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L’Europe coûte-t-elle vraiment des points ?

On s’attendait à ce que le match Bruges – Standard soit un tout gros rendez-vous du week-end, mais quelle déception au bout du compte ! Et même avant le bout du compte, puisqu’on a très vite compris qu’il n’y aurait pas match. Dès les premières minutes, on a vu des signes montrant que le Standard n’était pas dedans.

Michel Preud’homme peut-il avancer la circonstance atténuante que son équipe avait produit une très grosse dépense d’énergie dans son match en semaine contre Séville ? Oui et non. C’est clair que ses joueurs étaient fatigués. Et c’est normal. Mais quand tu sors une prestation européenne pareille, ça ne t’autorise pas pour autant à être en dessous de tout dans le match de championnat qui suit.

Je constate que la semaine européenne a eu des répercussions très différentes à Bruges et au Standard. Les joueurs d’ IvanLeko avaient aussi le droit de se plaindre d’une surcharge physique au moment de monter sur le terrain dimanche. Ce qu’ils avaient fait quelques jours plus tôt à Dortmund, c’était aussi costaud que la prestation du Standard contre Séville. Leko savait que, sur le papier, son équipe était bien moins forte que Dortmund. Alors, il s’est adapté, on a vu des Brugeois qui s’arrachaient et faisaient le dos rond pendant une heure et demie pour prendre finalement un point.

Michel Preud’homme doit maintenant trancher, faire des choix forts parce qu’il y a trop de joueurs inconstants dans son noyau.

Deux équipes fatiguées, donc, pour ce qui aurait dû être un topper. Mais j’ai l’impression que les gars de Bruges ont exploité leur sortie de Dortmund pour faire le plein de confiance. Ils avaient leurs certitudes au moment du coup d’envoi, dimanche. Du genre :  » Si on a su prendre un point dans l’enfer de Dortmund, on peut battre même un bon Standard.  » De l’autre côté, plus que de la fatigue physique, j’ai cru voir une sorte de suffisance. Du genre :  » Si on a su battre le leader du championnat d’Espagne, on ne doit certainement pas avoir peur de Bruges, même dans son stade.  »

Marc Degryse
Marc Degryse© BELGAIMAGE

C’est un match où des piliers supposés sont passés complètement à côté de leur sujet. Je citerais deux exemples frappants. On connaît les qualités de Christian Luyindama, son caractère de guerrier, son intransigeance défensive et son apport offensif quand il est dans un bon jour. Mais là, il a manqué de tout. Il était mal positionné sur les phases arrêtées de Bruges et ça s’est payé. Et, à la construction, il dégageait une nonchalance incompréhensible.

Je ne peux pas être plus positif en évoquant un autre cadre, Mehdi Carcela. Il portait le brassard de capitaine, c’était donc lui en priorité qui devait regonfler les troupes quand ça chauffait. Mais, du coup d’envoi au coup de sifflet final, il n’était nulle part. Quel contraste incroyable avec le magicien qu’on voit dans certains matches. Ivan Leko et ses joueurs avaient une envie de revanche évidente après la défaite à Sclessin mais ils n’ont même pas eu besoin d’aller au bout de leurs ressources physiques pour atomiser ce Standard insignifiant.

C’est dommage qu’un match aussi prometteur ne soit intéressant que pendant trois quarts d’heure. Parce qu’en deuxième mi-temps, on n’a carrément plus rien vu. Bruges ne voulait plus, le Standard ne pouvait plus. Je pense que Michel Preud’homme devrait maintenant trancher, faire des choix forts, quitte à envoyer l’un ou l’autre pilier sur le banc, parce qu’il y a trop de joueurs inconstants dans son noyau. Tu n’as pas le droit de bâcler un match sous prétexte que tu as été très bon trois jours plus tôt. Ce qu’on a vu ce week-end n’était pas un fait isolé ou une première, c’est régulier depuis l’été. Ces joueurs ne vont quand même pas commencer à se plaindre que c’est lourd de jouer deux matches par semaine ? Ils doivent quand même savoir qu’en play-offs, on joue à ce rythme-là. Et au rythme actuel, ils n’y sont pas, dans les play-offs !

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