La renaissance d’Il Lombardia

Dimanche prochain, une semaine après le Mondial, le peloton participe au Tour de Lombardie. La classique des feuilles mortes, clôture classique de la saison cycliste, a des vainqueurs illustres : GinoBartali, FaustoCoppi, RikVan Looy, EddyMerckx, RogerDe Vlaeminck, SeanKelly… Toutefois, IlLombardia a perdu son lustre dans les années 90. Beaucoup de noms qui s’étaient concentrés sur le Tour ont renoncé à cette course, fatigués. Ensuite, plusieurs vainqueurs se sont avérés dopés, comme Vladislav Bobrik, Oscar Camenzind, Raimondas Rumsas et Danilo di Luca, et les organisateurs ont trop souvent modifié les lieux de départ et d’arrivée, nuisant encore un peu plus à la réputation de la classique.

Le revirement s’est produit en 2006 quand Paolo Bettini a déclaré avoir remporté la plus belle de ses victoires en Lombardie. Champion du monde peu avant, il a dédié sa victoire à son frère Sauro, qui venait d’être victime d’un accident. Les doublés de vedettes comme Damiano Cunego (2007 et 2008) et Philippe Gilbert (2009 et 2010) ont ravivé l’intérêt de la classique. En 2012, l’introduction du Muro di Sormano, un chemin asphalté particulièrement pentu, a achevé de rendre son lustre à la classique. Grâce au Muro, associé à la traditionnelle Madonna del Ghisallo et à la côte raide de Villa Vergano, juste avant la nouvelle ligne d’arrivée à Lecco, le Tour de Lombardie a retrouvé un caractère de classique. En plus, si le Tour était revenu à un inconnu, Oliver Zaugg, en 2011, l’édition suivante a été enlevée par un grand nom, Joaquim Rodriguez, qui s’est aussi imposé l’année dernière.

Pourtant, les organisateurs ont décidé de remanier le parcours de la 108e édition. Pour la première fois depuis 2003, l’arrivée se situe à Bergame, le lieu de départ des dernières éditions, tandis que le départ est donné à Côme, à 254 kilomètres de là. Le Muro di Sormano est à nouveau rayé du tracé, la Madonna del Ghisallo est déplacée dans la première partie de la course et on recense six petits cols dans les 120 derniers kilomètres. Parmi eux, il y a le Berbenno (5,5 kilomètres à 5,3 %, à 26 kilomètres de l’arrivée) et, dans la finale, la montée vers la vieille ville de Bergame, sur des pavés (1,5 kilomètre avec un pic à 12 %). Ensuite, le peloton descend trois kilomètres jusqu’à l’arrivée. Au total, les coureurs gravissent 3.000 mètres, ce qui est moins lourd que les éditions précédentes. Les organisateurs espèrent ainsi que plus de coureurs entreront en ligne de compte pour une victoire.

La date d’Il Lombardia reste la même : le dimanche suivant le Mondial. L’UCI a imposé ce changement de calendrier il y a trois ans pour caser le Tour de Pékin. Initialement, les journalistes et les amateurs italiens de cyclisme étaient sceptiques : le Tour de Lombardie ne clôturait plus la saison. Pourtant, le changement est positif car les coureurs qui visent le Mondial disputent le Tour de Lombardie dans la foulée. La classique est devenue l’occasion de prendre sa revanche, comme l’année dernière quand Rodriguez a battu Alejandro Valverde, qui lui avait joué un sale tour au Mondial. Le déplacement du samedi au dimanche lui apporte aussi davantage de comptes rendus télévisés. Il ne manque plus qu’une chose : la victoire du nouveau Champion du monde. En trente ans, seuls Camenzind (1998) et Bettini (2006) ont réussi le doublé.

PAR JONAS CRÉTEUR

La classique est l’occasion, pour les malchanceux du Mondial, de prendre leur revanche.

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