L’invisible chemin vers la gloire

R aul Gonzalez Blanco vous connaissez ? Mais si, l’enfant béni de l’immaculée concrétisation. L’homme en blanc qui donnait des couleurs aux chèques de ses coéquipiers. L’amant chéri de la royauté, l’élégant tellement buté qu’il a fait du but le sens de sa vie. Devenir fournisseur officiel de bonheur de la Maison Blanche et en faire fortune : c’est pas une belle histoire ça ?

A 33 ans, Raul est toujours un enfant de la balle. Même si ses rêves tournent au bleu depuis 4 mois. Des rêves après quelques cauchemars. Quoique, il a dû emmener avec lui ses plus belles nuits blanches histoire d’être sûr qu’elles seront éternelles. Son royal et madrilène destin passe aussi par les mines de Gelsenkirchen.

Débuts difficiles justement par manque de… buts. 16 ans et 741 soirées de gala dans la même maison et on voudrait qu’il trouve ses aises en 16 soirées de tracas dans sa nouvelle demeure. Même lui ne peut tout résoudre. Mais, même lui, à 33 ans a toujours l’orgueil qui brûle dans son c£ur.

Il a été mis en cause pour la première fois par son coach Felix Magath avant son match face à Sankt Pauli ( » Il ne travaille pas assez pour le collectif « ) et par l’autre sérial buteur Klaas Jan Huntelaar ( » Il ne me soutient pas assez, il recule trop pour éviter le marquage « ). La réponse d’ el Siete a été celle d’un seigneur : doublé et première victoire dans sa nouvelle maison bleue. Raul a répondu, Schalke a vaincu et Magath est maintenu.

L’amant a joué une fois de plus les aimants. Ballon dévié par Huntelaar qui atterrit dans les pieds du messie et donc dans le but adverse. Un ballon qui traîne dans son jardin (le petit rectangle adverse) et c’est une rose de plus. Sa vie est un champ de fleurs à perte de vue. Des blanches avec le Real (323), des Rojas avec l’équipe nationale (44), des multicolores en Ligues des Champions (68) et maintenant des bleues avec Schalke (5).

Joli matelas. A propos, Raul était  » matelassier  » d’arrière-grand-père en arrière-petit-fils. Les matelassiers ( Colchoneros) sont le surnom des joueurs de l’Atlético Madrid. Le p’tit Raul y est inscrit en Minime. Pour sa première saison, il en inscrit 65. Deux ans plus tard, un illuminé qui porte mal son nom, Jesus Gil, a une formidable illumination. Toute sauf divine. Pour pallier sa non-gestion calamiteuse, le non-président de l’Atlético décide de supprimer l’école des jeunes. Et le destin portera la couleur blanche. Le p’tit passe chez l’ennemi. Pour sa première saison dans la Maison Blanche, il marque… 71 buts.

Il est Cadet mais les généraux du club ont déjà commandé l’uniforme sur mesure. Pour son premier match en Juniors, il marque cinq fois. Après sept matches et 16 petits buts, Jorge Valdano le reprend avec les pros. Son premier Gol, il le marque huit jours plus tard contre l’Atlético Madrid. Y a des destinées qui n’en sont même plus. Y a des évidences. Y a un enfant béni.

Et puis y en a un autre. Depuis deux semaines, il est même indissociable de Raul. Pippo Inzaghi a atteint lui aussi le total ahurissant de 70 buts en coupes d’Europe juste avant de se blesser au genou. Pippo est une légende : il ne joue pas, monte, marque et puis basta. Et puis respect. Il marque, c’est tout. Et oui, c’est tout simplement l’essentiel.

Inzaghi n’est ni rapide, ni costaud, ni technique. Il est tout simplement né avec. Avec ce que d’autres cherchent, en vain, toute une vie. Cet indicible don qui fait de vous un dieu. Avec lui, même les poteaux font des assists, même les faux bonds sont de vrais alliés, même les adversaires sont des coéquipiers, même la règle du hors jeu le remet en jeu.

Mais même pour en arriver à un tel surréalisme, sachez que la seule réalité, c’est d’abord et avant tout le don de soi. C’est du travail. Le visible et l’invisible. Sur le terrain et surtout en dehors. C’est aussi de l’intelligence. Pippo et Raul nous prouvent que même dans un monde voué au culte du muscle, celui qui mène à la gloire est celui qui ne se voit pas.

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE – JOURNALISTE BE/TV

La recette de Pippo et Raul, c’est le don de soi, le travail visible et invisible, plus l’intelligence.

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