Maldini, Ballon d’Or !

Va savoir pourquoi, en plongeant dans mon divan pour regarder Milan-Liverpool, j’ai été submergé par un sentiment de routine, du genre  » Quand faut y aller, faut y aller !  » Pourquoi me suis-je un peu senti ridicule et las, en réalisant soudain que je n’avais loupé aucune finale de Coupe des Champions depuis plus de QUARANTE années, ma première remontant à 1963, du temps où Margot la voisine avait déjà la télé… C’était justement le premier sacre de l’AC Milan, qu’on nomme à présent Milan AC de plus en plus souvent, j’ignore pourquoi, c’est bête comme si l’on se mettait demain à dire 04 Schalke ou Madrid Real ! D’alors, outre Cesare Maldini, Giovanni Trapattoni et déjà Gianni Rivera, le seul nom (sans prénom) dont je me souvienne est curieusement celui de Mora l’ailier gauche, qui n’a jamais été une star : mais en 1963, nous mangions les frites de maman avec la moutarde Amora, ce n’était pas encore la mode de la mayonnaise, encore moins celle de la sauce samouraï !

Revenons en 2007 mais restons dans les marques, Bwin a donc battu Carlsberg en finale, si j’en crois ce que laissaient lire les vareuses des protagonistes : une marque de bière pour des Anglais qui ont la bibine footeuse souvent généreuse, une marque de paris en ligne pour des Italiens dans la foulée du scandale des matches truqués du Calcio, on peut difficilement faire mieux question caricature… Et profitons-en pour rappeler que, si les sanctions originelles pour punir ce scandale avaient été maintenues, Milan (dans un premier temps redescendu en milieu de classement 2005/06, suite à une pénalité en points ôtés) n’aurait pas été en droit de disputer cette Ligue des Champions 2006/07 : on ne va pas aller jusqu’à prétendre que le crime paie, on ne prétendra pas non plus que c’est ici la victoire de la candeur incarnée… Faut dire qu’il y a autant de candeur dans le foot pro que de compréhension pour les décisions de Frankie Vercauteren dans les yeux d’ Ahmed Hassan lorsqu’il n’est pas titulaire.

Le match lui-même ? Oubliable ! De même qu’il y a en montagne des sommets pelés, il y a en football des sommets pelants. C’en fut un. Quand un coach attentiste ( Peter Crouch sur le banc) rencontre un coach attentiste (Un Pippo Inzaghi et un demi Kaka devant le ballon, neuf gars et demi derrière lui), ils se racontent des histoires qui traînent en longueur. Et le plus rôdé à jouer les couillons gagne le plus souvent, c’est ce qui s’est passé, même si NelsonDida fut (un peu) plus sollicité que Pepe Reina. Pippo a ajouté à son bête but involontaire un joli but de filou finaud, on pouvait tirer le rideau : d’autant qu’en face, Steven Gerrard était dans une configuration je-frappe-mou-et-obstinément

Mais le merveilleux de l’affaire, car il y en a un, c’est que Paolo Maldini remporte ainsi sa cinquième C1, DIX-SEPT ans après sa première ! Chapeau bas jusqu’au sous-sol, la longévité est l’exact inverse du coup de bol, rien n’est plus impressionnant en sport, a fortiori quand cette longévité est victorieuse ! Sur des laps bien plus courts, seuls deux footballeurs en ont fait autant en C1, un seul autre a fait mieux, je vous laisse les rechercher (*) ! D’ores et déjà, pour son long palmarès mais aussi pour sa fidélité de plus de 20 ans à un seul club, Maldini mérite plus que nul autre le Ballon d’Or 2007 de France Football ! Il a la chance que sa victoire tombe une année impaire, sans phase finale de ces compétitions entre pays qui influencent tant les choix des votants. Vous me direz que c’était déjà très long et très joli quand l’AC Milan et lui l’ont emporté en 2003, mais que ça n’a pas empêché les votes de désigner Pavel Nedved… Vous me direz qu’il y a un autre obstacle, c’est que Fabio Cannavaro, dernier vainqueur en 2006, était déjà Italien et déjà défenseur en même temps qu’il fut fort controversé… Vous ajouterez peut-être que les deux gars qui ont crevé en 2007 les écrans du football offensif furent sans conteste Kaka et Cristiano Ronaldo

M’en fiche, veux rien entendre, veux que Maldini soit enfin ballondorisé ! Et qu’il donne un p’tit boquet du ballon à Alessandro Costacurta qui fut durant ces 20 mêmes années son pote/équipier milanais ! Michel Dubois de la DH, toi qui es le votant belge, pas de blague, hein ? Et pour être plus sûr de mon coup, je te demanderai même de ne pas placer Kaka et Ronaldo sur ton bulletin à cinq noms ! Okay ? Merci d’avance, Michel.

(*) Les Madrilènes Alfredo Di Stefano et José Maria Zarraga (1956 à 1960), et Francisco Gento (idem + 1966)

par bernard jeunejean

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