Le panache Baby Schumi

Retour sur l’exploit du jeune pilote allemand.

Même si les records sont faits pour être battus, le GP d’Abu Dhabi 2010 restera dans les annales. Pour la première fois depuis que le championnat du monde existe – 60 ans – pas moins de quatre pilotes pouvaient être couronnés à la veille de l’ultime confrontation. Et la course disputée dans un décor des mille et une nuits a consacré le plus jeune n°1 mondial de tous les temps : champion à 23 ans 4 mois 11 jours, Sebastian Vettel a fait mieux encore que Lewis Hamilton lauréat alors qu’il avouait 23 ans 9 mois 26 jours.

Au-delà des chiffres, il y a la manière. Le nouveau n°1 mondial a ajouté un solide zeste de panache à sa consécration en survolant ce rendez-vous, tant aux essais qu’en course. Seule la guigne pouvait battre ce Vettel-là et elle a eu la bonne idée de ne pas s’intéresser cette fois au jeune Allemand. Celui-ci a appliqué une tactique qui avait notamment réussi à Alain Prost en 1986 dans les rues d’Adelaïde :  » Je devais gagner en Australie pour battre Nigel Mansell et Nelson Piquet et je n’ai pensé à rien d’autre durant tout le week-end « , se souvient le Professeur. Le sociétaire du team Red Bull-Renault n’avait guère le choix à Abu Dhabi : il devait faire la course en tête et espérer que ses rivaux se prennent les pieds dans le tapis. Les faits ont largement dépassé ses attentes…

Ferrari a trop marqué Webber

Trois autres pilotes restaient en lice pour le titre à la veille de ce 19e rendez-vous : Hamilton, Mark Webber et Fernando Alonso. Alors qu’ils occupaient les positions les plus confortables, les deux derniers sont passés à côté de leur sujet. Nerveux, peu en confiance, sentant aussi – sans l’avouer, il se méfiait… – que le team préférait son équipier, le grand Australien n’a jamais fait figure de véritable prétendant à la médaille d’or. Ayant abimé une jante en frôlant de trop près un muret, il a dû revenir fort tôt au stand, ce qui a précipité la défaite de… Ferrari. Les stratèges italiens ont en effet commis l’erreur de calquer leur tactique sur celle de Webber, négligeant les deux autres ténors mais aussi des pilotes comme NicoRosberg, Robert Kubica et le surprenant Vitaly Petrov qui ont brouillé les cartes en s’invitant dans le groupe de tête. Qui sait ce qu’il serait advenu si Alonso avait retardé un changement de pneus d’autant moins nécessaire que l’Espagnol était alors le plus rapide en piste ? Comme il l’a souligné lui-même, réécrire l’histoire ne mène à rien :  » Après coup, il est toujours facile de dire ce qui aurait été le mieux. Je me suis protégé d’un rival mais je me suis retrouvé derrière deux autres…  »

Jouer les moralisateurs

Le dernier larron a comme toujours jeté toutes ses forces dans la bataille mais sans parvenir à inverser la tendance : il manquait un petit quelque chose à la McLaren-Mercedes de Hamilton – et de son équipier Jenson Button – pour inquiéter la Red Bull-Renault du futur champion. Celui-ci l’a d’ailleurs clairement montré en reprenant aisément ses distances quand son rival est revenu à moins de 3 secondes.

Au final, le couronnement de Baby Schumi ne souffre guère la contestation : ce gamin dont tous ses proches vantent la maturité, la gentillesse et la simplicité, était le plus fort ; il pilotait la meilleure monoplace et s’appuyait sur une équipe tout acquise à sa cause. On regrettera juste que les dirigeants de Red Bull – notamment le grand patron Dieter Mateschitz et le manager Christian Horner – aient éprouvé le besoin de jouer les moralisateurs et de donner des leçons d’éthique sportive aux autres formations, Ferrari en particulier, alors que leur politique interne pouvait aussi prêter le flanc à la critique, demandez donc à Webber…

Les regards sont désormais tournés vers une saison 2011 qui débutera à Bahreïn à la mi-mars. D’ici-là, le paysage aura évolué puisque le team Renault devrait disparaître en tant que tel pour laisser la place à une association avec Lotus. La Belgique sera-t-elle représentée sur la grille avec Jérôme D’Ambrosio ? Réponse dans les prochaines semaines…

PAR ÉRIC FAURE – PHOTO: REPORTERS

 » La politique interne de Red Bull prêtait aussi le flanc à la critique. « 

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