John Baete

Marre des coups de Bakou

A un moment ou un autre, si les résultats des Diables continuent d’être décevants, les joueurs vont se retourner contre leur entraîneur.

Par John BAETEPour l’instant, ce n’est pas le cas. Ils admettent plutôt ne pas avoir toujours été à la hauteur et d’avoir commis des erreurs sur le terrain. A Bakou, vendredi passé, mais aussi depuis le début de la campagne pour l’Euro 2012. Le capitaine Vincent Kompany a calculé qu’on a bêtement encaissé cinq buts qui ont coûté beaucoup de points. Mais bon, si c’est honnête de reconnaître ses erreurs, ce n’est pas très difficile non plus. Et le problème, c’est que les leçons ne portent pas. A chaque match sa floche.

Et cet entraîneur qui ne leur met pas une pression d’enfer non plus… Si l’un d’eux fait une grosse bêtise, comme Eden Hazard, Georges Leekens passe l’éponge. Du jamais vu. Quand ils sont fatigués (comme après l’Azerbaïdjan) et qu’ils demandent un jour de congé, le coach annule l’entraînement du dimanche ! Même s’il vient de déclarer que ses joueurs n’ont pas l’instinct du tueur, ils préservent leur dimanche. Comme si les Diables n’avaient pas besoin de travailler leurs automatismes et leur tactique à l’avant-veille d’un match amical contre les Etats-Unis. Il pense sans doute que cette faveur, il va pouvoir la réclamer plus tard des joueurs en termes de confiance et d’engagement…

La légendaire sévérité de Leekens s’est évaporée. Mac The Knife s’est drôlement ramolli. Pourtant, il semble en pleine forme. Il est sans doute simplement dépassé par les événements. Décidément pas à la hauteur de ce que le public attend d’une équipe aussi prometteuse en talents, provenant tous de clubs aux noms de plus en plus ronflants.

Et quand on l’affronte en direct dans une émission de radio sur l’aspect du jeu, demandant ses explications sur le manque évident de complémentarité, de construction et de création de vraies occasions de but, il laisse tomber : « Sur le plan international, on ne se crée pas cinq occasions par match ! » Contre l’Azerbaïdjan aussi ? Quant au fait d’utiliser des arrières centraux sur les flancs, il dit que ça existe aussi dans d’autres équipes nationales. Mais quel coach réputé internationalement accepterait une aussi pauvre relance que celle d’ Alderweireld ou la nonchalance de Lombaerts ?

Visiblement, Leekens est le premier à se pâmer devant ses joueurs-stars. Il les admire alors qu’il devrait resserrer leur jeu et proposer un style pour qu’ils prestent à leur niveau. On peut aussi lui reprocher de ne pas estimer le vrai degré de forme de chacun. Un coach ne peut pas permettre à un gars qui n’est pas à 100 % de jouer avec les Diables comme Vertonghen, complètement passé à côté de son match contre la Turquie, ou Lukaku à Bakou.

Ah, Leekens ! Toujours prêt à noyer le poisson et créer un rideau de fumée, il est décrit par certains comme un roi de la com’. Toujours accessible, toujours sympa. Il faut arrêter de rire, on n’attend qu’une chose de lui : des résultats avec les Diables. Et quand on lui demande de but-en-blanc pourquoi il ne les obtient pas, il change de registre. « Je ne fais pas dans le communautaire, moi ! » Comme si tous les Flamands le trouvaient excellent ! « Ceux qui me critiquent sont des supporters d’Anderlecht frustrés du fait que je n’ai pas signé là-bas comme coach. » Ah bon ? A court d’argument, il demande: « Au départ, quand on m’a demandé de m’occuper des Diables, j’ai quand même bien vendu mon produit ? » Vendu ? Produit ?

Finalement, il n’y a qu’un point sur lequel on le rejoint : il faudra de la patience pour que cette génération de Diables fasse des résultats. Le tout est de savoir si c’est Leekens qui les sortira de cette grande désillusion.

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