Arie Haan est un des footballeurs étrangers les plus intelligents à avoir évolué dans notre championnat. Un Néerlandais doté d’audace et de flair mais surtout d’une grande vision et d’une profonde lecture du jeu. Durant sa riche carrière active, il a gagné huit titres et cinq coupes d’Europe. Quand un entraîneur avait dispensé sa tactique, il n’hésitait pas à aller au tableau pour expliquer comment jouer. On prédisait à Arie Haan, qui fêtera ses 67 ans lundi prochain, une grande carrière d’entraîneur. En vain.
Haan, expert en communication, avait une explication toute trouvée : la complexité du métier de coach. L’ancien enseignant expliquait que la seule connaissance du football ne suffisait plus. Il fallait également être psychologue, maître ès relations publiques, pédagogue et tacticien, dur tout en sachant être diplomate quand il le fallait. Il ajoutait qu’il fallait être beau parleur, convaincant et se vendre à l’extérieur.
Les entraîneurs, disait-il, n’étaient plus jugés sur l’essence de leur travail. Il faut écouter ce qu’on raconte, savoir ce que pensent les autres, ce qu’un tel raconte à un autre. Pour tout cela, il comparait la vie d’un club de football à une pièce de théâtre. Il fallait tenter de conserver la régie. Quand on ignore dans quelle pièce on joue, on n’a pas la moindre chance de réussite.
Y a-t-il un entraîneur qui sache mieux ce qui se trame dans son club que Hein Vanhaezebrouck ? Le Flandrien a acquis le statut d’un demi-dieu en un rien de temps à Gand. Une défaite contre le Sporting Charleroi n’y change rien. Vanhaezebrouck décide de tout. C’est une façon de parler mais ses joueurs savent à quel emplacement parquer leur voiture quand ils arrivent à l’entraînement.
Y a-t-il un entraîneur qui personnifie mieux que lui les caractéristiques énoncées par Arie Haan ? Gand est l’équipe 2015 sur l’ensemble de l’année calendaire, comme le surprenant KV Ostende au cours du premier volet de l’actuelle compétition.
Ça paraît simple mais ça ne l’est pas : savoir en fonction de quel objectif on s’entraîne, avec une philosophie claire. Depuis des années, c’est la marque de fabrique de Vanhaezebrouck. Et d’Yves Vanderhaeghe, son ancien adjoint à Courtrai. L’été dernier, devenu entraîneur d’Ostende, il a déclaré qu’il allait retirer davantage du noyau. En balayer le sentiment de confort, placer la barre plus haut, mettre fin au statut d’intouchables de certains.
Cela paraissait bien ambitieux dans la bouche d’un homme qui n’était entraîneur principal que depuis un an. Vanderhaeghe a pourtant réussi. Il dispose d’une équipe très équilibrée, qui a l’art d’opérer une transition très rapide. Surtout, il essaie, dans la mesure du possible, de jouer vers l’avant. Il prône aussi l’unité. Ostende ne marque pas à partir d’éclairs de génie mais de combinaisons.
Cela offre à ces deux formations la stabilité sportive dont sont privés les grands clubs traditionnels. Le Club Bruges continue à tâtonner, joue sans inspiration et semble regarder davantage en arrière qu’en avant. Anderlecht a parfois des sursauts mais retombe dans ses errances, comme l’atteste son entame de match à Sclessin face à un Standard qui peut maintenant s’appuyer sur cette victoire pour se redresser.
Le RC Genk alterne les hauts et des bas. Les Limbourgeois ont gagné 5 points sur 24 en déplacement, soit aussi peu qu’OH Louvain. Seul le FC Malines, très terne cette saison, fait encore pire avec 2 sur 24.
Les chiffres entraînent des conclusions surprenantes. Après Anderlecht, c’est Courtrai qui a la meilleure défense mais a besoin de schémas offensifs : il marque encore moins que Westerlo. Les trois derniers du classement, Mouscron-Péruwelz, OHL et Westerlo, trouvent d’ailleurs plus souvent le chemin des filets en déplacement qu’à domicile.
Par moments, Mouscron-Péruwelz développe un beau football. C’est le résultat du bon travail de Cedomir Janevski, en quête de reconnaissance depuis des années. Dire qu’il travaille avec 36 joueurs issus de 18 nations… En 2007, Janevski a offert la Coupe au Club Bruges, même si, en championnat, son jeu n’était pas brillant. Il a dû céder sa place à Jacky Mathijssen, qui était alors considéré comme l’étoile montante des entraîneurs belges.
Tout peut changer très vite dans ce monde. La preuve, Mathijssen se retrouve dans le marécage de la zone rouge avec Louvain.
PAR JACQUES SYS
Vanhaezebrouck décide de tout à Gand.
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