Les derniers CLUBMEN

Alors que le foot belge n’a jamais connu autant de transferts. Quelques irréductibles de la Pro League n’en sont toujours qu’à leur premier club de D1. Gros plan sur ces cinq derniers clubmen, une race en voie d’extinction.

John Terry, Frank Lampard, Andres Iniesta, Xavi, LionelMessi, Ryan Giggs, les grands clubs européens peuvent toujours compter sur leurs valeurs sûres. Mais il est plus facile de rester fidèle aux grands clubs européens qu’à ceux du championnat de Belgique. Pourtant, notre compétition compte encore quelques véritables clubmen.

Olivier Deschacht – Toujours le top

Anderlecht, 299 matches, 5 buts

Le fidèle parmi les fidèles. Présent dans le noyau pro du Sporting depuis 2001, l’arrière gauche anderlechtois en est à sa douzième saison d’affilée dans la maison mauve. Personne en Jupiler League ne peut afficher une telle longévité.  » J’ai été repéré par Anderlecht lors d’un tournoi des U16 à Wetteren. J’avais été particulièrement bon ce jour-là avec Lokeren et le Sporting m’a invité à venir passer un test. Il s’est plutôt bien déroulé et quelque temps après, j’ai signé mon premier contrat. C’était en 1997 !  »

Après 4 ans chez les jeunes, Oli est intégré au noyau A par Aimé Anthuenis :  » A l’époque, je n’imaginais pas une seule seconde que je serais encore à Anderlecht, le plus grand club belge, douze ans plus tard. Je voulais juste jouer un maximum et en profiter. Encore aujourd’hui, je ne me projette jamais dans le futur. Je ne vois jamais plus loin que le match qui suit.  »

Une habitude qui lui réussit bien puisque chemin faisant, Deschacht a tout de même déjà décroché 5 titres, une Coupe de Belgique et 20 caps chez les Diables Rouges. De quoi attirer il y a quelques années l’attention de scouts espagnols :  » J’ai eu des contacts en Liga, c’est vrai mais je n’ai jamais vraiment songé à un départ : c’était des clubs de bas ou de milieu de classement et moi je veux toujours jouer pour la gagne. Je préfère disputer le titre en Belgique que me battre contre la relégation en Espagne.  »

Une soif de vaincre, une détermination caractéristique de celui qui va prochainement fêter son 300e match de D1. Suffisant pour s’adjuger la clémence du public anderlechtois ?  » Non, être un ancien ne vous met certainement pas à l’abri de la critique. Nos supporters sont très exigeants et c’est une bonne chose.  »

Lié au club jusqu’en 2015, Deschacht aimerait faire toute sa carrière dans la capitale :  » C’est mon rêve. J’aurai 34 ans, à la fin de mon contrat, on verra bien à ce moment-là. Mais une chose est certaine, à l’heure actuelle, je ne peux pas m’imaginer jouer pour un autre club belge. Ici, c’est le top !  »

Killian Overmeire – L’enfant du club

Lokeren246matches, 10buts

Capitaine courage du club waeslandien depuis plusieurs années, Killian Overmeire, 27 ans, fait partie, avec entre autres Laurens De Bock et Nill De Pauw, des sept joueurs présents dans l’effectif de Peter Maes à avoir été formés au club.

 » Je jouais pour Assenede, un petit club de provinciale, et un scout de Lokeren est venu voir un de nos matches. Après cette rencontre, j’ai été invité à faire un stage d’une semaine au club. C’était il y a 17 ans et je suis toujours là ! Pourtant, je ne ressens aucune lassitude : Daknam c’est ma deuxième maison, je connais tout le monde et tout le monde me connaît.  »

International espoir à 13 reprises, Overmeire a également eu l’honneur d’une sélection en équipe nationale sous l’ère René Vandereycken. 6 petites minutes contre le Luxembourg alors qu’il n’avait que 23 ans, cela présageait un bel avenir. Pourtant, 4 ans plus tard, le milieu de terrain est toujours bloqué à la case Lokeren.

 » J’ai parfois pensé à partir. C’est humain, tu te demandes comment ça se passe ailleurs. Et puis si j’ai la possibilité de m’améliorer sur le plan sportif et sur le plan financier, pourquoi pas ? Cela dit je me sens très bien ici et s’il s’avère que je n’ai jamais de possibilité de beau transfert, je ne serais pas déçu de rester ici toute ma carrière. Je me sens chez moi et j’ai une relation spéciale avec les supporters. J’ai tout vécu au club. Pour le moment, la situation sportive est bonne mais il y a 4-5 ans, on a vécu une saison catastrophique où on a lutté contre la relégation. J’étais là aussi. J’ai connu les mêmes émotions qu’eux depuis tout ce temps. Et puis, je suis un enfant du club, ils en sont fiers.  »

Le point d’orgue pour Killian et Lokeren, ce fut sans conteste la finale de la Coupe de Belgique, en mars dernier contre Courtrai :  » C’est sans conteste mon plus beau souvenir. Au Stade Roi Baudouin, c’était magique. C’est le premier trophée de l’histoire du club et c’est un honneur pour moi en tant que capitaine d’avoir été le premier à soulever cette coupe.  »

Sammy Bossut – Toujours pas prolongé

Zulte Waregem172matches, 0 but

A 27 ans, Sammy Bossut a déjà fait parler de lui sur la terre entière. Malheureusement pour lui, pas pour un arrêt miraculeux mais pour une bourde monumentale face à Lokeren il y a un an et demi. Pourtant, si Zulte Waregem doit beaucoup à Franck Berrier pour sa formidable première partie de saison, le gardien présent à Waregem depuis 2006 y est également pour beaucoup. Avec seulement 23 buts encaissés en championnat, il est le deuxième portier le moins passé de l’élite derrière Silvio Proto. Barré par le vétéran Geert De Vlieger lors de ses deux premières saisons, Sammy aura tout de même eu l’occasion de disputer un match de Coupe d’Europe face à Newcastle durant cette période.

 » J’ai beaucoup appris avec De Vlieger. C’est quelqu’un de bien. Même si l’entraîneur avait décidé de me titulariser, il m’a toujours aidé et soutenu.  » Présélectionné chez les Diables durant l’intérim de Franky Vercauteren, l’ancien keeper d’Ingelmunster n’a finalement jamais été repris mais ses performances ont tout de même attiré un temps les regards des Néerlandais d’Heerenveen. En fin de contrat en juin prochain, il pourrait ne plus faire de vieux os au Essevee .

 » J’ai déjà lu à diverses reprises que nous étions en négociation pour une prolongation, le club et moi. Mais moi, je n’ai encore rien vu venir. Je trouve d’ailleurs ça dommage. Je crois avoir affiché un niveau constant, j’ai déjà de l’expérience et mes meilleures années sont encore à venir. Je ne peux pas attendre indéfiniment. Une aventure à l’étranger me tenterait. À condition que ce soit intéressant tant sur le plan sportif que sur le plan financier.  »

Réginal Goreux – S’inscrire dans la durée

Standard112matches, 7 buts

Cinq ans après ses débuts tonitruants en équipe Première pour le Standard, Régi est le seul rescapé du double titre liégeois (2007-2008, 2008-2009) dans l’effectif actuel. Parfois contesté à son poste d’arrière droit, l’international haïtien n’a jamais rien lâché et a déjà prouvé son utilité à maintes reprises. Présent au club depuis 1996, il incarne  » l’esprit Standard « .

 » J’ai été repéré lors du tournoi de jeunes qu’organise chaque année le Standard. J’étais encore un gosse et c’était une chouette opportunité pour moi. Je ne pensais absolument pas à l’équipe Première, ça n’est venu que plus tard, vers l’adolescence.  » Seize années au club, le temps de voir changer pas mal de choses chez les Rouches.

 » C’est clair que ça a pas mal bougé depuis que je suis là. Le plus évident c’est l’Académie Robert-Louis Dreyfus qui a été construite mais même au niveau humain : les dirigeants, le staff, les joueurs, tout a énormément changé et ce n’est pas plus mal, il faut du renouveau, ça évite la lassitude et puis ça ne m’empêche pas d’être super attaché au club. Je ne me vois pas jouer pour un autre club belge. Impossible. De toute façon que ce soit niveau supporters ou même infrastructures, je ne vois pas où je pourrais trouver mieux dans le pays !  »

Les fans rouches sont parfois virulents, mais ils savent apprécier la loyauté de Goreux, qui a d’ailleurs déjà porté le brassard de capitaine à plusieurs reprises :  » Je sers parfois de relais entre eux et le reste des joueurs. Mais être un ancien ne donne pas pour autant plus de responsabilités dans le groupe. Dans le noyau, chacun doit en prendre sa part. On n’est peut-être plus au top comme il y a quelques années mais on reste un club ambitieux et ça doit suffire pour que chacun se gère et assume pleinement.  »

Et suffisant pour envisager de faire toute sa carrière dans la Cité Ardente ?  » Je n’ai jamais envisagé de partir. Ces 2-3 dernières années, j’ai eu des offres dont certaines étaient intéressantes mais ma volonté a toujours été de rester au Standard. Je veux m’inscrire dans la durée.  »

Maxime Biset – Le guide

FCMalinois109matches, 4 buts

Capitaine des Sang et Or, Maxime Biset, 26 ans, a bien failli ne jamais se retrouver en Jupiler League :  » Une carrière, ça tient à des détails. J’ai rejoint Malines quand j’avais 16 ans. Le club venait de faire faillite et beaucoup de jeunes étaient partis, il fallait reconstruire. A l’époque, je jouais dans le club de mon village, Hemiksem en P1, c’était une chouette opportunité. Quand je suis arrivé dans le noyau pro, le club était en D2 et je ne jouais pas beaucoup. On m’a fait comprendre qu’il valait sans doute mieux que j’aille voir ailleurs pour trouver du temps de jeu. Finalement, j’ai eu ma chance contre Louvain. On a perdu mais j’ai été bon, ma carrière était lancée.  »

Un passage en D2 générateur de souvenirs mémorables :  » Quand on a été champions, c’était magnifique. En revenant de Courtrai, il y avait des colonnes de cars de supporters sur l’autoroute, on s’est arrêtés à une station essence et on a fait la fête avec eux. J’avais 20 ans, c’était terrible, j’y pense encore parfois. J’ai une très chouette relation avec les supporters. Après chaque victoire, on va chanter avec eux et c’est toujours quelque chose de spécial. Juste après la rencontre, tu es encore plein d’adrénaline et tu ne te rends pas forcément compte mais quand je vois les images à la télévision, c’est encore plus impressionnant qu’en vrai.  »

De quoi refuser l’idée même d’un transfert ?  » Non, il m’arrive parfois de me demander comment ça se passe ailleurs dans les autres clubs et puis un beau transfert c’est aussi de la reconnaissance mais je ne pense qu’à me donner à fond pour Malines. C’est mon club, je m’y plais, je m’amuse à l’entraînement. De plus, il y a un projet pour un nouveau stade et j’aimerais beaucoup jouer dans cette enceinte un jour. C’est un honneur de participer à la progression d’un tel club et puis j’aime le rôle que j’ai ici. Quand il y a des nouveaux joueurs, j’essaie de les accueillir, de leur servir de guide. C’est normal, je connais la maison. Certains sont peut-être trop individualistes pour endosser ce rôle mais moi ça ne me pose pas de problème, je fais pareil avec les jeunes du groupe, je leur donne des conseils. « ?

PAR JULES MONNIER – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Je rêve de faire toute ma carrière à Anderlecht  » Olivier Deschacht

 » Jouer pour un autre club belge ? Impossible.  » Réginal Goreux

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