Henri Depireux, alias le King. Tant comme joueur que comme entraîneur! Que de clubs, que de voyages, que de péripéties . Ce n’est plus un C.V. mais un carnet de route digne de ceux du bourlingueur. Titulaire à 16 ans au FC Liégeois, il passe ensuite au Standard puis au Racing White, puis au RWDM et enfin, de nouveau au Club de Liège pour boucler la boucle. Partout, Henri fut le King. Un surnom dont on ne connaît plus très bien l’origine mais dont il n’est pas bien difficile de la deviner pour peu qu’on connaisse le côté un peu fanfaron du personnage. Fanfaron plus par amour du panache d’ailleurs que par vanité! Henri a toujours usé de son goût de la vantardise comme d’une arme de séduction et de rigolade.

Depireux, c’était le talent à l’état pur, un surdoué, l’esthète, le vrai numéro dix : dribbleur de charme, joueur de classe, spécialiste des coups de pieds arrêtés. Que de petits et grands ponts dans l’architecture de son football.

Si son art et sa technique feront partout l’unanimité, Henri suscitera aussi pas mal d’envie et de jalousie. Il prend trop de place et veut être le King partout où il passe. Et comme il est fondamentalement bon garçon, il n’a pas toujours conscience que son comportement puisse être une source de frustration permanente chez ceux à qui il chipe la vedette.

Devenu entraîneur à 37 ans, Henri Depireux sera confronté aux mêmes problèmes de stabilité et de crédibilité que dans sa carrière de joueur. Tout le monde lui reconnaît du feeling, de l’enthousiasme, de la compétence mais pas un seul grand club belge ne lui accorde sa confiance. Le plus souvent, il doit s’exiler pour trouver du travailou se contenter de clubs moins en vue: UR Namur, Winterslag, Belenenses (deux fois) et Bellinzona (deux fois), RJ Wavre, Red Star Paris, le Cameroun, les FAR du Maroc (deux fois), le Standard (intérim victorieux avec Jean Thissen), les Emirats Arabes, le FC Liège et enfin Visé! Oufti!

Malgré des succès retentissants notamment au Portugal et au Cameroun, les dirigeants le considèrent comme un conflictuel, mais il est un peu victime d’un mauvais procès. Son seul tort consiste souvent à mettre maladroitement en lumière l’inconsistance de certains dirigeants. Par son franc-parler, sa forte personnalité auprès des joueurs, son charisme auprès de la presse et des supporters, il menace et égratigne le pouvoir…

Henri Depireux, c’est une grande gueule et quand il l’ouvre ça fait du bruit! Pour lui, le compromis est ressenti comme une compromission surtout quand il est confronté à l’incompétence de certains dirigeants. Son erreur a peut-être été de croire qu’il est possible de détenir la vérité absolue et de ne pas revenir sur ce qui a été dit dans un moment d’émotion. La concession est quelque chose qu’Henri vit comme un échec personnel et peut être même comme un signe de faiblesse Or, un King se doit d’être fort et intransigeant. C’est son image qui est en jeu!

Lui, qui aime tellement qu’on le prenne comme il est, éprouve les pires difficultés à adopter cette même attitude vis-à-vis de ses interlocuteurs. Dès lors, il fait peur et ceux qui ne l’aiment pas en profitent pour médire de lui. Conclusion: il se fait dribbler par moins fort et doit bien admettre qu’il n’a pas eu la chance qu’il espérait tant.

On l’appelle quand la situation est tellement critique qu’il faut être le King pour relever le défi. Et voilà notre Tchantchès du foot qui repart au combat avec le même feu. Cela confine presque à la candeur.

Car derrière l’indestructible King, il y a l’écorché vif, le grand sensible, le généreux, le fidèle parmi les fidèles en amitié, et plus que probablement le meurtri parce que jamais suffisamment reconnu à sa juste valeur. Envers et contre tout, le King a su garder intactes en lui les vertus d’enfant de la balle et de la rue qu’il a été. C’est ce qui fait d’ailleurs son charme et un peu son malheur: – Vieillir sans être adulte, chante Jacques Brel. Un défi mille fois plus compliqué à relever que de reprendre Visé au pied levé.

Un conseil pour finir: si, dans votre société ou votre club, vous êtes cerné de faux culs et de gens de mauvaise foi que vous ne pouvez identifier à coup sûr, engagez Henri Depireux. Par sa seule présence, il les fera tous sortir de leur trou!

On l’appelle quand la situation est tellement critique qu’il faut être le King pour relever le défi

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