LE BUZZ REPREND

Thomas Bricmont

Après deux années difficiles, le jeune médian (21 ans) a trouvé les ressources pour répondre à nouveau présent.

Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Faris Haroun a profité de la lourde blessure du puncheur de Genk, Ivan Bosnjak lors du déplacement à Mouscron le 24 novembre, pour revenir. Mais des signes avant-coureurs, comme sa titularisation à Anderlecht lors de la plantureuse victoire des Limbourgeois (1-4), annonçaient le retour en grâce de l’international Espoir.

Jean-François de Sart lui avait toujours maintenu sa confiance malgré son absence dans le onze de Genk et il avait été à la hauteur de ses convocations. Si nos Diablotins disputeront en juin prochain la phase finale de l’Euro 2007 aux Pays-Bas, les prestations de Faris n’y sont pas étrangères. A plusieurs reprises, le milieu de terrain s’est senti pousser des ailes lors des matches de qualification, notamment face à la Grèce où ses deux buts envoyèrent la Belgique vers les barrages contre la Bulgarie.

De Sart le soutient

 » Ces rencontres ont été pour moi une véritable bouffée d’oxygène « , affirme Haroun.  » J’ai pu continuer à disputer des matches de haut niveau comme lors de notre victoire face à l’Espagne de Francesc Fabregas et d’ Andrès Iniesta. Depuis le premier jour, Jean-François de Sart m’a témoigné sa confiance et je l’en remercie. J’ai déjà hâte d’être dans quatre mois. Cette qualification est formidable pour notre génération « .

Si Haroun fait partie des cadres parmi les Espoirs, c’est qu’il n’a pas traîné à faire son trou au sein de l’élite. Arrivé du RWDM à 16 ans, il attendra seulement la majorité pour recevoir sa chance. On est alors à la fin de l’ère Sef Vergoossen : Haroun effectue ses premiers pas face à Mons et fête cette première titularisation par un but. 14 autres rencontres en tant que titulaire suivront. Le buzz autour de Haroun est lancé : bon nombre d’observateurs sont sous le charme de ce milieu de terrain complet, que l’on retrouve par ses courses aux quatre coins du terrain. Lui-même déclare dans la presse vouloir être le Kompany de Genk. Il est alors un modèle pour la jeune classe. Sa réussite précède celle des Steven Defour, Sébastien Poccognoli et autre Logan Bailly.

Vandereycken l’ignore

La saison 2004-2005 doit être pour ce jeune Bruxellois, né d’un père tchadien et d’une mère belge, celle de la confirmation. Cette campagne coïncide également avec l’arrivée de René Vandereycken à la tête du Racing. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne jouera pas en sa faveur. Pourtant, ça ne l’empêche pas de garder de bons souvenirs d’un mentor ultra professionnel :  » On est évidemment déçu de ne pas être repris. Mais Vandereycken a toujours été honnête avec moi. Avec le recul, tu comprends mieux ses choix. En tout cas, j’ai beaucoup appris sous ses ordres. C’est quelqu’un qui vit pour son métier et ne laisse rien au hasard « .

L’année qui suit n’est pas plus glorieuse. Hugo Broos succède à Vandereycken mais rien ne change. Haroun ronge son frein avec l’équipe Réserve et vit une période sombre. D’autant que son président Jos Vaessen déclare publiquement regretter la prolongation de contrat signée par le joueur une année plus tôt. La presse renchérit et parle de ses sorties incessantes depuis qu’il habite seul à Aix-la-Chapelle.  » On a vraiment raconté n’importe quoi. Ceux qui me connaissent vraiment savent que j’ai toujours vécu comme un professionnel. Aujourd’hui encore, je n’hésite pas quand j’ai du temps libre à parfaire ma condition physique en allant courir. Heureusement, l’an dernier, j’ai pu compter sur le soutien de ma famille « .

Broos le critique

L’entraîneur des Espoirs à Genk, Ronny Van Geneugden, confirme :  » Il a toujours cru en lui et n’a jamais baissé les bras. Même s’il ne jouait pas avec l’équipe Première, il avait toujours en point de mire les matches des Espoirs. C’est un joueur qui a d’énormes qualités, comme sa présence physique. Il est capable de redescendre très bas dans le jeu et se retrouver en zone de conclusion pour terminer une action. C’est véritablement un milieu de terrain moderne. Il a les qualités intrinsèques pour réaliser une belle carrière et est d’ailleurs en train de le prouver « .

Mais la saison dernière, ses apparitions sont passées inaperçues tant elles étaient rares et Broos explique :  » Faris a enfin compris ce qu’il devait faire. Auparavant, il n’était pas assez impliqué, pensait que son statut le garantissait d’une titularisation pour le prochain match. Il n’a pas su suffisamment se remettre en question. Il a cru trop tôt qu’il y était arrivé. Même en Réserves, ses prestations n’étaient pas encourageantes. C’est triste mais il a véritablement perdu un an « .

Se sentant barré, Haroun a même failli se retrouver au Sporting Charleroi mais son salaire important et les hésitations de la direction de Genk ont finalement fait capoter la transaction. Une aubaine pour ce joueur qui joue aujourd’hui les premiers rôles dans ce championnat :  » Broos a été très clair avec moi après la blessure de Bosnjak. J’ai compris que je recevrais ma chance et ça s’est confirmé « .

Depuis le match face à Lokeren, le 2 décembre, Haroun a toujours été titularisé. Son imbrication dans le onze genkois a chamboulé le traditionnel 4-4-2 qui avait fait ses preuves en début de saison. En fin de premier tour et dans l’amorce du second, Genk a lâché quelque peu du lest.  » Dans le jeu, je ne pense pas qu’on ait régressé. Pour preuve, notre match au Standard. Malheureusement, c’est à la concrétisation que cela coince. Avant, on avait quatre occasions et on en plantait trois au fond. Maintenant, il nous en faut cinq pour en mettre une « .

On devine que la lutte pour le titre trotte dans certains esprits. Le manque de possibilités offensives pourrait-elle faire pencher négativement la balance ? A fortiori si Jaja Coelho ne peut répondre immédiatement présent, ce qui semble être le cas. Faris :  » Je ne pense pas que l’on soit moins bien fourni qu’Anderlecht ou le Standard. On compte sur le banc des joueurs comme Alex Da Silva ou Goran Lubojevic qui ont déjà prouvé leurs apports. Concernant Coelho, il faut lui laisser le temps. Durant la trêve, il s’est brûlé en voulant revenir trop vite à niveau « .

La blessure de Bosnjak et le retard de condition de Coelho devraient permettre à Haroun de confirmer ses récentes prestations pleines d’à propos…

THOMAS BRICMONT

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