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Je t’aime, moi non plus

Ce début de saison est extraordinaire, dans le sens hors de l’ordinaire. On a déjà tout vu. Même ce que l’on n’avait jamais vu. Il semble que les anticorps post-Covid ont fortifié les corps, mais aussi, comme après toutes les catastrophes, redonné du tonus aux utopies en forme d’illusions menant à la réalité. La réalité du foot, c’est que toutes les suprématies se forgent à coup de vitesse et de mouvement. Et voilà qu’elles se voient mises à mal par le ralenti. Celui du VAR. Des équipes qui ne méritaient rien empochent le tout à coup de ralentis. On a tous compris depuis longtemps que les télévisions décident de beaucoup. Mais on ne pensait jamais qu’elles décideraient, à l’insu de leur plein gré, des résultats. Responsables, mais pas coupables, évidemment. Mais c’est un fait.

Mourinho a peut-être raison, mais je n’ai pas forcément tort. Et inversement.

Prenons ce match de  » ouf  » entre Brighton et Manchester United. Les locaux touchent cinq fois le cadre. Dont deux poteaux et une latte pour notre petit Leandro Trossard, qui devient de plus en plus grand dans cette Premier League. Le terrain et ce que les joueurs nous ont proposé n’avaient qu’une issue footballistique. La victoire des  » petits  » de Brighton, qui arrachent le point à la 95e minute. Mais le VAR en a décidé autrement. Et, première en ce qui me concerne, après le coup de sifflet final de l’arbitre. Le match est fini, mais pas le score. Bruno Fernandes transforme le péno. Soit dit en passant, son 17e transformé consécutivement. Ce merveilleux joueur, complètement transparent dans ce match, devient un héros. Et redit en repassant, il n’a plus raté la conversion d’un penalty depuis 2018.

Le lendemain, de nouveau une histoire de péno. Newcastle se déplace à Tottenham. Les Magpies sont indigents de faiblesse. Rien. Rien de rien. Même pas un tir cadré. Comme lors de leur match précédent. Donc, après 180 minutes sans parvenir à l’essence même du foot, ils empochent un point (1-1). La faute à une non-faute de main. Encore une fois, la technologie devient le porte-voix de l’infamie. Bafoue l’esprit du jeu en punissant les joueurs de n’être que des êtres humains. Les Spurs perdent donc deux points sur une injustice. Mais dans cette quête qui est la nôtre de l’esprit du jeu, ce n’est que justice qu’ils soient punis Ou plutôt qu’IL soit puni. L’homme qui donne les ordres, la philosophie, le style, la (non-) ambition. Ils étaient dix fois supérieurs à leur adversaire, mais à force de jouer petits pieds, on fait de petits résultats. Quand tu joues contre un adversaire inoffensif, tu te montres un minimum offensif. Mais leur deuxième mi-temps, avec un seul but d’avance, les a rendus vulnérables ? Et quand tu calcules, tu t’exposes à la soustraction. Mourinho a longtemps multiplié, ce n’est plus le cas. Quoique. Donnons maintenant, et sans ironie de notre part, la parole à la défense. Ce coaching frein à main a, peut-être, permis un dérapage contrôlé. Contre Newcastle, c’était leur quatrième match en dix jours. Et suivaient deux duels en quatre jours. Le compte est dramatique pour les instances du foot et leur calendrier de tarés. Sept rencontres en deux semaines. Dans quatre compétitions, avec à la clé plus de 8.000 kilomètres de déplacement. Argument recevable, coach. Mes respects, car en plus, les deux derniers matches se sont soldés par deux qualifications. Contre Chelsea en League Cup, et un sublime 7-2 contre le Maccabi Haïfa en Europa League. En résumé, il a peut-être raison, mais je n’ai pas forcément tort. Et inversement.

Mais une chose est certaine : le foot mourinhien est parfois très chiant. Tellement que même ses joueurs doivent parfois s’en soulager. Même en plein match. Contre Chelsea, Eric Dier sprinte vers les vestiaires pour répondre à un appel de la nature alors que le jeu continue. Mourinho le suit pour lui mettre la pression. Il revient au jeu, Tottenham, qui était mené, se qualifie et Dier est élu homme du match. Le foot est merveilleux.

Autre exemple, un match dans lequel il n’est pas question de frein à main, mais bien d’accélérateur de plaisir. Au deuxième tour des qualifications pour l’Europa League, les Serbes de Backa Topola reçoivent les Roumains du Steaua Bucarest. Score après prolongations : 6-6. Le Steaua se qualifie aux tirs au but 4-5. Constat délicieux, on a marqué plus de buts que de tirs aux but. Et pas un petit 0-0 suivi d’un riquiqui 1-0 aux tirs au but. Non ! 21 explosions de joie dans un match de foot. L’honneur est sauf. Même si certains trouveront cela très louche. Mais ça, c’est une autre histoire

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