Leurs secrets

Le palmarès et les méthodes de travail de nos 50 agents FIFA à licence belge. Où les trouver ? Qui collabore avec qui ? Quelles stars ont-ils dans leur portefeuille ? Quels ont été leurs plus beaux coups ? Comment s’y prennent-ils pour survivre dans cette jungle ?

A tomber par terre ! On recense, dans le monde, près de 3.200 agents de joueurs reconnus par la FIFA. Mais combien d’entre eux vivent vraiment de cette activité ? Depuis que la Fédération Internationale a modifié ses conditions d’accès (la caution de 125.000 euros a été remplacée par un examen), le nombre de licenciés a explosé et ils sont loin d’être tous agents professionnels. Il y a actuellement 50 agents FIFA à licence belge, c’est-à-dire qui sont passés par l’UB pour obtenir leur diplôme.

Ces 50 agents peuvent conclure des transferts dans tous les pays du monde, mais 7 seulement sont habilités à traiter avec tous les clubs belges ! En effet, la Belgique est à peu près la seule nation qui impose, outre le diplôme FIFA, des agrégations complémentaires : une de la Région wallonne, une de la Région Bruxelles-Capitale, une de la Communauté flamande, pour pouvoir travailler sur ces trois territoires. Si un agent à licence belge s’arme d’un bon avocat et attaque ce système, il pourrait provoquer une nouvelle affaire juridique dans notre football. Un agent nous a confié que Maître Luc Misson était prêt à l’assister dans ce combat. Pour obtenir ces agrégations régionales, il n’y a plus d’examen à présenter, il suffit de remettre aux ministères concernés les attestations du fisc, de l’ONSS, de la TVA, etc. Autre obligation, qui s’adresse à tous les agents du monde : contracter une assurance en responsabilité civile.

Ce n’est pas la seule particularité du marché belge. Chez nous, un contrat footballeur / agent peut être résilié par le joueur à tout moment et sans contrepartie, sur simple lettre recommandée. La rubrique  » Joueurs sous contrat  » qui apparaît dans la fiche des agents est donc mouvante. Même un contrat en bonne et due forme n’offre aucune garantie dans la durée et cela fait d’ailleurs hurler nos agents. A l’étranger aussi, tout contrat peut être résilié,… mais moyennant d’importants dédommagements à verser par le joueur à son ex-agent.

Le système des commissions aux agents appliqué en Belgique est aussi fort différent de ce qui se fait à l’étranger. Selon la région (Wallonie, Bruxelles, Flandre), cette commission (toujours versée par la club acquéreur, jamais par le joueur) varie de 7 à 10 % du salaire brut du joueur durant la première année de son nouveau contrat. A l’étranger, cette commission tourne généralement entre 5 et 10 % du salaire brut annuel mais elle s’applique à chaque année de contrat et est versée au début de chaque saison – sauf si le joueur change de club avant l’expiration de son contrat. Plusieurs agents belges nous ont confié que s’ils ne faisaient pas l’effort de demander les agrégations pour travailler avec des clubs belges, c’est justement à cause du peu d’argent qu’ils peuvent gagner en Belgique.

On trouve, dans la liste, des agents réputés qui traitent publiquement avec des clubs belges mais n’en ont légalement pas le droit vu qu’ils n’ont pas les autorisations régionales. Solution : ils prennent un agent de paille (reconnu par la région concernée) qui signe la transaction, empoche officiellement la commission, garde un petit pourboire et verse le gros du magot à celui qui a vraiment fait avancer le dossier. Un montage bien belge, nécessité par des décisions politiques pas toujours faciles à comprendre.

par pierre danvoye

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