John Baete

La Belgique touchée par la tentation espagnole

Il y a un an, à pareille époque, cinq équipes de D1 préparent leur saison en annonçant un 4-3-3. En ce début de juillet, elles sont neuf à lancer leurs premières arabesques en suivant ce croquis de base.

Par John Baete

Et il ne faut pas y voir, forcément, l’audacieuse patte hollandaise. Anderlecht et Genk, coachés par John van den Brom et Mario Been, annoncent respectivement des 4-2-1-3 et 4-4-2. Qui sont attendus comme étant offensifs !

On sait fort bien (merci !, les coaches le rabâchent constamment) que dans tout système, c’est l’animation qui compte ; à savoir l’intention finale qui fait aller plus ou moins vers l’avant. Mais le 4-3-3 est le schéma normalement le plus offensif sur le marché du foot. Même si on sait que le classique 4-3-3 gantois de Trond Sollied -sa marque de fabrique- peut devenir une forteresse imprenable si le Norvégien décide tout à coup de le jouer bas.

On imagine aussi ce que le 4-3-3 de Peter Maes à Lokeren (4-2-3-1 l’an passé) peut receler de précautions tout comme celui de Ronny Van Geneugden à Louvain s’il le faut (il l’a montré). Tout comme le Lierse de Chris Janssens. Mais le premier feeling est tout de même que le Beerschot d’Adrie Koster, le Cercle de Bob Peeters, le Club de Georges Leekens, le Mons d’Enzo Scifo et le Standard de Ron Jans ont pour but premier de souvent porter le danger dans le camp adverse.

Pour fonctionner, un 4-3-3 doit être compact et plus haut il se positionne sur le terrain, plus il met la pression sur l’adversaire. Quitte à jouer à l’espagnole et à défendre dès la perte de balle, c’est-à-dire quasi toujours dans la moitié adverse et souvent très près du rectangle ! Une défense qui fonctionne vu la densité des joueurs impliqués dans l’attaque.

Jouer à l’espagnole ! Cela peut être un voeu pieux mais si on a vraiment envie de le faire, il en restera toujours quelque chose de positif. Contrairement à ce que beaucoup en pensent, appliquer à l’extrême la possession du ballon n’est jamais stérile. Tôt ou tard, une brèche se crée chez l’adversaire et laisse de la place pour une infiltration et/ou un une-deux, redoublé ou pas. Le tout est d’attendre ce qui, finalement, est plus productif qu’une tentative individuelle de dribble ou passage en force et/ou vitesse qui laisse souvent l’équipe en plan en cas de perte de balle.

L’exigence d’un tel objectif est qu’il faut également jouer sans ballon, se montrer, se démarquer pour le recevoir… alors qu’en Belgique on voit trop de joueurs se cacher pour ne pas recevoir le ballon ! Plus par manque de confiance que par déficit technique. Le bénéfice objectif de tenter de jouer davantage à l’espagnole est donc d’obliger toute l’équipe à prendre un peu de risques ; pour progresser individuellement puis collectivement. Le copier-coller est impossible mais autant viser le haut que le bas. Chacun a sa propre médaille olympique à gagner.

C’est valable aussi pour les Diables Rouges. Marc Wilmots a trois missions : asseoir son attaque, sa défense et son groupe. Pour chaque mission, les principes doivent être clairs. A Wembley, on a vu une excellente possession du ballon mais les Anglais ont tellement bétonné que certains ont trouvé le système belge très inefficace. A tort. En défense, le travail reste à faire. Elle flotte trop souvent loin de l’action offensive et en cas de perte de balle se trouve souvent prise de vitesse. Et découverte parce que l’équipe ne pense pas dans les mêmes termes au moment de la perte du ballon. A ce niveau, l’organisation doit devenir sans faille.

L’avantage est que le niveau technique de l’ensemble n’a jamais été aussi élevé et que les Diables peuvent envisager de jouer haut pour placer le danger loin de leur propre but. Enfin, il y a l’esprit. Il n’a jamais semblé aussi positif. Et il va le rester si les résultats suivent… Une question reste en suspens : la désignation de l’adjoint. Mais ce n’est pas un problème. C’est Willy le patron.

PS : pas de Sport/Foot Magazine la semaine prochaine ! Rendez-vous le 25 juillet pour notre Spécial Compétition. Un conseil d’ami : n’oubliez pas de le réserver chez votre libraire !

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