La jeunesse au pouvoir

Jelle Vossen, Kevin De Bruyne, David Hubert, Thibaut Courtois et Marvin Ogunjimi. Zoom sur ces Racing Boys qui ont le vent en poupe.

Après plusieurs saisons de vaches maigres, le temps des moissons foisonnantes a peut-être repris du côté de Genk. La formation de Frankie Vercauteren a beaucoup d’atouts dans son jeu : elle joue bien et elle joue jeune. Longtemps portée aux nues, l’école des jeunes du RC Genk ne sortait plus grand-chose. Contre Gand et le Germinal Beerschot, le coach a aligné Thibaut Courtois, David Hubert, Kevin De Bruyne et Jelle Vossen. Sans oublier Marvin Ogunjimi. Cinq jeunes lancés par Genk à défaut d’avoir fait tout leur écolage dans le Limbourg (à l’instar de Steven Defour qui avait été repéré dans les équipes de jeunes de Malines, De Bruyne vient de Gand).

 » Notre public trouve formidable qu’on lance des jeunes « , expliquait récemment dans Het Belang van Limburg, Roland Breugelmans, coordinateur des jeunes du Racing.  » Les supporters aiment qu’un jeune du cru réussisse. Pour tous les formateurs, c’est également un adjuvant moral. Cela prouve que le travail effectué est bon.  »

Genk a donc décidé de miser sur les produits du terroir. Les successeurs de Logan Bailly ou Sébastien Pocognoli sont connus. Mais qui sont-ils et quelles sont leurs forces et faiblesses ?

Thibaut Courtois, gardien, 18 ans : une détente… trampoline

Il ne vous a toujours pas étonné, ni frappé dans l’£il. C’est normal, il est encore discret. Pourtant, rares sont les gardiens qui dégagent autant d’assurance et reçoivent leur chance à 18 ans. Ce fils d’un ancien volleyeur a pourtant réussi à s’imposer dans la cage, en attendant les papiers du Hongrois Laszlo Köteles. Dans le sillage de son père, il a combiné le football avec le volley avant d’abandonner ce sport lors de son transfert de Bilzen à Genk en 2000. Le volley est une véritable affaire de famille puisque sa mère l’a pratiqué et que sa s£ur joue au plus haut niveau, au VDK Gand.

En début de saison, il fut mis en concurrence avec Koen Casteels, 18 ans également, avec lequel il est devenu ami. Aujourd’hui, Köteles est éligible mais cela ne modifie pas la donne.  » Courtois a saisi sa chance. Je ne vois aucune raison de changer de gardien pour le moment « , a conclu Vercauteren.

Ses qualités ? Jamais nerveux, il ne connait pas le stress. Cela lui a permis d’appréhender très calmement ses premiers pas au sein de l’élite, à 16 ans, dans un match crucial contre Gand. Grand (1m95 alors qu’il n’a pas encore fini sa croissance), il a travaillé sa détente sur… un trampoline chez ses voisins. Il est également très fort dans les uns contre uns.  » La seule chose qui lui manque, c’est de l’expérience « , explique l’entraîneur des gardiens Guy Martens qui a façonné Sinan Bolat et Bailly  » mais cela s’acquiert avec des matches.  »

Ses faiblesses ? De son propre aveu, il doit encore se positionner sur les hautes balles pour ne pas devoir les boxer sans arrêt.

A savoir ? Il a été courtisé par Hoffenheim mais a refusé l’offre, préférant rester en Belgique pour décrocher son diplôme.

Il a dit ?  » J’ai dû prendre ma douche avec un sac en plastique sur le pied.  » (à cause d’une légère blessure au pied qui a failli lui faire rater le début du championnat)

David Hubert, défenseur ou médian défensif, 22 ans : patron précoce

Cela fait maintenant trois saisons (et 51 matches au compteur) que ce médian parfait bilingue (c’est un Brabançon) a découvert la D1. Produit de Malines, arrivé à Genk en 2002, David Hubert est le prototype de joueurs qu’on ne remarque que quand il ne joue pas. Sobre, efficace, rarement pris en défaut mais jamais décisif offensivement, il a également une âme de leader. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’on lui a confié déjà à quelques reprises le brassard de capitaine. A seulement 21 ans !

Ses qualités ?  » Même si j’ai évolué en défense centrale lors de mes débuts en équipe fanion, j’ai toujours dit que mes qualités s’exprimaient mieux au poste de médian défensif « , déclarait Hubert en décembre 2008. Avec Daniel Töszer, il forme un duo très complémentaire. Hubert contrôle, ne récupère pas seulement le ballon mais a également une passe très précise et tranchante.

Sa place dans l’entrejeu en fait le véritable patron du Genk de Vercauteren même s’il n’est que vice-capitaine derrière Joao Carlos.

Ses faiblesses ? Il y a encore quelques années, on disait de lui qu’il était un peu trop statique. Mais l’accumulation des matches lui a permis de devenir plus mobile, mieux placé et plus autoritaire. Il ose dire ce qu’il pense, ce qui, vu son jeune âge, peut parfois être mal perçu par des collègues plus âgés. Mais son abnégation et le soutien continu qu’il montre sur le terrain à ses coéquipiers sont appréciés. Ce qui atténue les remarques faites.

A savoir ? Il a mené des études universitaires (Sciences économiques appliquées) à Hasselt.

Il a dit ?  » Il faut relativiser le brassard de capitaine. Je parle couramment trois langues et j’aime me faire entendre sur un terrain. Je dois juste maintenant faire de même dans le vestiaire.  » (lorsqu’il reçut le brassard pour la première fois, en septembre 2009)

Kevin De Bruyne, médian, 19 ans : talent à l’état pur

Certains l’ont déjà comparé à Mbark Boussoufa, sans doute pour mieux l’orienter vers Anderlecht. A 19 ans, celui qui ressemble au prince Harry d’Angleterre, est doté d’une technique remarquable et est porté par la fougue de sa jeunesse. Sa première cap internationale consacre un parcours commencé à Drongen, son village natal. C’est à Gand, pendant six ans, qu’il va façonner son jeu. Anderlecht et Bruges lui font déjà les yeux doux mais c’est Genk qu’il finit par choisir à 14 ans. Il s’essaie à l’internat de la Topsportschool où il ne se plait pas. Finalement, c’est dans une famille d’accueil qu’il s’épanouit dans le Limbourg. Ce parcours ressemble à celui de… Steven Defour mais lui, réfute la comparaison.  » Je suis plus offensif que Steven et lui, défend beaucoup mieux que moi.  » Sa mère dit de lui qu’il a un caractère fermé mais qu’il sait très bien ce qu’il veut. Et son rêve est de jouer un jour en Angleterre. Pour quelqu’un qui avait le poster de Michael Owen dans sa chambre, on peut comprendre.

Ses qualités ? Pour son âge, sa vision du jeu est exceptionnelle. Il sent le jeu comme peu de joueurs en D1 belge. Sa condition physique est également extraordinaire. De Bruyne ne se repose pas sur son talent mais court et presse l’adversaire. Sa polyvalence plait à ses entraîneurs. Bien que droitier, il peut évoluer à gauche ou dans l’axe.  » Personne n’a deux pieds comme lui dans tout le noyau A « , dit Breugelmans. De plus, il n’est pas avare de conseils auprès des anciens. Sa frappe et sa technique méritent également le détour.

Ses faiblesses ? Il doit encore se faire guider. C’est lui-même qui le reconnait et apprécie de ce fait le travail de Vercauteren.  » Il a une grosse influence sur moi. Car je suis encore jeune et un peu fou-fou. Il me calme et m’apprend à doser mes efforts.  » Sa vitesse ne constitue pas non plus son point fort. Il est plus endurant et a une image de faux lent.  » Davantage que sa vitesse, c’est son explosivité qui pose problème « , reconnait Breugelmans. Il pourrait également perfectionner son jeu de tête.

A savoir ? La voix de sa messagerie de GSM est une voix d’enfant. Il s’agit bien de la sienne quand il avait 11 ans. Il ne l’a jamais changée !

Il a dit ?  » Je cherche un appartement dans le Limbourg. Je suis très bien ici. Alors pourquoi partirai-je ?  » (lorsqu’on évoque un transfert à Anderlecht lors du prochain mercato)

Marvin Ogunjimi, attaquant, 22 ans : élégance en mouvements

Quinze buts depuis deux ans. Pour un jeune, c’est un bon début. En 2009, Ogunjimi, que ses coéquipiers ont surnommé Baloo du nom de l’ours du Livre de la Jungle, a décidé à lui seul du sort de la finale de Coupe de Belgique. Pourtant, ses blessures à répétition ne lui ont pas encore permis de s’inscrire comme un titulaire à part entière. Formé à Malines (d’où il est originaire et où toute sa famille habite encore), il a joué pour les deux clubs de la ville. Il est parti à Genk en 2003, en même temps que Defour, frappant aux portes de l’équipe première dès 2005. Prêté une saison au RKC Waalwijk aux Pays-Bas, il est revenu en 2008.  » Cette expérience m’a rendu plus fort mentalement et physiquement.  » Il a explosé la saison dernière avec 13 buts et 10 assists.

Ses qualités ? Ogunjimi, c’est le prototype du buteur né. Elégant, il marque facilement et souvent de beaux buts. Il a fait énormément de progrès dans l’animation du jeu et les appels de balle depuis l’arrivée de Vercauteren.  » Avant, j’avais tendance à disparaître dans un match lorsque les espaces devenaient plus petits.  » Fait preuve également de plus en plus de constance, lui qui avait tendance à ne se montrer que dans les grands matches.

Ses faiblesses ? Il peut jouer dos au but mais il n’est pas le déménageur capable d’ouvrir une rencontre fermée. Il avoue lui-même vouloir devenir plus calme, plus tranchant devant le but.  » Je dois aussi améliorer mon jeu de tête et ma vision du jeu.  »

A savoir ? Son c£ur bat davantage pour le FC Malines où il est sûr de revenir un jour. Les fêtes de famille ne manquaient pas de piment puisque son grand-père, décédé en décembre 2007, était lui un fervent supporteur du Racing Malines. Il doit son prénom au chanteur Marvin Gaye.

Il a dit ?  » La signature d’un concurrent supplémentaire, Samuel Yeboah, en décembre, m’a piqué au vif. Je me suis dit que je devais me bouger pour ne pas perdre ma place.  »

Jelle Vossen, attaquant, 21 ans : puncheur culoté

Vossen, c’est de la dynamite dans les pieds. Dès ses débuts en équipe fanion avec Genk, le public l’adopte.  » Genk est pour moi plus qu’une équipe de football. J’ai un lien unique avec les supporters « , a-t-il d’ailleurs déclaré la semaine dernière. Vossen, c’est une dose de culot, un sens du but et un travail incessant. Pourtant, ce n’est pas assez pour les dirigeants de Genk qui l’ont prêté la saison passée au Cercle Bruges où il se fait d’emblée remarquer en trouvant le chemin des filets dès sa première rencontre. Pourtant, alors qu’il tient la forme de sa vie et que le Cercle se félicite d’avoir récupéré ce buteur, il se blesse gravement (fracture du péroné). Résultat : six mois out. Pas grave. Il revient comme si de rien n’était et finit la saison comme il l’avait commencée. En marquant. Au total : six buts pour le Cercle.

Pourtant, il revint à Genk en juin. Les Limbourgeois ne savaient pas trop quoi en faire mais sa réussite insolente en préparation et en Coupe d’Europe l’ont conduit à une place dans le onze de base.

Ses qualités ? A tellement bien réussi son prêt au Cercle que Glenn De Boeck a essayé de l’attirer au Germinal Beerschot. C’est dire que le garçon ne manque pas de talent.  » J’ai gagné en expérience, en vision du jeu mais également en calme. Je cadre davantage mes frappes depuis mon prêt au Cercle « , a-t-il dit. Selon Wim De Coninck, Vossen peut également jouer derrière un attaquant.  » Il a cette puissance et sent comme personne le but. Il peut très bien surgir de la deuxième ligne.  »

Ses faiblesses ? Comme il aime la profondeur, il est davantage dangereux comme deuxième attaquant et aime mettre la pression sur le porteur du ballon. Par contre, on le voit mal occuper seul la pointe de l’attaque.

A savoir ? C’est le fils de l’ancien défenseur limbourgeois, Rudi Vossen, qui a notamment évolué à Charleroi. Il est, comme Ogunjimi, en fin de contrat en juin 2011.

Il a dit ?  » Je suis parti de Genk car je n’avais aucune chance de jouer. Je ne suis pas revenu pour me retrouver dans la même situation.  » (en juillet dernier)

par stéphane vande velde – photos: belga

« Au sein du noyau A, personne n’a deux pieds comme Kevin De Bruyne. (Le coordinateur des jeunes de Genk) »

« Courtois a saisi sa chance. Je ne vois aucune raison de changer de gardien. (Vercauteren) »

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