le plaça immédiatement dans le onze de base. Un début de championnat canon (sept buts en neuf matches) le propulsa en une des journaux.  » Ce n’est pas facile tous les jours car c’est un joueur de caractère, un râleur mais ce que j’ai vu de lui en Espagne m’a convaincu « , avait lancé Lacombe qui avait réussi à donner à Nenê ce qu’il lui manquait : la confiance.

Il lui restait juste le club adéquat pour changer de dimension. En juillet, il signe pour 5,5 millions d’euros au PSG. A l’époque, le transfert est reçu froidement. Le PSG a tellement connu de déconvenues ces dernières saisons que tout le monde se demande ce qui a poussé le nouvel artiste à opter pour la capitale, si ce ne ce sont les charmes de la vie nocturne.  » On l’avait mis en une mais on n’y croyait pas vraiment « , nous explique un journaliste du Parisien.

Pourtant, sous la houlette d’ Antoine Kombouaré, Nenê va mettre tout le monde d’accord au point d’incarner à lui seul le renouveau parisien. Gestes techniques appris lors de ses années futsal, dribbles chaloupés, buts d’anthologie, une patte gauche de toute beauté, Nenê éclate aux yeux de tous. Pas vraiment attaquant de pointe car toujours situé sur le côté gauche, pas vraiment médian car trop proche de l’attaquant, il fait partie des inclassables.

Sa réussite actuelle lui sert également d’exutoire, lui qui a connu bien des galères avant son exil français. Récemment, il a avoué avoir eu une adolescence difficile :  » A 18 ans, je prenais le mauvais chemin. Je buvais, je fumais, je sortais toute la nuit. Du coup, j’étais mauvais sur le terrain.  » Depuis lors, une rencontre avec Dieu et c’est l’abstinence. Deux semaines après, il était repris dans l’équipe A du Paulista FC, puis à 20 ans, il rejoignait pour une saison une autre équipe de Sao Paulo, Palmeiras. Après sa carrière s’apparenta à une succession de clubs. Un an à Santos où ses huit buts en 22 matches lui valent un exil en Espagne, dans l’anonymat des clubs de milieu de classement : une année à Majorque, deux à Alavés (dont la première en D2), une au Celta Vigo. C’était avant la France. OK, il aurait pu choisir un autre pays pour se faire un nom.

 » Dans le vestiaire de Monaco, on m’a expliqué le sens que pouvait avoir mon nom. Aujourd’hui au PSG, Christophe Jallet m’appelle Nichon ! « , a-t-il expliqué sérieusement au Journal du dimanche.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTO: REPORTERS

 » A 18 ans, je fumais, je buvais, je sortais toute la nuit. « 

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