Like a Virgin

17 ans après Philippe Adams, un pilote belge s’alignera en F1 alors que sa carrière a failli basculer l’été dernier.

Quelle que soit la discipline où il exerce, un entraîneur peut être contraint de… botter le cul d’un – ou plusieurs – membre(s) de son équipe pour le(s) relancer et le(s) remettre sur les bons rails. L’automobile n’échappe pas à la règle. Le Français Eric Boullier, directeur de Renault F1 et responsable de la filière mise en place par Gravity Sport Management, peut en témoigner à propos de notre compatriote Jérôme D’Ambrosio.

Flash-back jusqu’au début de l’été dernier. Le Belge dispute sa troisième saison en GP2 Series, l’antichambre de la F1. Considéré comme un sérieux prétendant au titre, il ne répond guère aux attentes et semble s’enfoncer dans une spirale négative le menant tout droit vers une réorientation de son parcours. Certes, il a gagné la seconde manche à Monaco mais les spécialistes savent que ce succès est dû en grande partie à la pole-position offerte sur un plateau par… le règlement : les huit premiers classés de la course 1 se plaçant en tête de la grille dans l’ordre inverse du classement, le citoyen de Grez-Doiceau s’est retrouvé en première ligne et après un bon départ, il a aisément contrôlé les événements sur ce tracé où les dépassements sont quasi impossibles.

Conscient que son protégé courait à la catastrophe, Boullier comprend qu’un solide électrochoc est indispensable. Il met D’Ambrosio sur la touche pour les deux rounds disputés fin juillet à Hockenheim et rappelle le Français Romain Grosjean. En prime, il oblige le jeune Belge à suivre en live le travail de son remplaçant et à s’en inspirer pour la suite… Une belle claque, même si le principal intéressé tente de donner le change en affirmant qu’il veut profiter pleinement de l’expérience pour modifier son approche.

La man£uvre réussit et le miracle se produit : quelques semaines plus tard, c’est un autre JDA que ses supporters voient en action à Spa-Francorchamps. Agressif, conquérant, sûr de son fait, il impose ses vues au futur champion le Vénézuélien Pastor Maldonado et file vers la victoire… quand son moteur casse à quelques tours de l’arrivée.

La suite, on la connaît. Convié à piloter une Virgin-Ford lors des essais libres de quatre GP (Singapour, Japon, Corée et Brésil), notre représentant y met sous l’éteignoir le titulaire Lucas Di Grassi. Dans la foulée, il brille lors des rookies tests sur le circuit d’Abu Dhabi, d’abord sur la Virgin-Ford puis au volant de la Renault. Très bien vu autant par John Booth le team-manager que par les techniciens de l’écurie Virgin, le Brabançon n’a plus qu’à attendre que le montage financier -5 millions d’euros… – soit finalisé avant de recevoir avec quelques jours d’avance son plus beau cadeau de Noël.

Facile de suivre l’exemple de son équipier Glock ?

En quelques mois, le cauchemar s’est donc transformé en rêve. De ce point de vue, la trajectoire de notre nouveau représentant au plus haut niveau est comparable à celle d’un de ses anciens équipiers passé lui aussi tout près de la catastrophe et désormais considéré comme un des dynamiteurs patentés du peloton. En 2009, Kamui Kobayashi disputait les GP2 Series au sein du team DAMS et comme D’Ambrosio, il figurait plus souvent dans le ventre mou du classement qu’aux avant-postes. Son avenir s’annonçait très sombre quand une dernière opportunité de forcer le destin s’est offerte à lui : appelé à remplacer Timo Glock au volant de la Toyota pour les deux derniers GP de la saison, le Japonais s’est d’emblée montré compétitif et sur le toboggan d’Interlagos, il a croisé le fer sans le moindre complexe avec le futur champion du monde Jenson Button. Il n’en fallait pas plus pour décider Peter Sauber à l’engager en 2010… et le manager suisse a très vite prolongé le contrat pour 2011.

D’Ambrosio a lui aussi saisi sa chance. A lui de ne pas décevoir ceux qui l’ont soutenu. Quels objectifs peut-il se fixer ? Fidèle à son image, il reste réaliste :  » Le fait d’évoluer aux côtés de Glock est particulièrement positif. S’appuyant sur une solide expérience, le pilote allemand constitue une référence idéale pour moi. En plus, je crois que nous avons une approche assez similaire. Mais ma première ambition est tout simplement de prouver que je mérite de figurer parmi les 24 pilotes de GP ! « 

Bien des choses dépendront en fait du niveau de la Virgin 2011. Si la monoplace de l’écurie anglaise – désormais associée à Marussia, un constructeur russe de supercars – se révèle performante, ses pilotes peuvent rêver d’une place au deuxième tour des qualifications. Si elle affiche en prime une fiabilité supérieure à celle de sa devancière, un classement dans les points n’a rien de totalement utopique, même si les places s’annoncent très chères. Quelque part, la balle est donc dans le camp des ingénieurs réunis autour de Nick Wirth, le directeur technique de Virgin.

PAR ÉRIC FAURE – PHOTOS: REPORTERS

Quelles sont ses chances de devenir un dynamiteur patenté du peloton comme son ex-collègue Kamui Kobayashi ?

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