LE GRAND BELGIC CIRCUS

Ce n’est pas la première fois que l’URBSFA rêve de gloire en engageant un ex-champion du monde 1998 ! En 2009, Alain Courtois avait sorti de son chapeau un lapin nommé Christian Karembeu : lapin chargé de toucher la sensibilité (sic) des pays africains et océaniens, pour défendre la candidature belgo-néerlandaise à l’organisation du Mondial 2018 ou 2022.

Ce fut sans succès, et l’insuccès n’était évidemment pas à mettre sur le dos costaud de Karembeu : mais on pouvait sourire, voire ricaner, à l’idée d’un lien affectif et enthousiaste entre un footballeur kanako-français et un rêve belgo-néerlandais…

Voici venu le tour de Thierry Henry, et pourquoi pas si c’est pas cher, c’est aussi comme ça qu’on gagne au Lotto ! Hier attaquant d’exception, peut-être qu’Henry a un piège à goals, un joujou extra qui fait crack-boum-but, …pourvu que ça se transmette, comme ça, rien qu’en causant persuasif, à Romelu Lukaka ébloui ou à ses concurrents !

J’ai lu que Titi allait leur expliquer comment on fait pour gagner (sic), touchons du bois pour que la vie footeuse soit si simple, …et pour que ce ne soit pas l’inverse. C’est-à-dire qu’Henry, en bossant, comprenne peu à peu pourquoi, en foot, on n’est pas toujours dans le camp des gagnants, ce serait alors lui qui aurait progressé : auquel cas je suggère qu’a posteriori, il nous reverse même un minerval en nous quittant.

Mais laissons faire, et surtout envoyons paître ceux qui se scandalisent qu’on ait engagé un tricheur (sic) : la Main de Titi, historique et irlandaise, c’était un détail, une main presque normale dans un monde footeux où la tentative de triche est institutionnalisée et génératrice d’engouement : en chaque footballeur sommeille, HÉLAS ! un tricheur instinctif…

Je pense qu’Henry servira plutôt à compenserRoberto Martínez. Au vu du profil balèze exigé au départ par l’URBSFA pour le nouveau T1, on espérait presque Louis van Gaal ou un mage du même acabit, …ça ne s’est pas fait : Titi va corriger le manque de glamour de Martínez, apporter les paillettes que traquent désormais nos dirigeants pour nos superstars exilées. Un coach espagnol, un T2 anglais, un T3 français, un entraîneur de gardiens espagnol aussi, c’est un peu Le Grand Magic Circus, peut-être est-ce l’époque qui veut ça. Mais c’est surtout à l’opposé d’une conviction chez moi ancrée profondément. Et ça me turlupine…

D’une part, toute victoire d’équipe est celle d’un noyau de joueurs et d’un staff RÉUNIS : on ne cesse d’ailleurs de vanter cet aspect fusionnel pour attester des valeurs de notre cher sport. Et d’autre part, une équipe nationale concerne les ressortissants d’une nation : ce qui la différencie d’une équipe de club, où l’accent est désormais mis sur la multiculturalité (et le pognon).

Si les composantes d’une nation deviennent multinationales, Mondial et Euro n’auront plus aucune spécificité, aucun charme, par rapport aux compétitions interclubs : c’est une grande menace, qui concerne autant les naturalisations affairistes de joueurs (remember Luis Oliveira, Josip Weber and Co), que la composition d’un staff. Chers compatriotes supporters, redoutez même qu’un jour, les matches des Diables at home se jouent à Madrid ou à Londres, avec vente prioritaire des tickets à des supporters étrangers : des supporters TRANSFÉRÉS à votre détriment !

Le choix de Martínez et de sa bande, c’est un peu d’âme en moins et de bizness en plus. C’est une équipe nationale belge qui devient une équipe internationale belge. D’accord, c’est paraît-il pour tenter de gagner le Mondial 2018, et seule la victoire est jolie… N’empêche : si nous décrochons la 20e Coupe du Monde, ce sera une victoire un peu beaucoup moins belge que si ça se produisait avec Marc Wilmots, Michel Preud’homme, Hein Vanhaezebrouck, ou même le vieux et Long Couteau !

Ceci dit (suis-je lucide ou rabat-joie ? ), je dois quand même signaler qu’aucun des 19 Mondiaux depuis 1930 n’a vu la victoire d’un pays coaché par un étranger (*). Peut-être qu’en fin de compte, ça porte malheur ?

(*) …et même le coach finaliste battu ne fut qu’une seule fois un allochtone : l’Anglais George Raynor, avec la Suède en 1958…

PAR BERNARD JEUNEJEAN

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