Nibali, futur vainqueur du Tour ?
PAR BENEDICT VANCLOOSTER
Figurer sur le podium d’un grand tour puis, quelques mois plus tard, remporter une autre course de trois semaines : durant la dernière décennie, seul Alberto Contador avait réalisé cet exploit, jusqu’à dimanche passé. En terminant troisième du Giro et en s’adjugeant la Vuelta, Vincenzo Nibali figure parmi les meilleurs coureurs de la saison mais il se met aussi la pression. Le requin de Messine est désormais censé sauver à lui seul le cyclisme italien, à la peine dans les tours.
Nul n’a jamais mis en doute le grand talent du Sicilien. En catégories d’âge déjà, Nibali a remporté le bronze à deux reprises au Mondial de contre-la-montre. Il a terminé 19e son premier Giro, en 2007, et septième le Tour 2009. Avant d’effectuer ses débuts à la Vuelta cette année, Nibali aurait normalement dû rouler le Tour mais ses projets ont été contrariés par la suspension de Franco Pellizotti, qu’il a dû remplacer au Giro pour Liquigas, in extremis. Malgré un long début de saison, entamé en janvier par un tour en Argentine, qu’il s’est d’ailleurs adjugé, et malgré une préparation chamboulée, Nibali a remporté une étape de ce Giro, a porté le maillot rose plusieurs jours et a terminé troisième du classement général.
Pourtant, l’Italien, qui fêtera ses 26 ans en novembre, n’a pas encore le format de Contador, son aîné de deux ans, ni d’ Andy Schleck, son cadet d’un an. Le Tour d’Espagne a été spectaculaire et palpitant jusqu’au dernier week-end, même si le niveau sportif était moins impressionnant que le pourcentage des nombreuses ascensions de fin d’étape. Les grands noms ont dédaigné la terre ibérique, comme Contador et Samuel Sánchez. D’autres, comme les coureurs de RadioShack, n’ont pas été invités. Denis Menchov n’était pas en forme, Fränk Schleck a couru après les faits et son frère a claqué la porte. Le dernier survivant de classe, Roman Kreuziger, a servi d’ange gardien à Nibali, comme le Sicilien l’avait fait au Giro au profit de son leader, Ivan Basso.
Tout ceci permet de relativiser les prévisions des compatriotes, qui l’ont promu futur vainqueur du Tour. Compte tenu de son passé, on peut imaginer qu’Enzo va diminuer l’écart qui le sépare encore de Contador contre le chrono, au fil des années. En côte, il devra toujours rouler comme il parle : prudemment. » Je suis un passista « , reconnaît-il. Il veut dire un coureur qui aborde les côtes avec un rythme qu’il lui est difficile de varier. C’est pour cela qu’à la Vuelta, les démarrages d’ Ezequiel Mosquera auraient pu faire mal au leader du classement et c’est pour cette même raison que Contador et Andy Schleck restent les principaux candidats à la victoire au Tour.
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