Bernard Jeunejean

Jelle n’est pas une demoiselle

Je n’ai quasi rien regardé de la Copa America, mais j’ai sûrement suivi une douzaine de rencontres du Mondial féminin, lequel s’est clôturé par un hold-up japonais en tout bien tout honneur : les grandes Américaines ont mixé malchance et maladresse au lieu de l’emporter par quatre buts d’écart, tandis que les poupées nipponnes (1m63 de taille moyenne, une keepeuse qui culminait à 1m70) mixaient survie et sang-froid, et y’a pas de quoi leur en vouloir !

Par Bernard JEUNEJEAN

Ce furent ensuite dix jours d’abstinence/désintox, avant de renouer avec le foot via Standard-Zurich. Et là, en retrouvant soudain les hommes habituels, dont un Jelle Van Damme plus mâle que nature, j’ai réalisé être revenu dans l’autre monde : ouais, c’est reparti à profusion pour du foot bien viril !

La semaine dernière, Fred Waseige vous disait que le foot des filles « ramenait à la beauté ». Je dirais plutôt qu’il nous ramène à la pureté. D’abord, c’est devenu du vrai foot. Les top-footballeuses du troisième millénaire sont enfin des sprinteuses, elles frappent sec au but en dehors du grand rectangle, elles bouffent des kilomètres, et elles possèdent un niveau technique que peuvent envier bon nombre de mecs. Il y a dix ans à peine, nous regardions les top-filles avec paternalisme et autosuffisance, convaincus (à raison) que nos amateurs de Promotions/Provinciales rivalisaient les doigts dans le nez, alors qu’aujourd’hui se mêle à notre admiration un sentiment d’infériorité, comme quand nous regardions Kim et Justine… qui exécuteraient sans peine d’un double 6/0 tout compétiteur tennistique moyen poilu couillu !

Ensuite, ce vrai foot est bizarrement clean : saine agressivité sans agressions, rarissimes jeux de mains/jeux de vilaines, absence de cisailleuses/découpeuses, jamais de rouscailleuses s’agglutinant autour de l’arbitresse, aucune buteuse qui se prend pour un Dieu vivant après avoir buté, cartons fort peu fréquents. Mecs ahuris que nous sommes, nous redécouvrons notre sport sans qu’il soit la guerre ! Parce que c’est du vrai foot et parce que c’est propre, c’est à montrer à tous les gosses du monde soucieux d’apprendre : les filles du top sont des top-profs pour nos mômes ! Si tu veux expliquer à un petit mâle ce qu’est le rôle d’un attaquant de pointe, montre-lui Lotha Schelin ! S’il adore le pressing, qu’il n’ait d’yeux que pour Kim Kulig ! S’il joue back gauche, dis-lui d’observer Sonia Bompastor ! Curieusement, un seul truc manque à ces filles, c’est l’instinct, la fameuse intuition féminine n’a pas ici droit de cité. Elles ont appris et elles appliquent : magnifiquement certes, collectivement surtout, mais sans ces éclairs de génie (et d’orgueil ?) que nous offrent par leurs prises de risque les individualités surdouées du sexe fort ! En tout cas chez les filles et malgré Marta, on attend toujours le Messi.

Donc, après trois semaines où les filles avaient agi sur moi comme un rite purificateur, voilà qu’abruptement je retombe sur Van Damme, archétype hormonal du foot-qui-n’est-pas-un-sport-de-gonzesses. Et à voir le Jelle y aller gaiement dans la viande zurichoise, j’ai repensé aux femmes de Fred en me disant que le foot des hommes « ramenait à la laideur » ! Hé cool les Rouches : ce n’est pas que je fasse une fixation sur le JVD sans C, mais c’est sur lui que je suis retombé au sortir de ma cure. Et son jeu qui n’est pas qu’à lui, loin de là, m’a fait comprendre qu’on allait aussi revoir des horreurs viriles en 2011/2012…

Dois-je en conclure, comme Fred, que la femme footballeuse est l’avenir de l’homme footballeur ? Je le souhaite sans oser y croire. J’ai peur que nos starlettes à crampons ne soient hélas qu’au stade le plus chouette d’une évolution qui, immanquablement, les amènera un jour à se conduire comme les mecs : le premier signe avant-coureur étant peut-être la moyenne de buts inscrits, supérieure à 4 lors des Mondiaux précédents,… mais de 2,5 comme chez les hommes lors de celui-ci ! J’ai peur que franchir un palier supplémentaire fasse demain naître des individualistes forcenées, des simulatrices, des vicieuses, des mégalowomanes, des charcuteuses, des rouspéteuses professionnelles dressées pour rouspéter. Et même des caïdesses, tatouées des biceps aux poignets, qui font que les deux bras ressemblent à des serpents. Brrrrrrr…..

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