Philippe Gilbert a tiré les leçons de ses défaites.
Au décompte des classiques, il l’avait déjà dépassé avec huit succès retentissants. Depuis dimanche, Philippe Gilbert a aussi rejoint Tom Boonen au panthéon des champions du monde. L’Ardennais a conquis son maillot arc-en-ciel avec son arme fatale : l’explosivité dans les courtes ascensions.
Gilbert a remporté son premier sacre mondial à 30 ans. Boonen n’avait pas encore 25 ans en 2005 quand il a été couronné à Madrid. Ce constat résume parfaitement le chemin choisi par les deux porte-drapeaux du cyclisme belge. Si Boonen a rejoint l’élite presque en jouant, jusqu’à présent, Gilbert a évolué pas à pas.
» Je suis de ceux que la défaite rend plus forts « , a commenté Gilbert dimanche à Valkenburg. » Pendant la course, je me suis répété des dizaines de fois que cette année, je ne pouvais pas gâcher ma chance. L’expérience acquise lors des précédents championnats du monde m’a aidé à remporter ce titre. «
A Valkenburg, les pièces manquantes du puzzle se sont réunies. D’abord, le coureur a pleinement réalisé qu’un tel titre était à sa portée. Cette conviction n’est née qu’en 2007, à Stuttgart, quand il a raté de peu l’échappée décisive du futur vainqueur, Paolo Bettini.
Ensuite, il a désormais l’habitude d’être leader de l’équipe nationale. En 2008, à Varèse, l’équipe belge était numériquement très bien représentée dans la finale, comme dimanche, mais elle était loin d’être unie. » Mes deux victoires d’étape à la Vuelta ont été importantes. Elles m’ont permis de regagner la confiance de mes coéquipiers « , a souligné le tout frais champion du monde.
Enfin, depuis 2010, l’Ardennais sait comment gérer ce statut. A Geelong, sa nervosité l’avait empêché d’attaquer à l’endroit qu’il avait pourtant lui-même déterminé. Désormais, il mesure mieux que tout autre l’importance d’un bon timing. Avant la course, il a d’ailleurs visionné à maintes reprises les sprints entamés au Cauberg lors des dernières éditions de l’Amstel Gold Race.
Son aptitude à analyser ses prestations tout en restant critique aux commentaires de son entourage constitue un des principaux atouts du nouveau champion du monde. Même en plein triomphe, Gilbert ne perd pas de vue ce qu’il peut encore améliorer. A peine le maillot arc-en-ciel enfilé, il a signalé que la tactique de la Belgique n’avait pas été idéale jusqu’à trois tours de la fin.
Son sens de l’autocritique devrait préserver le Liégeois du principal ennemi des champions du monde : il ne risque pas de se reposer sur ses lauriers. Il y a même de fortes chances pour que la réalisation de son grand rêve d’enfance le stimule plutôt dans sa quête de nouveaux triomphes. A commencer, samedi, par le Tour de Lombardie ?
BENEDICT VANCLOOSTER
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