Loïs Openda, le nouveau fer de Lens

Il n’a joué que 25 minutes lors des deux rencontres de Ligue des Nations disputées par la Belgique, mais à Lens, Loïs Openda fait déjà l’unanimité. Retour sur une adaptation à la vitesse de l’éclair chez les Sang et Or du transfert le plus cher de l’histoire

Jamais dans son histoire, le RC Lens n’avait mis autant d’argent pour recruter un joueur. Qui plus est pour un élement évoluant dans un championnat qui n’appartient pas aux cinq grands du continent. Seko Fofana, la recrue la plus chère jusqu’à cet été, était venue d’Udinese et avait coûté 8,5 millions d’euros aux Sang et Or. Il s’est largement avéré être un placement judicieux. Les Nordistes espèrent en faire de même avec Loïs Openda, pour lequel ils ont signé un chèque de quasiment 10 millions d’euros au FC Bruges. Il appartenait encore aux champions de Belgique malgré deux années en prêt du côté de Vitesse Arnhem. A titre de comparaison, c’est la moitié de la somme reçue par le PSG pour se séparer d’Arnaud Kalimuendo, désormais coéquipier d’Arthur Theate et Jérémy Doku au Stade Rennais. Cet attaquant restait sur deux belles saisons au stade Félix Bollaert où il avait été loué par les Parisiens. Il avait surtout réussi à se faire une réelle place dans le coeur des chaleureux supporters sang et or.

Il n’apparaissait pas facile de prendre la place d’un homme qui a trouvé le chemin des filets à 21 reprises en 65 apparitions sous le maillot du Racing. Kalimuendo a aussi délivré six passes décisives pendant ce laps de temps. C’est surtout lors du dernier exercice qu’il avait été le plus performant avec 13 buts en 35 rencontres, toutes compétitions confondues.

Les deux joueurs présentent un profil similaire, eux qui toisent le mètre 75. Ils apportent principalement de la vitesse et de la profondeur et surtout un certain sens du but, ce que les défenses d’Eredivisie ont pu constater au cours des mois derniers puisqu’Openda les a trompés à 19 reprises en 37 apparitions. Mais on le sait, la compétition d’outre-Moerdijk est beaucoup plus favorable aux éléments offensifs. On a déjà vu de nombreux joueurs performants aux Pays-Bas éprouver plus de difficultés dans des championnats où le jeu est plus fermé. L’exemple le plus absurde reste celui de Björn Vleminckx, meilleur artificier d’Eredivisie en 2011 avec 23 réalisations, alors qu’il n’a dépassé qu’une seule autre fois la barre des 10 pions dans sa carrière, lors de sa première saison au FC Malines en 2006-07. Pour la petite histoire, il devançait d’ailleurs un certain Dmitry Bulykin, auteur de 21 buts avec ADO La Haye, alors qu’il restait sur un passage raté à Anderlecht avec seulement trois réalisations en 10 sorties sous le maillot mauve.

En Ligue 1, Loïs Openda a notamment retrouvé le Stade Rennais de son compatriote Arthur Theate. Un club contre lequel il a d’ailleurs marqué. (Photo by Matthieu Mirville/DeFodi Images via Getty Images)

La Ligue 1 pour progresser contre des défenseurs plus solides

Openda est d’ailleurs bien conscient de ce problème et l’expliquait d’ailleurs à Onze Mondial au moment de revenir sur son choix d’enfiler le maillot lensois. « J’ai beaucoup suivi votre Championnat. Il y a de grandes stars. On peut s’y montrer. Et c’est beaucoup plus difficile qu’au Pays-Bas et qu’en Belgique. Pour devenir un meilleur joueur, je devais venir en France », estimait le Diable rouge qui ne voulait pas non plus débarquer dans une équipe où il aurait eu du mal à se mettre en évidence à cause du style de jeu. « Lens évolue dans un système qui me convient. J’ai longuement parlé au coach Franck Haise par téléphone avant de m’engager. J’ai beaucoup échangé avec Florent Ghisolfi (le coordinateur sportif). Ils m’ont donné cette confiance dont chaque joueur a besoin », détaillait Openda qui a aussi demandé à ses nouveaux partenaires diaboliques de leur donner un avis sur le club nordiste. « J’en ai discuté avec Eden et Thorgan Hazard. Eden (ex-Lillois) m’a chambré sur mon choix. Mais il m’a dit que c’était une très belle équipe (7e de Ligue 1 l’an passé). Il m’a parlé de l’ambiance de Félix Bollaert aussi. Thorgan a fait ses classes à Lens. Et Thierry Henry m’a confirmé les intentions de jeu. » De quoi définitivement convaincre Loïs Openda qu’il avait raison de rejoindre le club qui avait forgé la légende de Tony Vairelles, l’ancien international français passé jadis par le Lierse et qui était devenu champion de France en 1998 grâce aux potions magiques du « Druide » Daniel Leclercq, qui prendra en charge, avec moins de succès, la destinée de La Louvière en 2001.

Le choix de recruter Loïs Openda s’inscrit dans une politique sportive que Lens a dû mettre en place pour rivaliser avec les meilleures équipes françaises. Malgré leur glorieux passé, les Nordistes ont longtemps connu le purgatoire de la Ligue 1 et comptaient même un certain Guillaume Gillet dans leurs rangs entre 2018 et 2020. Le flair de la cellule sportive permet de recruter de bons joueurs à moindre coût et de les revendre très cher par la suite, tout en obtenant des résultats sportifs. Les Sang et Or, septièmes du dernier exercice dans le championnat de France, se sont par exemple offert le scalp du voisin Lillois, pourtant plus riche et qui pouvait s’appuyer sur les revenus de la Ligue des Champions.

Cet été, Lens a aussi battu des records avec ses transferts sortants. Cheickou Doucouré a cédé aux sirènes anglaises de Crystal Palace pour 22,5 millions d’euros et est devenu le joueur vendu le plus cher de l’histoire de la formation nordiste. Jonathan Clauss, l’infatigable milieu de terrain devenu international français, a enrichi les caisses lensoises de 7,5 millions d’euros en s’envolant vers l’OM. Par le passé, Le Racing avait déjà bien vendu certains de ses éléments puisqu’ El Hadj Diouf avait été cédé à Liverpool pour 15 millions et un jeune espoir répondant au nom de Raphaël Varane avait pris la direction du Real Madrid en échange de 11 millions d’euros.

Joe Rodon, l’international gallois, avait fait connaissance avec Loïs Openda lors de la victoire lensoise sur Rennes . (Photo by Catherine Steenkeste/Getty Images)

Un club obligé de chercher les bons coups dans les championnats « inférieurs »

« On est obligés d’être créatifs, confiait Florent Ghisolfi, le coordinateur sportif, dans un entretien au quotidien français L’Equipe. « Un Frankowski par exemple, s’il est déjà en L1 ou en Allemagne, il est impayable pour nous. La difficulté, quand tu vas dans des championnats dits inférieurs, c’est de savoir si le joueur aura le niveau pour rapidement apporter un plus à l’équipe. Notre métier, c’est de réduire les incertitudes, mais il y en a toujours une part. »

Celles entourant Loïs Openda ne portaient pas sur son potentiel, mais plutôt sur sa capacité à faire la différence face à des défenses bien mieux organisées et armées que chez nos voisins du nord. Ses buts face à Rennes, où il a pris le dessus sur Joe Rodon, et à Reims, où il s’est imposé dans son duel contre Emmanuel Agbadou (même si rappelons-le ce dernier ne vient jamais que d’Eupen, un club certainement pas plus coté que Vitesse) ont dissipé pas mal de doutes. « Ce n’était pas facile d’attaquer cette dernière ligne très athlétique avec une organisation qui ne nous facilitait pas la tâche dans les derniers mètres« , estimait Franck Haise après la victoire contre le club de Theate et Doku.

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Après deux premières rencontres où il est resté muet, Openda s’est ensuite offert un quatre à la suite contre Monaco, le Stade Rennais, Lorient et le Stade Reims. Lors des deux dernières sorties, il n’a pas fait parler la poudre et devra confirmer après cette trêve internationale qu’il ne s’agissait pas que d’un feu de paille. Le calendrier des hommes de Franck Haise ne sera pas des plus simples puisqu’ils recevront l’Olympique Lyonnais ce dimanche avant de s’offrir un derby du Nord contre le LOSC et d’ensuite recevoir Montpellier. Openda pourrait donc apporter ses qualités contre ces solides adversaires.

« Il nous apporte de la profondeur, cela nous manquait sur certains matches. Il nous apporte autre chose avec ses qualités de finisseur, de conservation du ballon et ses appels. C’est un attaquant complet. C’est ce dont on avait besoin« , expliquait Wesley Saïd sur le site officiel du RC Lens. « Loïs ne renonce jamais même quand il n’a pas facile. C’est une qualité de joueur de très haut niveau », précise aussi Franck Haise.

Ce dernier semble d’ailleurs sous le charme de son nouveau fer de lance. Un joueur qui aime apprendre et progresser, ce qui s’inscrit parfaitement dans sa philosophie. « Il fait des appels de balle, il est bon dos au but. C’est tout simplement un attaquant très complet. C’est un jeune joueur qui est très à l’écoute, qui cherche à progresser sur ses points forts, parce qu’il faut qu’il continue à les travailler, mais aussi sur ceux où il est encore un peu moins performant« , a précisé le technicien lensois à son sujet. « Il est très volontaire et généreux. »

Arrivé dans l’Hexagone pour confirmer ses deux dernières saisons à Vitesse où il a marqué 37 fois et délivré 11 passes décisives en 88 matches, l’attaquant formé au FC Bruges a pour ambition de décrocher sa place pour le Mondial. « Ce n’est pas mon simple ou seul but. Être retenu une fois, ce n’est pas suffisant. Et pour être plus souvent appelé, il a fallu à un moment que je fasse un choix. Celui de venir à Lens en était un », raconte Loïs Openda.

La polyvalence comme autre atout ?

« C’était le choix idéal pour plusieurs raisons. J’ai été super bien accueilli d’abord. Ensuite, la ville entière vit pour le foot et pour son équipe », détaillait-il sur le site de la RTBF. « On a des supporters fidèles et passionnés, je n’avais jamais rien vu de tel, même dans les stades où je suis allé en Ligue des Champions avec Bruges. Il y a beaucoup de joueurs internationaux, des stars comme Lionel Messi, Neymar, Kylian Mbappé, Dimitri Payet etc », poursuit le numéro 11 lensois. « En Ligue 1 il y a plus de visibilité. C’est un des trois meilleurs championnats d’Europe, plus physique, plus dur. C’est une étape parfaite pour moi dans ma progression. Moi, je dois prouver ma valeur en tant qu’attaquant-buteur mais je ne ressens pas de pression parce que le club me fait une grande confiance. Et je sens que j’ai déjà progressé », estimait Loïs Openda.

Avec 80% du temps de jeu possible et une implication dans 25% des buts de son équipe, Loïs Openda a déjà marquer des points dans son nouveau club. (Photo by Flaviu Buboi/NurPhoto via Getty Images)

La polyvalence d’Openda et le système de jeu mis en place par Franck Haise lui permet aussi de parfois évoluer sur le flanc. Une caractéristique qui peut lui permettre de plus facilement intégrer la liste des 26 de Roberto Martinez en novembre prochain ? « A Lens, on joue avec trois attaquants, mais on permute souvent. Et donc j’occupe régulièrement la place occupée par Eden Hazard chez les Diables, derrière la pointe, ou celle de Kevin De Bruyne. Ma polyvalence peut être utile, oui. Je crois que mon profil d’attaquant est un peu unique : j’attaque beaucoup les lignes. Ensuite je marque plutôt facilement. » Et marquer dans les prochaines semaines pourrait surtout être ce qui pourrait faire la différence pour éventuellement briguer la place de Michy Batshuayi dans le noyau ou celle d’élément offensif polyvalent à un milieu de terrain offensif ou ailier.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’envie Openda à ses deux principaux rivaux sous le maillot diabolique ? « Romelu Lukaku, je lui envie sa protection de balle, en partie due à son gabarit. Il est énorme, hein ! La première fois qu’on a échangé une poignée de main, j’ai bien senti sa main (rires). Dos au but, il est impressionnant. Si j’avais ça tout en gardant ma vitesse, ce serait extra« , trouve Openda. « Michy, je prendrais sa finition. A l’entraînement je l’ai vu, s’il a une action il va mettre la balle au fond« , racontait le joueur le plus cher de Lens à nos confrères de la RTBF.

Les prochains adversaires du RC Lens doivent désormais espérer que le travailleur Loïs Openda n’ait pas encore pu progresser sur ces points forts des deux autres attaquants belges. Sans quoi leurs défenses pourraient passer 90 minutes bien difficiles. Mais la route du Qatar passe forcément par des prestations de grande qualité contre des adversaires de renom. Loïs Openda l’a sans doute compris bien mieux que n’importe qui.

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