L’ami à MESSI

L’arrière droit espagnol de Genk a côtoyé Iniesta, Messi et Valdès en équipes d’âge à Barcelone.

A la mi-mars, Dani Fernandez (29) a appris que le contrat qui le liait à Feyenoord ne serait pas prolongé. Ce qui n’était guère étonnant puisque, en trois ans, le défenseur espagnol venu de NEC en même temps que Mario Been n’avait disputé que dix matches. Tout cela à cause de deux blessures aux ligaments croisés (13 septembre 2009 contre Willem II et 16 août 2010 à l’entraînement).

 » Je n’arrive même pas à raconter ce qui s’est passé « , dit-il.  » J’ai trop souffert pour cela. Tu te lèves, tu pars à l’entraînement et, quelques heures plus tard, tu te retrouves à l’hôpital. Tout cela sans raison, juste parce que tu as voulu accélérer. La poisse… Le lendemain matin, j’aurais voulu pleurer mais les larmes ne venaient pas. J’avais vécu trop de choses en peu de temps, l’enfer… Parce qu’en plus, il y eut la mort de mon meilleur ami, Dani Jarque, le capitaine de l’Espanyol, victime d’une crise cardiaque.  »

Sa rééducation en Espagne lui a évité de sombrer.  » Au moins, à Barcelone, j’étais proche de ma famille. Pour mon épouse aussi, c’était l’idéal : nous avons trois enfants, dont un qui venait de naître, et je ne pouvais pas l’aider. Si je joue encore, c’est grâce à eux. Ma femme m’a suivi partout. Ce fut dur pour moi mais plus encore pour elle. « 

Dani Fernandez voue également un amour sans borne au Barça, le club de sa ville.  » Mais j’ai aussi beaucoup d’affection pour Feyenoord « , dit-il.  » Et je suis heureux que l’unité règne enfin en équipe nationale espagnole. Au Barça, c’est quelque chose qu’on vous enseigne depuis tout petit. J’ai débuté à neuf ans dans la Cantera, le centre de formation. Puis je suis passé en Juvenil A, la meilleure équipe de juniors du club. L’éducation que j’y ai reçue, non seulement en tant que joueur mais en tant qu’homme, est impayable. J’y ai appris l’amour du football, du beau jeu. Je ne m’y suis pas imposé parce que je n’étais pas suffisamment fort et parce que je n’étais pas prêt quand on a eu besoin de moi mais je suis fier d’avoir joué avec Victor Valdés, André Iniesta et Lionel Messi. Comme eux sont fiers d’avoir joué avec moi. Messi était un ami, nous sommes longtemps restés en contact mais il est tellement connu qu’il change régulièrement de numéro de portable. Il est spécial mais le meilleur, pour moi, c’est Iniesta, parce qu’il fait jouer les autres. Avec lui, Barcelone joue mieux car il ne perd jamais le ballon. Nous avons grandi dans le même village. Je l’ai revu voici peu, alors que je promenais le chien.  »

Les bas au-dessus des genoux

Au cours des derniers mois, l’Espagnol a pu s’apercevoir qu’une carrière, ça tient à peu de choses.  » On idéalise toujours sa carrière comme une progression linéaire mais je sais que ce n’est pas vrai et j’essaye toujours de l’expliquer aux plus jeunes. Ces deux années perdues m’ont appris une chose : il faut profiter des choses simples de la vie. L’argent n’a aucune importance. Le bonheur, c’est de pouvoir se lever le matin, manger une tartine et partir s’entraîner. Il y a des joueurs qui, après une blessure grave, traitent leurs genoux comme des bébés, les touchent sans cesse. Moi, c’est le contraire : je remonte mes bas le plus haut possible pour ne plus jamais les voir. « 

Depuis janvier 2008, lorsqu’il quitta Metallurg Donetsk pour NEC, son destin semble lié à celui de son entraîneur, Mario Been. Celui-ci a en tout cas su convaincre la direction de Genk de lui proposer un contrat d’un an. Il m’a donné une chance à Nimègue, m’a emmené avec lui à Feyenoord et, après mon retour à Roda, il m’a téléphoné pour me dire qu’il était heureux de me voir à nouveau sur un terrain. Tout le monde peut le savoir : pour moi, Been est un entraîneur formidable. C’est lui qui, à Nimègue, a relancé ma carrière. Je ne l’oublierai jamais. Avec lui, j’ai progressé sur le plan défensif, même si je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre à ce niveau. Et le fait qu’il m’ait fait venir ne change rien pour moi car je m’impose déjà suffisamment de pression. Je veux ou plutôt je dois lui rendre la confiance qu’il place en moi. « 

PAR MARTIJN KRABBENDAM ET FRÉDÉRIC VANHEULE

 » Je ne veux plus jamais voir mes genoux « 

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