Le foot anglais d’en bas

Les stars de la Premier League ont laissé Wembley à leurs collègues des divisions inférieures le temps d’un dimanche.

Londres se remet difficilement de sa nuit en ce dimanche ensoleillé de début de printemps. Pourtant les Jubilee et Metropolitan Line du métro sont bleues de monde. Et pour cause, le mythique stade de Wembley est sur son 31 pour accueillir les Poshs de Peterborough (League One) et les Spireites de Chesterfield (League Two), finalistes du Football League Trophy, une coupe qui oppose les clubs de D3 et D4 anglais.

L’arrivée à la station Wembley Park est impressionnante. L’unique sortie de métro vomit en continu un flot de fans attifés aux couleurs de leurs favoris. Face à nous, le temple du foot anglais se déploie majestueusement, surplombé de son arc caractéristique.

La rencontre ne débute pas avant deux heures et pourtant les pubs des environs sont déjà bondés. Au  » Torche « , rendez-vous des supporters de Chesterfield, les chants à la gloire des Spireites se font déjà entendre et des colosses aux bras couverts de tatouages font confiance à leur vessie en s’enfilant méthodiquement des seaux de Carling d’un litre.

Le temps de les imiter, muscles et tatoos en moins, il faut déjà rejoindre nos places. En route, une sosie d’Annie Cordy qui a abusé du banc solaire nous déleste de quelques pounds en faveur d’une association qui aide les victimes du cancer de la prostate. On a bien fait de ne pas traîner : sur la pelouse, l’avant-match est à la hauteur de nos attentes.

Pompomgirls, générateur de flammes lors de l’entrée des joueurs sur la pelouse : on ne lésine pas sur le spectacle. La soprano Natalie Coyle entame un  » GodsavetheQueen  » repris par les 35.663 spectateurs présents. Frissons garantis. Sur l’écran géant apparaît alors Sir Alex Ferguson.

L’homme aux treize titres de champion d’Angleterre n’est pas là par hasard, son fils, Darren, est le coach de Peterborough mais sa présence n’augure rien de bon : jamais depuis le début de la saison les Poshs ne se sont imposés sous son regard. Le début de match va pourtant à l’encontre de cette malédiction.

Alors que l’arbitre ferme les yeux sur un penalty flagrant en faveur de Chesterfield dès la troisième minute, Tommy Lee, le gardien des Spireites, se troue sur un corner quelques minutes plus tard et Josh McQuoid en profite pour donner l’avance à Peterborough. Si le kick and rush est généralement de mise à ce niveau, les deux équipes de cet après-midi sont réputées joueuses et on assiste à quelques belles combinaisons.

C’est néanmoins sur corner que Peterborough double la mise peu avant la mi-temps, sur une tête de Shaun Brisley. Nous avons à peine le temps d’acheter une pie et un café que la mi-temps repart sur les chapeaux de roues. Chesterfield réduit le score via Eoin Doyle et l’espoir renaît d’autant plus chez les Spireites que Peterborough est réduit à dix à 20 minutes de la fin.

Mais c’est sans compter sur Britt Assombalonga. Acheté 1,8 millions d’euros en début de saison, le striker anglo-congolais a déjà claqué 27 buts cette saison et, sur une accélération à la Cristiano Ronaldo, provoque un penalty qu’il convertit lui-même (1-3). Le match est plié et la coupe s’en va à Peterborough. En quittant le stade, les Poshs nous l’assurent le sourire au lèvre :  » We’llbebacksoon  » !

De fait, relégués à la dernière minute du dernier match de la saison dernière, les Poshs peuvent toujours viser les play-offs qui se jouent à Wembley et espérer faire leur retour en Championship. Sir Alex pourra venir, la malédiction est brisée.

PAR JULES MONNIER – PHOTOS : MARC DEJARDIN

Des colosses aux bras couverts de tatouages s’enfilent méthodiquement des seaux de Carling d’un litre.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire