La mission des dirigeants belges

La Belgique connaît désormais des hivers scandinaves ! On a battu tous les records de neige depuis un siècle en tenant compte des mètres de poudreuse tombés en janvier, février et décembre. Pas de chance pour notre foot bien aimé ! Les terrains obligatoirement chauffés engloutissent des tonnes de mazout mais ça ne sert à rien si on ne dégage pas les zones neutres pour les arbitres assistants et les accès au stade pour les spectateurs. Bref, on devrait bien finir par recaler les dates du championnat sur les bonnes périodes de l’année…

Marc Degryse est depuis longtemps l’avocat n°1 du football d’été et il n’a pas tort. Dans un championnat qui n’atteint pas le degré de professionnalisme économique de ses voisins, il serait bien plus intelligent de calquer son calendrier sur des compétitions précisément scandinaves, où le raisonnable tient lieu de vigie. On préfère, d’ailleurs, des semi-amateurs qui raisonnent comme des pros que des semi-pros qui raisonnent comme des amateurs.

Le fait d’accepter de se remettre en question devrait constituer un superbe défi à relever pour 2011 par les dirigeants du football belge, mais la cacophonie règne en maître. Quand des dirigeants de clubs doivent débattre d’un projet commun, on se croirait plongé dans une basse-cour. Ils parlent tous ensemble, se coupent la parole et quittent le débat comme des enfants gâtés en critiquant leurs collègues. Le foot belge a besoin de vrais démocrates aux commandes, mais les échanges restent anarchiques : les clubs jouent aux vierges effarouchées quand on parle d’abandonner une parcelle de pouvoir ! Et quand on a l’impression de détenir un accord, on évente rapidement un sacré parfum d’hypocrisie. Il n’y a qu’en Belgique, par exemple, que le président de la Ligue pro soit aussi président de club. Quant au président de la fédération, il se complaît dans un effacement de quasi tous les instants.

Normalement, les dirigeants nationaux devraient s’assurer que leur sport soit toujours loyal, agréable à suivre et viable financièrement. Or, on remarque que dans la chasse effrénée aux moyens de subsistance fournis par les droits TV de Belgacom (demandeur historique d’un calendrier plus attirant), on a opéré une première réforme dans laquelle, au fil du temps, plus personne n’a cru. On est donc reparti pour une nouvelle réforme mais les intérêts individuels bloquent le processus.

On se demande toujours quel visage aura le nouveau championnat de D1. Et il faut espérer qu’il ne laissera pas de ces ressentiments qui ont une répercussion sur l’attitude des clubs entre eux et forcément des joueurs. Bref, un brûlot que les arbitres ont de plus en plus de mal à contrôler. Au final, l’image sympathique du football ficherait encore un peu plus le camp et on aurait moins envie d’aller au stade.

A côté de Degryse, Khalilou Fadiga, notre Témoin n°1 cette semaine, plaide pour réserver un horaire stable aux matches de championnat, le samedi à 15 heures. Pour aller au stade avec les gosses : une très belle idée simple de plus. Mais pourquoi nos dirigeants n’ont-ils pas d’idées simples ? Est-ce uniquement parce qu’ils n’ont pas été des grands joueurs qu’ils abandonnent leur sport au plus offrant, en risquant de le dénaturer ? Et, de plus, chacun veut se payer sur la bête en ne tenant pas compte de l’autre : les grands clubs et les petits se bousculent comme à la curée. Or, la Commission européenne exige une distribution équitable des revenus du sport professionnel pour qu’il continue à se développer de manière harmonieuse. Un mécanisme de solidarité qui doit exister entre clubs pros mais aussi rejaillir sur le football en général. Pourquoi nos dirigeants donnent-ils l’impression de se conduire en dehors de toute logique ?

PAR JOHN BAETE

Pour 2011 : un football loyal pour tous, agréable à suivre et viable financièrement.

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