Pierre Bilic

Le sport-roi a entamé son nouveau règne le 21 juillet : tout un symbole…

Waar is dat feestje, hier is dat feestje ! Ce refrain a constitué l’hymne national de la D1 la saison passée. Il a surtout été repris en choeur à Genk ou au Standard, deux clubs qui se sont attribué les plus beaux bouquets de 2010-2011 ; celui du titre pour l’un, de la Coupe pour l’autre.

Par Pierre BILIC

Waar is dat feestje, hier is dat feestje ! Ce refrain a constitué l’hymne national de la D1 la saison passée. Il a surtout été repris en choeur à Genk ou au Standard, deux clubs qui se sont attribué les plus beaux bouquets de 2010-2011 ; celui du titre pour l’un, de la Coupe pour l’autre. Les fêtes ont fait le bonheur de leurs supporters mais le réveil a engendré un sacré lot de questions à travers tout l’univers du football belge. C’est dans ce climat et celui de la Supercoupe (Genk-Standard) que le sport-roi a entamé son nouveau règne le 21 juillet : tout un symbole noir-jaune-rouge.

Pourtant, la Ligue pro, donc la D1, cherche un nouveau Premier ministre depuis qu’ Ivan De Witte, grand manitou des Buffalos, s’est retiré sous son tipi gantois. Il était temps, selon ceux qui exigent un top indépendant. Le gouvernement de l’élite est faible alors que les soucis s’entassent comme des stratocumulus. Et comme les trois coups de 2011-2012 ont été donnés le jour de la Fête nationale, cela fait penser à certains passages du discours royal destiné au monde politique mais qui, dans d’autres contextes heureusement moins graves, devraient faire réfléchir la famille du foot.

« Un des atouts importants de la Belgique, depuis la Seconde Guerre mondiale, est son rôle au sein de l’Europe. Cela nous a valu de devenir de fait, comme pays, la capitale de l’Europe et de jouer un rôle moteur dans cette formidable aventure qu’est la construction européenne », a déclaré le Roi Albert II. La D1 vit à des années lumières de ces grandes aventures continentales. Est-elle devenue un des centres de formation des géants d’Europe ? Certainement. On peut le déplorer ou y trouver des sources de motivation. Genk a été mis au pied du mur par Thibaut Courtois recruté par Chelsea avant d’être prêté à l’Atletico Madrid. Les Limbourgeois ont palpé neuf millions d’euros pour ce transfert mais ils auraient préféré garder leur portier une saison de plus pour aborder la Ligue des Champions. Le Standard a changé d’actionnariat avec la venue de Roland Duchâtelet à la place de Luciano D’Onofrio et de la famille Louis-Dreyfus, le duo marquant de l’histoire de Sclessin de 1998 à 2011. Les Liégeois ont cédé le talentueux Axel Witsel, entre autres, qui laisse un grand vide. Cette fuite de cerveaux prouve que nos clubs n’ont plus les moyens de leurs ambitions malgré un contrat télé revu à la hausse via la venue du ticket Voo-Telenet. Avec le soutien de Jean-François de Sart, José Riga cherche d’autres chemins de jeu que ceux de Dominique D’Onofrio et Sergio Conceiçao. Combien de temps faudra-t-il pour y arriver ?

Anderlecht ne serait pas Anderlecht si les Mauves ne rêvaient pas d’un nouvel écusson national. A condition d’élever un niveau de jeu souvent décevant la saison passée, ils seront les favoris de la course au titre mais eux aussi, surtout même, ont été cités sur tous les marchés internationaux : Romelu Lukaku y a vite eu valeur d’or, une fortune indispensable pour l’avenir du club. Courtois, Witsel et Lukaku ont été formés en Belgique. Il y a donc du talent et de la compétence chez nous.

Le moment est venu de fondre tout cela dans une vision commune portée par la Ligue pro. En espérant que Charleroi revienne vite en D1, il ne faudra pas oublier les petits clubs. Applaudi lors de son retour, Mons a pu mesurer l’étendue de sa solitude. Les sponsors institutionnels ont mis tous leurs £ufs dans le panier des quatre grands de la D1. Les autres clubs doivent souvent se contenter des miettes du marché publicitaire ; c’est mortel à longue échéance. Tout le monde doit vivre en D1, pas seulement Anderlecht, le Standard, Genk et le Club Bruges.

« Le moment est venu où le vrai courage consiste à chercher fermement le compromis qui rassemble, et non à exacerber les oppositions » : cette phrase d’Albert II doit inciter la Ligue pro à sortir de son sommeil pour se pencher sur ce problème. Si c’est le cas, le 21 juillet n’aura pas servi qu’à la Supercoupe…

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