Malgré un dépôt de brillantine et une coupe obsolète, le Teuton d’origine tunisienne bouffe la feuille depuis plusieurs mois. Infatigable et accrocheur, le n° 24 des Merengues surfe toujours sur son bel été sud-africain.
Une carrière tient à peu de choses, Sami Khedira vous le confirmera. Quand d’un tackle rugueux, Kevin-Prince Boateng bousille la cheville de Michael Ballack lors de la finale de la Cup (le 15 mai dernier), le nom de l’actuel milieu récupérateur du Real Madrid est familier des amoureux de la Bundesliga mais pour le reste…
Quant à Joachim Löw, il sait dès l’annonce de la gravité de la blessure de son capitaine qu’il va devoir aligner son troisième larron. Le milieu récupérateur de Leverkusen Simon Rolfes étant blessé depuis janvier. Khedira s’envole donc pour l’Afrique du Sud avec le statut de titulaire et une expérience limitée sous le maillot de la Mannschaft. Sa première cap n’a même pas un an, et date du 5 septembre 2009 face aux Bafana Bafana. Mais ce fils d’un père tunisien et d’une mère allemande n’est pas un novice : près de 100 matches au compteur en Bundesliga à seulement 23 ans, champion avec Stuttgart – son club depuis ses huit ans- saison 2006-2007 lors de laquelle il inscrit le but du sacre sur la pelouse de Cottbus (1-2), et surtout le titre de champion d’Europe des -21 ans en 2009 le brassard de capitaine au biceps.
Khedira est le leader d’une génération teutonne -21 exceptionnelle qui écrase en finale l’Angleterre (4-0) avec en son sein Mesut Özil, Jerome Boateng, Marko Marin ou Manuel Neuer, tous des joueurs que Löw emmènera au mondial.
Il envoie l’Allemagne sur le podium
En Afrique du Sud, l’Allemagne émerveille rapidement l’assistance et brise son image, teintée de clichés, d’une nation au jeu calculateur et froid. Pour cela, la Mannschaft peut compter sur les dribbles d’Özil, les infiltrations de Thomas Müller, ou la force de frappe de Bastian Schweinsteiger. Khedira est, lui, davantage en retrait, son jeu moins spectaculaire, mais dès la première démonstration face à l’Australie (4-0), de nombreux observateurs tombent sous le charme de ce 6 qui multiplie les courses aux quatre coins du terrain et ne perd quasi aucun ballon.
» Il apporte une symétrie au jeu « , dit de lui son sélectionneur. Au côté de Schweini, véritable baromètre de cette séduisante Allemagne, le futur Merengue arrache le cuir, fait parler sa taille et sa puissance (1m89/81kg), et est souvent le premier relanceur des fulgurantes contre-attaques allemandes. Seule ombre au tableau, sur le but qui les élimine en demi contre l’Espagne, Khedira est devancé de la tête sur coup de coin par Carles Puyol qui lui rend pourtant 11 cm. Quelques jours plus tard, il se rachète et d’un coup de boule envoie l’Allemagne sur la troisième marche du podium devant l’Uruguay. Ce premier tournoi chez les grands est un succès pour cette Allemagne black-blanc-beur dont Khedira est une indiscutable figure de proue.
Package Khedira-Özil
La mode estivale est teutonne et les grands clubs européens veulent mettre la main sur ses plus belles pièces. Chelsea et le Real se disputent Schweinsteiger mais le Bayern Munich réplique par un Nein catégorique. José Mourinho n’en a cure et jette son dévolu sur Khedira qu’il signe fin juillet pour cinq ans et une broutille (14 millions en transfert) par rapport aux normes madrilènes, avant de faire de même pour Özil dont le transfert avoisine le même montant (16).
Deux joueurs prometteurs pour 30 millions, voilà qui met un terme à la politique Galactique peu concluante des dernières années. Et les résultats ne se font pas attendre : Özil met Bernabeu dans sa poche en quelques dribbles et arabesques alors que Khedira est louangé à plusieurs reprises par The Special One : » On avait besoin de quelqu’un qui apporte du poids et nous permette de rester compact. Sami est très fort physiquement et parfaitement discipliné. »
Depuis son arrivée, les cuisses de taureau de Khedira continuent à tourner à plein régime malgré un Mondial éprouvant qui l’a vu parcourir 67 bornes en 7 matches (record du tournoi !) pour un déchet au niveau des passes de seulement 20 %.
Parfaitement complémentaire dans le milieu aux côtés de l’élégant quarterback Xabi Alonso, le néo-Madrilène laisse donc peu de place à Lassana Diarra qui doit admirer la belle mécanique allemande du banc. Petit bémol quand même à ces débuts mirifiques, Khedira s’est fait sermonner par son président, Florentino Perez après être passé devant un groupe de supporters merengues sans les saluer. Il ne reste plus qu’à s’occuper de sa coupe de cheveux…
PAR THOMAS BRICMONT – PHOTO: BELGA
» On avait besoin de sa force et de sa discipline. «
(José Mourinho)
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