Jacques Sys
La main de Besnik Hasi
Comment s’est senti John van den Brom dimanche, quand Anderlecht a conquis le 33e titre de son histoire ? A-t-il pensé, en bon Néerlandais, à la prime de victoire qu’il allait percevoir ou a-t-il vécu ce titre comme une brutale confrontation avec ses limites ?
Il y a un an, John van den Brom s’était mêlé à la fête, quand Anderlecht avait été sacré champion au terme d’un thriller face à Zulte Waregem. Le football n’avait pas toujours été brillant et le départ de quelques cadres suscitait des questions sur l’avenir de l’équipe.
Anderlecht comptait sur la poursuite du développement de l’un ou l’autre jeunes, comme Dennis Praet et Massimo Bruno et juste avant le tirage de la Ligue des Champions, un Roger Vanden Stock décontracté avait annoncé, au Grimaldi-Forum de Monaco, qu’il allait miser sur le blé en herbe.
Les Mauves venaient de perdre leur premier match de championnat, à domicile contre Lokeren, sur le score de 2-3 mais le président était heureux de n’avoir pas entendu une seule huée, ne fût-ce que parce qu’une nouvelle étoile montante, Youri Tielemans, se manifestait au firmament. C’était, selon lui, le signe que les supporters soutenaient à fond la politique du club.
Près de neuf mois plus tard, Anderlecht est à nouveau champion, au terme d’une saison turbulente. Le club a affronté avec sérénité les différentes tourmentes qu’il a traversées. Il a conservé un certain calme dans les périodes les plus difficiles. L’entraîneur a longtemps été porté aux nues, jusqu’à ce que le Sporting prenne congé de lui dans les formes, après un échec à OH Louvain.
La promotion de Besnik Hasi au poste d’entraîneur principal a été un coup de maître. Le Kosovar a apporté de la clarté, et pas seulement dans la composition de l’équipe. Il a conféré un bon sentiment à ses joueurs, lançant Anderlecht, qui possède un énorme potentiel selon les normes belges, dans un impressionnant sprint final.
Aussi stérile avait été le jeu pendant le championnat régulier et aussi discutable soit cette formule de compétition, en finale, c’est Anderlecht qui a développé le meilleur football. Le mérite en revient à Hasi, qui a fait ce qui avait été convenu en début de saison : offrir leur chance aux jeunes, même après un moins bon match.
Ce patrimoine doit être la colonne vertébrale à partir de laquelle le Sporting va se développer mais il sera insuffisant pour entamer une nouvelle aventure en Ligue des Champions. Les clubs belges doivent vivre avec cette réalité. Même avec les millions fournis par le bal des champions, il reste difficile d’apporter une véritable injection qualitative à l’équipe.
Anderlecht l’a appris à ses dépens ces dernières années, exception faite du recrutement d’Aleksandar Mitrovic, qui a déjà apporté une plus-value cette saison et qui se bonifiera encore tant et plus dans le futur, compte tenu de son jeune âge.
Le Standard doit avoir une fameuse gueule de bois, après avoir raté le titre. Pendant les play-offs, les Rouches ont perdu beaucoup de leur force de frappe. Ils ont raté trop d’occasions, qui ont pesé lourd dans la balance. Son impuissance a coûté le titre au Standard dans l’épilogue du championnat. Cela doit l’inciter à réfléchir, lui comme Roland Duchâtelet, qui devrait rester, malgré le pénible début de saison. Porté par son ambition, il va renforcer l’équipe.
Les hommes d’affaires ne possèdent pas toujours le bagage footballistique requis pour déterminer la gestion sportive de leur club. Bart Verhaeghe l’expérimente au Club Bruges. L’absence de titre est très mal vécue au stade Jan Breydel et la tension risque de monter encore d’un cran la saison prochaine. Même s’il ne faut pas non plus rendre le passé plus romanesque qu’il ne l’était, le Club devra veiller à conserver son âme, avant tout dans sa manière de se présenter au monde extérieur.
Le Club Bruges, jadis un modèle de continuité, a cherché avec un tel acharnement les bonnes personnes à placer aux postes-clefs qu’un nouveau limogeage – la position du directeur sportif Arnar Gretarsson serait en discussion – constituerait une gifle pour les gestionnaires actuels. En cette fin de saison, l’heure est venue de procéder à son auto-analyse. Et pas seulement au Club Bruges.
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