Bataillant ferme pour emporter le titre de meilleure compacte premium, les Audi A3 et BMW Série 1 se dérivent en versions ultra-sportives. Bataille sur circuit.

Coup de démarreur : le cinq cylindres en ligne turbo de l’Audi annonce la couleur en grognant déjà toute sa rage ! Encore plus si l’on appuie sur le bouton  » S  » situé sur la planche de bord. Avec ce mode sport enclenché, en plus d’une réponse à l’accélérateur acérée, un volet se charge de magnifier la sonorité gutturale du 2.5l TFSI de 340 ch. Pour égayer le trajet, c’est sûr, on n’a même plus besoin de radio ! Tiens, 340 ch, c’est exactement la même puissance que celle développée par le six cylindres en ligne 3.0l bi-turbo de la BMW 1M Coupé… Le match s’annonce serré !

Grâce à sa cylindrée plus importante, la béhème délivre toutefois un couple un peu plus généreux (500 Nm contre 450 Nm pour l’Audi). Pour contrer la 1M Coupé, la RS3 Sportback possède toutefois une botte secrète : sa transmission intégrale répartissant automatiquement le couple entre ses roues avant et arrière en fonction de l’adhérence des trains. Plus traditionnelle, la BMW 1M Coupé se contente de ses roues arrière pour transmettre toute la fougue de son moteur au sol. Heureusement, comme toute M qui se respecte, la Série 1 Coupé dispose d’un différentiel autobloquant destiné à aider les énormes boudins dans leur tâche… sans (trop) partir en fumée !

Bodybuilding

Avec ses ailes élargies à l’extrême, la BMW 1 M Coupé se profile comme une publicité mobile pour vanter les mérites des anabolisants ! A côté de la bestiale 1M Coupé, la RS3 paraîtrait presque sage… Hormis ses grandes jantes de 19 pouces et sa face avant largement ajourée, la RS3 reste relativement sobre. Si l’on envisage d’opter pour une de ces deux furies pour ses déplacements quotidiens, c’est sûr, on passera plus facilement inaperçu au volant de l’Audi ! Même constat à l’intérieur : la 1M se pare de nombreuses surpiqûres orange dans son habitacle alors que l’Audi joue plutôt la carte de la sobriété avec sa planche de bord austère. Par contre, côté finition et qualité des matériaux, il n’y a pas photo : la RS3 se veut plus  » bourgeoise « .

Concentration requise !

Avant de les laisser chanter jusqu’à l’extinction de voix sur le circuit de Mettet, on se régale d’abord du caractère polymorphe des deux moteurs sur la route. Leur grosse réserve de couple disponible dans les bas régimes (dès 1.500 ou 1.600 tr/min) permet de rouler avec souplesse. Dans ce cas, la consommation reste encore raisonnable (il faut tabler sur un bon 10l).

Avec sa boîte à double embrayage (seule proposition disponible) et sa transmission intégrale, l’Audi RS3 se conduit très sereinement en toutes circonstances. Même lorsque l’on ne force pas le rythme, la 1M impose quant à elle une plus grande vigilance… surtout sur les revêtements gras ! Mieux vaut alors laisser travailler l’anti-patinage électronique.

Concerto en cinq et six cylindres

Assez rigolé : la piste de Mettet nous ouvre les bras…. Il est temps de faire parler la poudre ! Avec la fonction launch control offerte par sa boîte S-Tronic, la RS3 Sportback profite de sa transmission intégrale pour s’arracher de la ligne de départ avec une surprenante vigueur. Attention aux cervicales ! Sur l’exercice traditionnel du 0 à 100km/h, l’Audi devance d’ailleurs légèrement la BMW (4,6 contre 4,9s). Se contentant d’une classique boîte manuelle à six rapports, la BM demande plus de doigté pour délivrer toute sa quintessence au démarrage. Système de stabilité déconnecté (il y a aussi un mode sport intermédiaire pour se faire plaisir en toute sécurité), il faut doser correctement les pédales pour s’arracher efficacement de la ligne de départ. Par contre, après, quel plaisir ! Voiture de compétition dans l’âme, la 1M Coupé trace ses trajectoires au scalpel avec son train avant incisif. Les roues arrière aident ensuite le bolide à s’extirper du tournant efficacement. Il faut juste rester attentif pour rattraper les ruades du train arrière si l’on ouvre les gaz trop tôt ! Le compte-tours grimpe ensuite jusqu’à la zone rouge dans une sonorité diabolique.

Tout en offrant aussi des performances époustouflantes, l’Audi se veut moins axée pilotage. Menée à la limite, elle afficherait plutôt une légère tendance au sous-virage. C’est moins fun. Mais c’est beaucoup plus accessible : avec la boîte à double embrayage en mode sport, il suffit d’accélérer, de freiner et de tourner le volant pour réaliser des tours chronos !

Si l’on cherche une sportive efficace et polyvalente, autant opter pour la RS3. Si l’on cherche, par contre, le plaisir automobile à l’état pur, la 1M prend les devants. Mais attention à tout excès d’optimisme sur la route, l’engin est plutôt du genre caractériel !

PAR JEAN-FRANÇOIS CHRISTIAENS

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