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 » Les journalistes sportifs doivent se fâcher « 

L’association flamande des Journalistes (VVJ) réagit violemment au nouveau règlement de presse du Sporting Lokeren.

Désormais, les journalistes ne peuvent plus prendre contact eux-mêmes avec les joueurs et les dirigeants de Lokeren. L’attaché de presse arrange tous les rendez-vous et décide, en concertation avec l’entraîneur, Georges Leekens, de l’opportunité d’une interview. La VVJ indique, dans sa lettre à Lokeren :  » C’est en contradiction avec la liberté journalistique de collecte d’informations.  »

La virulence de la VVJ surprend maints journalistes sportifs car beaucoup de clubs professionnels procèdent ainsi depuis un certain temps. Sportspress, l’association belge des journalistes sportifs, est d’accord. Pierre Bilic, secrétaire général de Sportspress :  » Il en va de même dans le monde politique.  » Non, rétorque Pol Deltour, le secrétaire national de la VVJ et de l’Association générale des journalistes professionnels belges.

 » On protège les intérêts des clubs « , dit Deltour,  » mais au détriment de ceux des joueurs et des dirigeants, qui ne peuvent pas s’exprimer librement.  »

Lokeren exige également de relire et d’approuver les articles avant parution. C’est également une pratique courante depuis longtemps. Bilic :  » Ça ne me dérange pas quand il s’agit de longues interviews. Par contre, ce n’est absolument pas possible pour de courtes réactions.  » Deltour :  » Court ou long, peu importe. Un journaliste peut proposer, de sa propre initiative, une interview, mais il ne peut pas accepter de le faire, par principe, quand l’information l’exige.  »

Les clubs demandent parfois des adaptations aux interviews relues.  » Le journaliste et le média doivent déterminer eux-mêmes ce qu’ils acceptent « , précise Bilic.  » Modifier la nature d’un texte est inacceptable.  » Les journalistes sportifs connaissent leur sort quand ils ne suivent pas ces règles : ils n’obtiennent plus d’interviews. Deltour :  » Je comprends Sportspress. A la longue, on devient pragmatique. Mais ça se fait quand même un peu au détriment de l’intégrité journalistique, non ?  »

Deltour trouve-t-il les journalistes sportifs trop mous ?  » On me dit que certains refusent ce système et parviennent quand même à travailler convenablement. Peut-être trop de journalistes sportifs acceptent-ils trop vite. Ils devraient sans doute montrer leurs muscles, ensemble. Les clubs accablent la presse de règles. Nous devons peut-être agir, y compris au niveau des rédactions en chef, pour développer un contre-pouvoir, en Flandre comme en Wallonie. Les clubs vous prennent la main mais bientôt, ce sera tout le bras.  »

PAR KRISTOF DE RYCK

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