Mainz est vraiment une équipe de oufs

L’incroyable Mainz méritait bien de revenir en deuxième semaine. Le fait qu’il ait perdu ce dimanche n’enlève rien à ce constat. Son mentor Thomas Tuchel reste le King du moment. Son Mainz des deux premiers mois de compétition est l’application parfaite de l’ABC du foot. C’est l’application de ce que 90 % des coaches demandent à leurs joueurs mais que seulement 10 % reçoivent en retour.

Pressing tout terrain, présence devant, présence derrière, présence dans les duels, efficacité devant les buts. Le pressing très haut oblige les défenseurs adverses à jouer long, empêche les milieux de s’appliquer, de choisir la meilleure solution. Leur transition entre le jeu avec et sans ballon est impressionnante. Ça va très vite devant. Ça revient très vite derrière.

C’est sa grande force. Cette équipe est fulgurante en possession de balle et gluante quand elle la perd. Elle vous colle aux studs. Ça sprinte tout le temps. Ce jeu demande une condition physique impeccable. Ils l’ont. Vu qu’ils n’ont pas l’obligation de gérer l’Europe, les phases de récupération et de réparation sont idéales.

Cette machine à gagner est en quête perpétuelle de déstabilisation. Ça marche ! Du coup on est très stable dans les têtes. Du coup, les options à risque prises par le coach marchent aussi. Exemple : il change son équipe toutes les semaines. Tout le monde se sent concerné. Pas le temps d’être frustré sur le banc, pas le temps de se reposer sur le terrain. Contre Brême, il lance pour la première fois Marcel Risse. Résultat : un but, un assist et trois points. La tournante est intéressante quand elle est gagnante. Imaginez qu’il n’y ait pas de résultat, on dira :  » Mais comment voulez vous créer une cohésion, un collectif si l’équipe change tout le temps ? »

Même les phases arrêtées, ils les jouent très vite. Pas le temps pour l’adversaire de se repositionner. Ce foot terriblement exigeant peut-il durer tout un championnat ? Quid si, émoussés physiquement, la réussite les fuit ? Quid si l’erreur individuelle se paye cash comme le week-end dernier?

Même avec les mains, ils ont la solution. Christian Fuchs, leur puissant Autrichien, fait des rentrées en touche de 50 mètres. Avec les pieds, ses coups francs sont surpuissants. Parlons un peu de cette bande de ouf. Fuchs justement a un python royal pour animal de compagnie. Si, Si. Tout un symbole. Mainz étouffe ses adversaires avant de mordre là où ça fait mal. Le rêve de Fuchs ? Marquer sur corner direct. Son coach l’autorise à essayer.

Bo Svensson redevient international danois après quatre ans de disette, sa réaction :  » Cela tombe vraiment mal, je viens d’être père pour la troisième fois, j’aurais voulu passer du temps chez moi.  » Morten Olsen, son coach national, a fait semblant de ne pas entendre.

André Schürrle a déjà signé à Leverkussen pour la saison prochaine mais est le premier à s’arracher. Et quand Tuchel emprunte Lewis Holtby à Schalke, la location tourne à la révélation : Schalke sombre, Mainz surfe sur la vague.

Tuchel est surnommé : Master Mind, l’homme qui a toujours un coup d’avance sur les autres. En tout cas, il a parfaitement choisi ses pions. Il n’est pas encore pollué par les réseaux. Il fait son marché là où il le veut. Il pense d’abord, et avant tout, à enrichir… son effectif. Cinq transferts cet été, quatre viennent des divisions inférieures, un seul de Bundesliga. Tous le lui rendent bien.

Toujours sur le fil du rasoir, tu te coupes ou tu tailles l’adversaire. Pour l’instant les costards de ses victimes sont taillés sur mesure. Son sourire angélique cache mal un appétit d’ogre. Son seul problème, il ne boit jamais une goutte d’alcool. On lui pardonne… même si Mayence est entourée de vignobles. Son ivresse, il la tire de ses résultats. L’alcool, il s’y mettra quand il ne gagnera plus.

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

par frÉdÉric waseige – journaliste be/tv

 » Le football est un jeu simple, le plus difficile c’est de faire qu’il le paraisse.  » Ron Greenwood

« Symbolique d’une équipe qui étouffe : Fuchs a un python royal chez lui ! »

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