Pierre Bilic

Lanterne magique et lanterne rouge wallonnes…

Les clubs du sud du pays se nourrissent actuellement d’énormes différences, de joies et de peines, de course en tête de la compétition, et de présence en queue de peloton de la D1. Le légendaire reporter-mitraillette, Luc Varenne, qui aurait eu 100 ans le 8 février dernier, amoureux de l’Enfer de Sclessin, aurait tellement apprécié ce Standard-là qui, au fil des rencontres, met le grand braquet quand bon lui semble.

Même fatigué par sa qualification pour la finale de la Coupe de Belgique et déforcé par les départs du mercato d’hiver (Junior Malanda et Habib Habibou), Zulte Waregem a assumé son rôle sur la pelouse du grand théâtre mais son organisation, soignée comme d’habitude, n’a pas résisté à la patience et aux éclairs de génie des Rouches, comme ce magnifique coup-franc de Polo Mpoku. Les gars de Guy Luzon ont mis les choses au point avec la seule équipe qui a su les vaincre jusqu’à présent en championnat.

Ils tiennent fermement une lanterne magique qui donne une dimension intéressante aux images de leur jeu. Le Standard, c’est la Wallonie qui gagne avec ses jeunes talents, présents à Sclessin, mis à l’honneur lors de l’élection du Soulier d’Or (Thorgan Hazard), ou brillants à l’étranger à l’image de son frère Eden Hazard, etc. Mais il y a l’envers du décor : derrière le Standard, véritable chêne, se cache une forêt de problèmes. Le sud du pays ne compte que trois clubs en D1 : c’est trop peu. Et même si le mal ne date pas d’aujourd’hui, il y a de quoi s’interroger sur l’effacement, ou la disparition des grands dirigeants visionnaires wallons. La situation économique n’explique pas tout.

Le Standard prépare son voyage au pays des Zèbres. Le discours de Mehdi Bayat ne suffit pas à cacher la régression de son club. Charleroi compte le même nombre de points au classement général qu’à pareille époque en 2012-13. Il aurait été logique d’engranger quelques unités de plus sur sa lancée de la saison passée, avec la même équipe jusqu’en décembre. La saison passée, donc, au soir de la 26e journée, Charleroi était quasiment sauvé.

Yannick Ferrera quitta les Carolos. Luka Peruzovic et Mario Notaro terminèrent le travail. Cette fois, Charleroi tremblera bien plus longtemps avant de sauver sa peau en D1. On ne peut pas vendre tout son magasin et défiler ambitieusement avec les restes des soldes. Mogi Bayat apporte de l’argent au football belge, prétend-il. A Charleroi, il a surtout hypothéqué le capital talent du club de son frère en transférant David Pollet à Anderlecht. En cas de défaite contre le Standard, Charleroi n’aura peut-être plus que ses larmes pour regretter ses choix de janvier.

Mais les Carolos, heureusement pour eux, n’ont pas la lanterne rouge accrochée à la selle. Mons s’en occupe. Et le bon président Dominique Leone affirme même dans ce magazine qu’un des renforts était un « âne ». Une découverte de MB. Avant de placer cet animal à Mons, il avait pris le soin, via ses relais dans le vestiaire, de discréditer Enzo Scifo, de saper son aura. Mons est le club le plus pauvre de D1. Il l’est encore plus avec certains joueurs de l’écurie de Bayat que le big boss montois défend encore.

A Mons, club si sympathique, on souffre, semble-t-il du syndrome de Stockholm. L’avenir de Mons en D1 est compromis depuis des mois. Il l’est tout autant depuis le coup de gueule de Leone qui en a assez de mettre la main au portefeuille. Mons risque de perdre une de ses vitrines économiques, tout en ayant le Tondreau sur les bras. Qui aidera Leone, à l’agonie, incapable de continuer seul, ou de porter un nouveau projet montois, ou plus largement régional, comme en basket ? N’est-il pas temps de regrouper ses forces pour survivre dans le football actuel. Le Standard et sa lanterne magique n’éprouvent aucun souci : les Rouches le prouveront-ils une fois de plus à Charleroi qui lui avait posé des problèmes à Sclessin ?

PAR PIERRE BILIC

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