MARCEL VAN LANGENHOVE

Un officiel qui a un stade à son nom, ce n’est pas vraiment courant. En Azerbaïdjan, cet honneur échoit à TofikBakramov, le juge de ligne qui, lors de la finale de la Coupe du Monde 1966 entre l’Angleterre et l’Allemagne, valida le but douteux de GeoffHurst. Vous savez, cette fameuse balle du 3-2 dont on se demande toujours aujourd’hui, près d’un demi-siècle plus tard, si elle avait bel et bien franchi la ligne fatidique après avoir heurté la transversale.

Chez nous, c’est l’enceinte communale de Wemmel qui porte le nom de l’ancien arbitre international MarcelVanLangenhove, ex-bourgmestre aussi, par ailleurs, de cette commune à facilités du nord de Bruxelles. Football et politique auront été deux des fils rouges de la vie de ce jeune septuagénaire (né le 16 avril 1944). Le troisième étant, de façon plus surprenante, sans doute, les délicatesses !

 » Pendant plus de 30 ans, mon épouse Janine et moi avons exploité un commerce de denrées alimentaires à Wemmel « , dit-il.  » Nous étions plus particulièrement spécialisés en fromages et primeurs. En 2000, lorsque j’ai été nommé bourgmestre de la commune, nous avons de concert renoncé à cette activité. Au lieu de parler météo ou de considérations terre-à-terre, les clients bifurquaient alors vers d’autres thèmes, comme des questions de voisinage, voire de tapage nocturne.

Il m’était difficile de me prononcer, dans ces conditions, qui plus est devant des personnes étrangères au débat, car le magasin ne désemplissait jamais. J’ai alors préféré me consacrer à fond, dès ce moment, à la politique locale, avec laquelle je m’étais familiarisé dès 1988, en tant qu’Echevin des Sports. Un poste que j’occupe d’ailleurs toujours à l’heure actuelle, puisque je l’ai récupéré après 9 ans de maïorat. C’est durant cette période que le Conseil communal m’a fait l’honneur de baptiser les infrastructures sportives locales à mon nom.  »

Il est vrai que notre homme l’a bien mérité. Ancien médian à l’AS Auderghem, dans les années 60, l’ami Marcel eut tôt fait de réaliser que sa carrière footballistique n’atteindrait jamais de réels sommets. Comme joueur car en qualité d’arbitre, fonction qu’il exerçait à l’athénée d’Etterbeek lors de compétitions interscolaires, il ne manquait manifestement pas de qualités. Au point de taper dans l’oeil du referee JefHannay, qui officiait en D1 à l’époque.

 » J’ai très vite brûlé les étapes puisque j’ai arbitré en séries promotionnaires dès 1968 avant de me retrouver en D1 en 1974, à 30 ans à peine. Je me souviens encore comme si c’était hier de mon premier match à ce niveau : un certain Waregem-Berchem. A partir de là, tout est allé crescendo : débuts internationaux en 1976, à la faveur d’un Autriche-Pologne, Mondiaux des U20 au Japon, en 1979 et, dix ans plus tard, en Arabie Saoudite. Le clou, pour moi, aurait dû être la Coupe du Monde 1990. Je n’y ai cependant dirigé qu’un seul match, en tout et pour tout : Irlande du Nord-Egypte, à Palerme.  »

En cause : la tempête médiatique provoquée deux mois plus tôt, le 18 avril pour être précis, par un but inscrit de la main par l’Angolais Vata, lors de la demi-finale retour de la CE1 entre Benfica et l’Olympique de Marseille. Un goal qui valut aux Portugais de pouvoir en découdre avec l’AC Milan en apothéose de l’épreuve.

 » Sans cet épisode, où BernardTapie, alors président du club français, a dit pis que pendre à mon propos, j’aurais sans doute eu droit, en Italie, à une tout autre sortie. Je me console cependant en me disant que si j’avais été réellement aussi mauvais, jamais je n’aurais été désigné arbitre de l’année huit fois de rang, comme ce fut le cas de 1984 jusqu’à mon dernier coup de sifflet, en 1991.  »

Le monde de l’arbitrage, notre interlocuteur ne l’a jamais vraiment quitté. Après avoir fait partie de la CCA (Commission Centrale des Arbitres), il a effectivement repris, voici une quinzaine d’années, le poste de RaymondDeDeken, comme accompagnateur des referees à Anderlecht.  » Arbitre un jour, arbitre toujours « , sourit-il…

PAR BRUNO GOVERS

 » La main de Vata a plombé mon Mondial 1990.  »

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