Mini Mou a sauvé sa peau

André Villas Boas a ouvert le vieux casier de José Mourinho dans le vestiaire des coaches de Chelsea. Dans la trousse de secours pour successeurs en difficulté, AVB s’est précipité sur : « Comment gagner avec Chelsea ». Il a lu puis a déposé le temps d’une qualif son premier évangile : « Comment bien jouer et gagner ». Le Special Two se l’est joué Special One.

Par Frédéric Waseige

Tout commence par un échec pour AVB. Celui de n’avoir jamais été joueur de haut niveau. Ce sera donc le banc mais d’abord le palier. Celui de Bobby Robson. AVB habite le même immeuble que lui à Porto. Il campe devant sa porte pour parler foot avec lui. Robson est impressionné et le pistonne pour entrer à la très réputée école d’entraîneurs de Lilleshall. Problème, André n’a que 16 ans. Pas grave Bobby est Sir et surtout un grand pote de la grand-mère anglaise du petit. Il est accepté et parle parfaitement l’anglais car sa famille est partie, début du siècle dernier sur les Iles pour se lancer dans le commerce du vin.

L’ivresse du succès colle à cette famille et le pressé fait dans le précoce. Diplômé à 21 ans, il devient coach national quelques jours plus tard…des Iles Vierges britanniques. Balaise et culotté. « Je ne leur ai dit mon âge que le jour de mon départ ». Une sorte de fuite guidée par l’orgueil. C’était juste après une défaite 14-1 aux Bermudes. De quoi en perdre son short et son job. Nous sommes en 2002, les Iles Vierges ne joueront pas la Coupe du Monde mais André est dans le monde des grands. Il a 22 ans. Le culot encore et toujours.

Comme Mourinho, l’ex-traducteur de Robson désormais traduit dans toutes les langues, qui ose confier l’analyse de ses adversaires à un gamin. Ils travailleront ensemble à Porto, Chelsea et l’Inter. A Chelsea, quand Mou le présente à son président, il dit : « Voici mes oreilles et mes yeux ». Son premier rapport met tout le monde d’accord. Chaque joueur reçoit un DVD avec toutes les forces et faiblesses de son adversaire direct. C’est net, précis et pertinent. Il est heureux et s’y voit déjà. Il se la joue un peu trop et paraît qu’il est pire que le boss dans la provoc.

C’est lui qui a cafté en 2005 lors de ce fameux Barça-Chelsea. Frank Rijkaard aurait parlé longuement avec l’arbitre Anders Frisk à la mi-temps. C’est Mourinho qui sera suspendu pour avoir accusé…

AVB veut s’émanciper et part comme un grand à Coimbra qu’il sauve. C’est parti. Un an plus tard, il réalise le triplé avec Porto. Comme un certain Mourinho. Bon ce n’est que l’Europa League, mais pas mal. Il devient même le plus jeune coach à gagner une coupe d’Europe. 95 jours plus jeune qu’un certain Gianluca Vialli qui, en 97, gagnait l’UEFA avec… Chelsea.

Venu à Stamford Bridge pour faire la transition entre l’ancien et le nouveau régime, c’est AVB qui a failli transiter. Puis, le temps d’une qualif, il a fait du Mourinho. Chose qu’il déteste : « Je ne veux pas lui ressembler. Je ne suis pas un dictateur. Je ne vois pas le foot comme un sport tactique mais comme un sport d’hommes qui ont du talent. »

Ah oui ? La saison dernière, il survole le championnat portugais mais récolte 77 cartes jaunes. Incroyable. Lui prend même deux rouges. Comme par hasard lors de deux des trois matches que son équipe n’a pas gagnés. Y a comme un manque de panache, de maîtrise. Y a du Mou en lui mais il n’a pas encore connu l’adversité. Il la découvre dans la cour des grands. Mini Mou joue les durs mais n’a pas encore la peau dure. Pas encore le sens de la formule, le culot démoniaque de José. Pas encore le côté sombre de la force. Ça viendra…

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