Le foot belge sort ses jokers

L’immense majorité des fans ont découvert Jan Vertonghen samedi dernier contre le Portugal. D’ordinaire joueur des Espoirs de Jean-François de Sart, le grand gaucher d’1,89 m fêtait sa première sélection contre le Portugal. Pas maladroit ce gaillard aligné sur le flanc gauche de l’entrejeu : du coffre, de l’intelligence de jeu, un grand sens de l’anticipation qui lui permet de masquer son manque d’explosivité. Et une bonne frappe comme le prouva de façon involontaire et anecdotique l’ex-joueur du Germinal Beerschot qui s’était envolé pour Jong Ajax il y a deux ans. Dans un match contre Cambuur, il voulut remettre le ballon au gardien adverse suite à la blessure d’un de ses joueurs. Sa frappe de 40 mètres fut tellement pure qu’elle loba le gardien !

Vertonghen partit ensuite pour le RKC Waalwijk où il joua régulièrement et convainquit de Sart de le reprendre,… surtout comme stoppeur. Il figure d’ailleurs comme défenseur dans la sélection officielle de l’Union Belge. C’est vrai qu’il s’essaya à la combinaison défense/milieu pendant sa jeunesse, mais n’est-il pas typique – pour René Vandereycken – de le reprendre chez les Diables comme médian ? On peut faire les comptes comme on veut, Maître René a de nouveau remis une couche de protection contre le Portugal avec trois médians défensifs : le ci-devant Vertonghen, Marouane Fellaini et Gaby Mudingayi. Fellaini est sans doute plus un médian box to box que les deux autres (témoin son très beau premier but international), mais trois baby-sitters pour le duo de défenseurs centraux Philippe ClementTimmy Simons, ça fait beaucoup. Deux médians défensifs si on joue en 4-4-2 et un si on joue en 4-3-3, ça doit suffire. Mais dans ces deux cas, il faut jouer avec des vrais flancs…

Bref, Vandereycken a de nouveau fait preuve de manque d’agressivité offensive. Plus loin dans ce magazine, Marc Wilmots a très justement rappelé à Pierre Danvoye (p. 14), que les Diables ne jouent plus pour la gagne depuis l’époque où Robert Waseige était à leur tête. En ce temps-là, il y avait plus de Diables devant le ballon que derrière. Aujourd’hui, quand on récupère le cuir on ne sait pas trop à qui le passer… bien que ce fut meilleur que jamais samedi passé. La construction y est bâclée et les attaquants ne sont pas assez souvent alertés. Pourtant, le jeune talent est présent en Belgique. L’interpénétration Diables Rouges-Génération Espoirs le prouve : Thomas Vermaelen, Vertonghen, Fellaini et Steven Defour n’étaient pas les moins bons Diables samedi. Même en sachant que – malheureusement – Defour ne jouera pas l’EURO des -21 qui débute cette semaine aux Pays-Bas (de Sart a estimé que son abstention n’était pas dramatique vu le niveau de son entrejeu), on ne peut s’empêcher d’être extrêmement curieux de voir de quelle manière ils vont s’en tirer. Ils ont non seulement la possibilité de remporter le tournoi, mais également celle de se qualifier pour les Jeux Olympiques de 2008 à Pékin. Ce dernier objectif représenterait en cas de réussite une aventure médiatique qui ferait vraiment exploser l’image du foot belge.

Dans ces années de disette au niveau des Diables Rouges, les Espoirs sont les jokers du foot belge. Leur destin est tout tracé : en l’absence de qualifications et de performances de leurs aînés depuis le Mondial 2002 en Asie, ils prennent la relève dans les jours qui viennent : contre le Portugal ce 10 juin, Israël le 13 et les Pays-Bas le 16. Au premier tour, pour commencer. Dimanche dernier en amical à Malines, ils ont pulvérisé le Luxembourg 8-0. Un résultat anecdotique, mais la composition ne l’était pas : les Espoirs ne jouaient pas avec trois médians défensifs, eux.

PAR JOHN BAETE

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