Legear, un Diable fiable ?

A-t-on raison de penser que Jonathan Legear a tout pour réussir en PremierLeague ? Qu’il pourrait très vite, sur le flanc droit, devenir un émule du Gallois Gareth Bale des Spurs ? Il a certes son prénom pour lui, sa bonne humeur, son casque d’or, sa vitesse de course et la qualité de ses passes et de ses centres. Et ses feintes, sur et en dehors du terrain. Sa philosophie du jeu aussi. Quand Anderlecht est trop défensif, il ose le dire. Et puis, surtout, il a déjà crevé l’écran sur la scène européenne.

Contre lui, il y a ses bobos récurrents aux ischio-jambiers (l’arrière de la cuisse pour les nuls en géographie) : des contractures, des déchirures voire des claquages. Il se bloque parfois aussi le dos et – forcément – ses apparitions ont été bien trop rares chez les Diables Rouges. A cause de ces blessures mais aussi de la haine corse que René Vandereycken voue à tout ce qui est mauve. Avec Georges Leekens, Jona a reçu sa chance et c’est beau à voir. Mais son avenir dépend de sa santé. Jusqu’à récemment, on se disait que Legear avait des muscles de cristal et qu’il sortait trop, avec pour conséquence que sa carrière tournait… carré. Mais soyons sérieux. Si un pro de 23 ans (24 en avril) ne sait pas ce qui est bon pour lui, il peut aller se rhabiller. Définitivement. Le problème était peut-être ailleurs.

Après lui avoir demandé de surveiller son régime, de boire beaucoup d’eau et de faire du stretching même en dormant, le staff médical des champions a mis le doigt sur un défaut morphologique du joueur. Il a une jambe plus courte que l’autre et c’est ce déséquilibre-là, pas un autre, qui lui pose problème. Une talonnette dans la chaussure et ça repart. Legear est au Sporting depuis 2004 et on vient seulement de se rendre compte d’une des premières choses que l’on vérifie en médecine sportive !

Mieux vaut tard que jamais, mais quand même. Et puis, la médecine n’étant pas une science exacte, on n’est même pas sûr que ce sera la solution. Après son exhibition gantoise, si Jona ne demande pas un changement en Russie, c’est que ses guibolles tiennent le coup mieux qu’avant. Croisons les doigts pour lui !

Par rapport à la Premier League, Legear fait en tout cas penser à Dennis Law, vraie star électrique des sixties. Même coupe de cheveux, même vitesse de sprinter, même bonne tête sympa. Mais centre-avant. Law, né en 1940, est le fils d’une famille de pêcheurs d’Aberdeen. Sept enfants, vie difficile et le foot pour s’en sortir. Il a joué à Huddersfield (D2), Man. City et Torino mais surtout pour Man. Utd (le club lui a recensé 236 buts en 11 saisons !) et l’équipe au Chardon (55m/30b). Lancé à 18 ans en équipe d’Ecosse par Matt Busby, c’est lui qui le lance aussi à Manchester United où il devient une légende. Surnommé The King, Law est statufié à deux endroits à Old Trafford (une fois érigé seul et l’autre en compagnie de Georgie Best et Bobby Charlton).

Il courait le buste droit et quand il marquait, pointait le ciel du doigt. En jouant, il coinçait aussi les manches de son maillot entre ses doigts repliés et la paume des mains, son geste le plus facilement imitable par ses hordes de fans et qui fit école. Avec Man. Utd, il a gagné une FA Cup et deux titres. En 1964, il était Ballon d’Or européen et jouait dans l’équipe du monde contre l’Angleterre à Wembley. Blessé au genou, il ne participa pas au couronnement des Busby Babes, en C1 en 1968 contre Benfica. Mal opéré du ménisque en 1965 après une blessure dans un match contre la Pologne, son club le força à jouer à coups d’injections de cortisone au lieu d’être réopéré comme la faculté l’avait préconisé. Mais le joueur n’avait pas été mis au courant du diagnostic et il ne repassa sur le billard qu’au printemps 68. Le Moyen Age footballistique alors que la révolte grondait dans les universités…

Law termina sa carrière à Man. City en 1974. Depuis, The King a été fait docteur honoris causa de l’université d’Aberdeen, a eu 70 ans en février dernier et est toujours l’idole de Sir Alex Ferguson, mais n’en tirez aucune conclusion. Ou bien, oui ?

PAR JOHN BAETE

Legear fait penser à Dennis Law, star électrique des sixties.

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