MICHEL D’HOOGHE

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Michel D’Hooghe, ancien président de l’Union Belge et du Club Bruges, est toujours président de la commission médicale de la FIFA.

1 Vous sentez déjà souffler un vent nouveau sur la FIFA ? Et la Coupe du Monde à 48 équipes, vous en pensez quoi ? Quels pays seront capables d’héberger autant de délégations ?

Oui, il y a clairement un vent nouveau. Ça se sent dès qu’on pénètre dans le bâtiment de la FIFA, dès qu’on commence une réunion. Le contraire serait étonnant puisque les personnes ont changé, puisqu’on a maintenant des gens plus jeunes pour diriger la FIFA. Je pourrais déjà citer plein de changements, au niveau logistique, agenda, commissions, etc. Par exemple, il y avait une vingtaine de commissions, le nombre a été ramené à neuf. Le comité exécutif a été remplacé par un conseil où les représentants africains et asiatiques sont plus nombreux. Chaque confédération a aussi une femme dans le conseil, c’était un voeu de la nouvelle direction. Une façon de promouvoir encore plus le foot féminin. Quant à la Coupe du Monde à 48, j’avais émis une objection : si ça augmentait le nombre de matches, il y avait danger. On en a tenu compte. Les finalistes ne joueront pas plus de matches que dans le format actuel. Passer à 48, ça me semblait logique. En 1982, il y avait 24 pays au Mondial, pour 109 associations nationales à la FIFA. Aujourd’hui, le nombre d’associations a presque doublé. Ce n’est donc pas illogique de doubler le nombre de participants à la Coupe du Monde. Et je ne me fais pas de souci pour l’organisation pratique. La FIFA accepte à nouveau les candidatures communes, tout ne devra donc pas reposer sur les épaules d’un seul pays. Une candidature à trois, avec le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, c’est tout à fait envisageable.

2 Avant la Coupe du Monde à 48, il y aura l’EURO 2020, et plus le temps passe, moins on a l’impression qu’il y aura un nouveau stade à Bruxelles, donc ce serait sans nous. Ou pas ?

Joker ! Je n’ai plus de fonction officielle dans le football belge depuis 2009 et je ne connais pas tous les détails du dossier, donc je préfère m’abstenir sur le sujet.

3 Faire un stage sur des billards et sous le soleil, puis reprendre le championnat dans le froid et sur des terrains gelés, c’est plus raisonnable, ça ?

Oui. Repasser sur des terrains gelés peut poser des problèmes, mais au moins, nos clubs ont l’occasion de travailler quelques jours dans des conditions idéales. Pour moi, les stages à l’étranger comporteront toujours plus d’avantages que d’inconvénients.

4 La trêve a été très courte chez nous. D’un point de vue médical, est-ce bien raisonnable ?

D’un point de vue médical, c’est bien de donner du temps de récupération aux footballeurs. Arrêter trois semaines, pour les organismes, c’est l’idéal. Maintenant, on dépendra toujours des conditions climatiques. Je me souviens d’une époque où on stoppait le championnat de fin décembre à mi-février, puis il neigeait en mars et on ne savait pas jouer. Il y a aussi des pays où l’aspect économique prend le dessus. Au lieu de laisser souffler les joueurs, on leur impose de faire des matches d’exhibition n’importe où. On exagère vraiment, gravement. Quand j’étais le médecin du Club Bruges, la norme était de jouer une petite quarantaine de matches par saison. Maintenant, il y a des joueurs qui font 80, même 90 matches. Ce n’est pas du tout raisonnable. On voit de plus en plus de lésions de surcharge mais, plus grave encore, des lésions à long terme. Pour en revenir à la trêve, si je regarde pas très loin de chez nous, du côté de l’Allemagne, je vois que là-bas, ils arrivent à programmer une longue trêve. Et les Allemands ne sont pas les plus bêtes, quand même ? Si c’est possible chez eux, pourquoi ça ne peut pas se faire ailleurs ?

5 Les matches de Coupe de la semaine passée dans des stades à trois quarts vides et les matches de championnat du week-end dernier dans le froid, ce n’est pas le meilleur plaidoyer pour que le foot devienne enfin un sport d’été ?

Il faut clairement revoir le calendrier de la Coupe de Belgique. Pourquoi jouer en janvier alors qu’on sait que les conditions climatiques risquent fort d’être délicates ? Et si vous me parlez du foot en tant que sport estival, vous ne faites que prêcher un convaincu ! Je dis depuis longtemps que la notion de football comme sport d’hiver, c’est dépassé. Ce sport doit se pratiquer dans les meilleures conditions, pour les joueurs comme pour les spectateurs, point à la ligne.

PIERRE DANVOYE

 » La notion de football comme sport d’hiver, c’est dépassé.  » MICHEL D’HOOGHE

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