» Masopust, un Ballon d’Or en Belgique « 

Pierre Bilic

 » Et si le Brussels engageait Lionel Messi ? C’est une question bizarre et on n’imagine pas, même dans ses rêves les plus fous, que Johan Vermeersch puisse approcher l’étoile argentine pour lui proposer de venir jouer au stade Edmond Machtens. Le président Fosset, du Crossing de… Molenbeek, a osé se lancer dans une telle aventure. En 1968, son club était en D2 quand il signa un gros coup en engageant un Ballon d’Or, le seul n’ayant jamais évolué en Belgique : Josef Masopust. Le milieu de terrain tchèque du Dukla Prague avait entre autres marqué un but lors de la finale de Coupe du Monde 62 contre le Brésil au Chili (1-3). Il décrocha son Ballon d’Or en 1962, devant Eusebio de Benfica et Karl-Heinz Schnellinger de Cologne, excusez du peu. Masopust était l’ Enzo Scifo des années 60 et il régnait sur son équipe, organisait le jeu, percutait, etc.

Au stade de la Rue de Normandie, il n’était pas rare d’avoir des assistances de 8.000 spectateurs. Ce club défraya la chronique au cours de ces années-là quand plusieurs de ses joueurs furent impliqués dans une terrible collision frontale sur le viaduc qui reliait la Place Rogier à la Basilique de Koekelberg. L’équipe fut décimée et ce fut la fin de la carrière de Jean Craps. Fosset ne se découragea pas et ce commerçant qui fit fortune dans la confection et les imperméables, si je me souviens bien, adorait les anciennes gloires. Je me souviens de Paul Vandenberg (ex-Union Saint-Gilloise, Standard, Anderlecht), et de Rik Coppens, un des plus grands talents du foot belge. L’Anversois drainait du monde au Sippelberg où jouèrent pas mal d’ex-Mauves : Jacques Culot, Bizzi Konter, Erumba…

Quand Fosset mit la main sur Masopust, ce fut l’étonnement général. Comment s’y était-il pris en juin 68, peu après le sanglant Printemps de Prague ? En réalité, cette star avait probablement obtenu son visa de sortie pour services rendus durant tant d’années à son club et au football de son pays. A l’époque, il y avait régulièrement trois ou quatre clubs bruxellois en D1 : Anderlecht, Union, Daring, Racing-White. Il fallait se distinguer car la concurrence était évidemment sévère dans la capitale. Arrivé à l’âge de 37 ans, en droite ligne de Prague, Masopust propulsa son club de D2 en D1. Le Crossing s’installa au Parc Josaphat après sa fusion avec le RCS de Schaerbeek. Masopust brilla un an en D1 avant de rentrer chez lui. Ce séducteur revint plus tard en Belgique et fut même coach de Hasselt durant quatre ans, de 1980 à 84. A mon avis, il restera pour l’éternité le seul Ballon d’Or recruté par un club belge. « 

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

PIERRE BILIC

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