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Les 4 raisons du succès des Red Lions

Un an après avoir été champions du monde, les Red Lions sont devenus champions d’Europe. Comme l’affirme Florent van Aubel, ils ont bousculé l’ordre établi. Comment ? Analyse sur base de quatre facteurs-clefs.

Tueurs

Lorsqu’on demande au gardien Vincent Vanasch quel est le moment qu’il retiendra de ce Championnat d’Europe, il n’évoque pas ce fameux appel à la vidéo qui a initié la remontée fantastique des Red Lions, menés 0-2 en demi-finale contre l’Allemagne et finalement victorieux 4-2, mais le sixième but inscrit contre le Pays de Galles. Une combinaison sublime entre Florent van Aubel, Arthur Van Doren (cette passe entre les jambes ! ) et le finisseur Thomas Briels. Du pur tiki-taka comme les Red Lions en ont le secret, avec leur habileté technique phénoménale et leur rapidité. Le tout combiné à un pressing haut et à une puissance physique qui déboussole chaque adversaire.

Nous sommes prêts à mourir l’un pour l’autre.  » Manu Stockbroekx

Ce n’est pas un hasard si le pourcentage moyen de possession des Lions dans le dernier quart-temps des cinq matches disputés à l’EURO est de 66%, alors qu’il est de 57% sur l’ensemble du match. Ce n’est pas un hasard, non plus, si c’est durant cette période qu’ils ont fait la différence contre l’Allemagne. À titre de comparaison : lors de la Coupe du monde en Inde, les Belges avaient en moyenne 52% de possession. En finale contre les Pays-Bas, elle n’était même que de 47%.

Ce match-là, les Lions l’ont remporté, à la grande frustration des Néerlandais, en pratiquant un hockey défensif  » laid  » (aux shoot-outs, après un 0-0). Lors du récent EURO, cette tactique a laissé la place à un hockey (plus) dominant. Le danger venait de toutes les lignes : pas moins de dix joueurs différents ont marqué. La concentration a toujours été optimale, même lorsqu’ils ont été menés 0-2 par l’Allemagne, ou lorsqu’ils menaient eux-mêmes 4-0 au repos contre l’Espagne. Chacun a continué à remplir sa tâche, sans se montrer égoïste.

Les Lions sont devenus des tueurs de sang-froid, y compris sur le penalty-corner décisif. À la Coupe du monde et lors des demi-finales/finale de la Pro League, leur pourcentage de réussite était encore insuffisant : 9 sur 30 (30%) et 3 sur 14 (21%), alors qu’il était de 9 sur 24 (37,5%) à l’EURO. Les Lions le doivent à une confiance accrue et à la puissance du grand spécialiste en la matière, Alexander Hendrickx (5 buts), en alternance avec Tom Boon (3).

Tout aussi remarquable : sur les19 p.c. concédés, aucun n’a terminé sa course au fond des filets. Les tireurs ont buté sur Vincent The Wall Vanasch, bien aidé par sa défense. Les Red Lions ont d’ailleurs très peu encaissé dans l’ensemble : deux buts seulement sur l’ensemble du tournoi.

Esprit d’équipe

Vingt secondes avant le terme de la finale, les Red Lions ont encore hérité d’un penalty-corner, à 5-0. Hendrickx ou Boon, qui avaient déjà marqué cinq fois (comme le Néerlandais Mirco Pruijser et l’Espagnol Pau Quemada), aurait pu devenir le meilleur buteur du tournoi avec ce but tardif. Malgré cela, ils ont laissé l’occasion à Loïck Luypaert, en combinaison avec Felix Denayer, d’inscrire un premier but dans le tournoi. Ils ne sont pas parvenus à leurs fins, mais cette  » politesse  » illustre l’état d’esprit collectif qui anime les Lions. C’est précisément ce que le coach Shane McLeod a réussi à inculquer depuis son entrée en fonction en octobre 2015 : alors que l’équipe est composée de stars, la véritable star est désormais l’équipe. One team, one family, one mind.

C’est la raison pour laquelle, avant la finale, il a évoqué, ému, son fils de quatre ans Koda, la manière dont il donnait des high fives aux joueurs pendant les entraînements, comme supporter n°1, en tant que membre de la famille des Red Lions. Thomas Briels, capitaine exemplaire, a aussi prononcé un discours émouvant – tellement intime qu’il préfère garder le contenu pour lui – à l’adresse de ceux qu’il appelle  » ses frères « . Significatives également, les paroles prononcées par Manu Stockbroekx :  » Nous sommes prêts à mourir l’un pour l’autre.  » Avec cette mentalité, la troupe de Lions belges dévore tous ses adversaires.

Mélange d’expérience et de jeunes

Le nombre de sélections moyen de l’équipe de base des Red Lions avant le début de l’EURO : 227, excusez du peu. On pourrait croire qu’il s’agit de vétérans proches du point du rupture au niveau physique, mais pas du tout. L’âge moyen des 11 titulaires n’est que 27,26 ans – et de 26,78 pour le groupe de 16 joueurs – ce qui en fait, à une exception près, la plus jeune sélection des quatre demi-finalistes. Dans le groupe, on ne compte que quatre trentenaires : Briels (32 ans), Vanasch, Cédric Charlier et John-John Dohmen (tous les trois 31).

L’expérience de Briels et Cie, toujours au sommet de leur condition physique, associée aux jeunes talents que sont Arthur Van Doren (24 ans, déjà élu deux fois meilleur joueur du monde et qui affiche déjà 178 sélections), Victor Wegnez (23 ans, élu meilleur joueur de l’EURO), Alexander Hendrickx (26 ans), Antoine Kina (23 ans) et Arthur De Sloover (22 ans), forme un mix idéal. En outre, d’autres jeunes comme Augustin Meurmans (22 ans), Nicolas Poncelet (23 ans) et Maxime Plennevaux (26 ans) attendent leur tour en coulisses.

Comme la sélection olympique ne peut comporter que 16 joueurs (contre 18 à l’EURO), les places seront chères. Personne ne pourra se reposer sur ses lauriers, et cela tirera encore davantage le niveau vers le haut. D’autant qu’au cours des deux prochains mois, on travaillera encore les points faibles (physique et/ou technique) de chaque joueur – encore un avantage de la qualification directe pour Tokyo. Ce n’est pas pour rien si cette qualification était encore considérée comme plus importante par le staff technique que le titre européen.

Shane McLeod réfléchit toujours deux étapes avant les autres.  » Si vous n’en voulez pas plus, vous stagnez « . Il a aussi insisté sur le fait que, après un titre mondial et européen, il faut toujours dévaler une pente pour la réescalader par la suite. La prochaine ascension sera celle du Mont Olympe, au sommet duquel la plus belle des médailles attend. Celle en or, espérons-le.

Frénésie

Les Red Lions l’ont eux-mêmes reconnu : le titre mondial conquis en Inde était beau, mais sans commune mesure avec le sentiment jubilatoire éprouvé en remportant le Championnat d’Europe à domicile. Cinq matches d’affilée disputés dans un stade comble devant 7.500 supporters, dans une ambiance de feu, ça marque les esprits. L’euphorie qui s’est emparée du public lors du retournement de situation contre l’Allemagne, en particulier, était magique. Indépendamment du résultat sportif, c’est peut-être la plus belle victoire conquise lors de cet EURO : une véritable frénésie s’est emparée du hockey belge. Les supporters s’identifient avec des joueurs qui montrent l’exemple dans bien des domaines.

Shane McLeod y a fait référence pendant son speech qui a précédé la finale, en évoquant ce que les All Blacks, la légendaire équipe nationale de rugby, avait représenté pour son pays. Ils ont inspiré des générations entières de Néo-Zélandais, par leur enthousiasme, leur discipline, leurs particularités culturelles et leur fierté nationale. Ils ont hissé le rugby au rang de phénomène. Dans notre pays, où le football et le cyclisme sont de loin les sports les plus populaires, les Red Lions n’auront sans doute jamais le même impact que les All Blacks en Nouvelle-Zélande, mais ils ont déjà réussi à placer le hockey belge sur la carte. Ce n’est déjà pas si mal.

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