» LES BOEREN CONTRE LES DIKKENEK « 

Que représente encore le  » Clasico  » du Nord et qu’est-ce qu’il a de si spécial ? Nous avons posé la question à ceux qui y ont goûté.

JANEVSKI :  » Quand je suis arrivé à Bruges, en 1989, j’ai vite compris que le match contre Anderlecht était le choc du championnat. On m’a expliqué qu’Anderlecht, c’était la technique, la classe, le show. Et que le Club, c’étaient les paysans : de l’engagement, de la puissance, du collectif. On ne sélectionnait que des gars comme Plovie, Beyens, Cossey, Booy, Amokachi, Staelens… Des grands formats qui mettaient leur tête sur les rentrées de touche de Querter. Et Leekens, l’entraîneur, misait sur l’organisation, les duels, la vitesse de Farina. C’est comme ça que nous avons été champions.

Mais les joueurs voulaient se débarrasser de cette image. Nous voulions montrer que nous savions jouer au football mais nous savions aussi que nous pouvions nous rabattre sur le plan B en cas de problème. En tant qu’entraîneur de l’équipe première, je n’ai affronté Anderlecht qu’une seule fois : en 2007, pour mon deuxième match. Nous avons dominé et nous menions 2-0 à un quart d’heure de la fin mais le Sporting a égalisé et nous n’avons pas pu revenir sur lui au classement. Aujourd’hui, je me dis que ce match a peut-être orienté ma carrière. Si nous avions gagné, je serais peut-être resté au Club.  »

WALEM : » Il y avait quelques déplacements qu’on craignait : Saint-Trond, Standard mais surtout Bruges. Je préférais aller à Sclessin car les Brugeois jouaient toujours contre nous comme si c’était la guerre. Nous y étions préparés, surtout physiquement, mais ils étaient toujours plus solides que nous. Ils tapaient des ballons devant mais faisaient preuve d’une grande efficacité. C’était un tourbillon qui ne s’arrêtait jamais et le public était derrière eux pendant 95 minutes. Il nous arrivait de gagner mais jamais facilement.

Aujourd’hui, Bruges ne joue plus comme ça. Il ne fait plus peur à l’adversaire. Son jeu est plus technique, il a perdu son identité. Ce qui n’est pas le cas d’Anderlecht. « COSSEY : » La rivalité était forte, on jouait à la limite mais ça restait sportif. Le vainqueur avait de fortes chances d’être champion. Je jouais souvent contre Luc Nilis, un cauchemar car il bougeait entre les lignes et marquait facilement. Je préférais les joueurs qui allaient au duel. Je crois qu’avant le match, les supporters étaient plus nerveux que les joueurs. C’était plus intense qu’un derby.  »

BALETTE :  » J’ai travaillé au Standard et je sais qu’un Standard – Anderlecht est encore plus attendu qu’un FC Bruges – Anderlecht. Souvenez-vous des tifos… Au Club, le derby est aussi très important. Avant ces matches, Michel D’Hooghe descendait toujours au vestiaire. Pour un entraîneur, ce sont les matches les plus faciles à préparer : pas besoin de motiver les joueurs.

Avec les play-offs, les gens se disent qu’une défaite en phase classique n’est pas grave car les points sont divisés en deux mais, croyez-moi, les joueurs ne raisonnent pas de la sorte. Porter un coup au moral de l’adversaire ne fait jamais de tort. Dimanche, aucun entraîneur ne dira à ses hommes qu’un nul lui suffit.

Le match dont je me souviens le mieux, c’est celui de décembre 2010. Il avait neigé et les supporters de Bruges lançaient des boules de neige sur les joueurs d’Anderlecht. Je trouvais ça marrant mais ça n’avait pas fait rire l’Union belge.  »

CANESIN :  » Je n’oublierai jamais Bruges – Anderlecht de 2011. C’était mon premier, j’ai joué tout le match et nous avons manqué deux penalties. Eux ont marqué le leur et tout le monde nous croyait battu mais Milan Jovanovic a égalisé dans les arrêts de jeu.

Je n’avais jamais vécu de match pareil au Brésil mais dans le vestiaire d’Anderlecht, on parlait encore plus de ceux face au Standard.  »

ODOI :  » C’est mon plus beau souvenir mais les matches contre le Standard étaient plus disputés que ceux contre Bruges. A cause des supporters mais aussi parce que beaucoup de joueurs avaient joué dans les deux camps. Ça mettait de l’huile sur le feu. Et puis, il y a longtemps que Bruges n’a plus été champion.

Les matches à Bruges n’étaient pas mes préférés parce que le stade est trop calme, les supporters sont loin de la pelouse. Mais je sais que je suis un des rares à penser cela. Souvent, on jouait l’après-midi alors on allait au vert et la police nous escortait jusqu’au stade mais cela ne m’impressionnait pas spécialement.

La rivalité entre Anderlecht et Bruges était plus forte en équipes d’âge. Ça, c’était le match de l’année : les boeren contre les dikkenek. Chez les pros, on ressortait moins ces clichés car pour les étrangers, ça ne signifiait rien. Chez les jeunes, des coups se perdaient. Sur le terrain mais aussi à la rentrée au vestiaire. Il n’y avait pas de séparation et les insultes volaient. Mais nous étions toujours en confiance pour aller à Bruges car c’est quelque chose qu’on vous enseigne tout de suite à Anderlecht : nous sommes les meilleurs, nous n’avons peur de personne. « GERAERTS :  » Jouer l’après-midi, c’est spécial. Surtout à cause du soleil. J’en connais un pour qui ce n’était pas le match le plus important de l’année : Pascal Plovie. Lui, le match qu’il ne voulait pas perdre, c’était celui contre le Cercle. De toutes ces rencontres, celle que je retiens, c’est la dernière, dans les play-offs. Nous avons gagné 3-0 et j’ai marqué.

L’apparition des play-offs a d’ailleurs un peu changé la donne. Avant, ces deux matches étaient déterminants dans la lutte pour le titre et on espérait jouer le deuxième à domicile.  »

Tchité :  » Je me souviens bien de ce match. J’ai affronté Bruges 13 fois avec le Standard et Anderlecht mais je n’ai jamais gagné là-bas. Par contre, je n’ai jamais perdu à domicile. Là, c’était toujours tendu, ils jouaient le couteau entre les dents. J’ai marqué cinq fois contre Bruges, toujours avec le Standard mais jamais à Bruges. Avec Bruges, je n’ai joué qu’une fois contre Anderlecht mais je préfère oublier car nous avons perdu 6-1.  »

LENAERTS :  » Je crois avoir été deux fois sur le banc contre Anderlecht. Pascal Plovie était plus nerveux que tout le monde. Parfois, il fallait le calmer.

Pour les Belges, c’était le match de l’année. A domicile, il était interdit de perdre. En ville, on sentait l’ambiance monter. Pour les supporters de Bruges, Anderlecht, c’est l’ennemi. Ce que les supporters d’Anderlecht ne savent pas, c’est que quand ils crient Boeren, ceux de Bruges prennent ça pour un compliment.  »

PAR LA RÉDACTION – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Je préférais aller à Sclessin car les Brugeois jouaient toujours contre nous comme si c’était la guerre.  » JOHAN WALEM

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