Je peux apporter beaucoup au Standard « 

Il y a tellement longtemps que le petit Anversois n’a plus joué une saison complète que l’on se pose beaucoup de questions à son sujet. Le nouveau transfert des Rouches répond avec assurance.

Que faut-il penser de Tom De Mul, ce petit blondinet qui, à 20 ans, éclaboussait de sa classe et de ses dribbles le flanc droit de l’Ajax Amsterdam ? Depuis son passage au FC Séville, où il n’a jamais réellement eu voix au chapitre, une étiquette d’éternel espoir s’est progressivement collée à sa peau. Son passage de six mois au RC Genk, durant le premier semestre 2009, n’a pas entièrement convaincu les sceptiques. Il vient de débarquer à Sclessin, toujours sous forme de prêt, et a désormais une saison entière pour convaincre.

Alors, Tom : heureux ou soulagé par ce transfert au Standard ?

TomDeMul : Surtout heureux. Le Standard m’offre une nouvelle chance. C’est un très beau club, un club du top belge.

Genk, ce n’était pas le top ?

Plutôt le subtop. Cela ne va sans doute pas faire plaisir aux dirigeants limbourgeois, mais c’est tout de même un cran en dessous. C’est aussi un beau club, très ambitieux, mais à l’époque où j’avais débarqué, on ne pouvait pas dire que c’était le top : l’équipe se calfeutrait en milieu de classement et seule la victoire en Coupe de Belgique avait permis de sauver la saison.

L’envie de venir au Standard a-t-elle germé dans votre esprit lorsque vous êtes venu jouer un match de Coupe de l’UEFA à Sclessin, en 2008 ?

C’était évidemment fantastique de pouvoir évoluer dans une ambiance pareille, et j’ai pu me rendre compte que le Standard générait beaucoup de passion, mais je n’avais pas attendu ce match-là pour le savoir.

 » Je me suis entraîné tout l’été « 

Que pensez-vous pouvoir apporter au Standard ?

Beaucoup : ma vitesse, mes dribbles, mes centres, mes passes, mes buts, mon expérience.

Où en êtes-vous sur le plan de la condition physique ?

J’ai effectué toute la préparation avec Séville, et cela s’est bien passé. Ce n’était pas une partie de plaisir, c’était très lourd : trois entraînements par jour. Lever à 7 heures du matin, cross sur la plage, puis entraînement à 10 h 30 et encore un deuxième entraînement – ou un match amical – le soir. Comme Séville est la ville la plus chaude d’Espagne, on était parti en stage à Cadix. C’est l’Andalousie aussi, mais comme c’est au bord de la mer, il y a plus d’air. J’ai aussi disputé deux matches amicaux. Enfin, deux mi-temps, car l’entraîneur avait fait tourner son effectif et aligné deux équipes différentes, avant et après le repos. Physiquement, je suis donc affûté. Je suis seulement contrarié par une gêne aux adducteurs qui m’a empêché d’affronter Lokeren, samedi.

Une gêne contractée lors du stage avec le FC Séville ?

Probablement, oui. La préparation était tout de même très dure.

Il y a 15 jours, juste avant votre départ, l’entraîneur Antonio Alvarez vous avait convié à vous entraîner avec le noyau B…

Oui, il a procédé de cette manière avec les joueurs sur lesquels il ne comptait pas cette saison. J’ai eu une discussion avec lui, je lui ai signifié que ma priorité était de jouer. Il a été honnête avec moi, il m’a expliqué que ce serait difficile. On a donc cherché une solution. Deux jours plus tard, je signais au Standard.

Votre problème, c’était réellement Jesús Navas ?

C’est un monument là-bas, un gars de la région et un footballeur de grande classe. En plus, il n’est jamais blessé. Entre lui et moi, la lutte était inégale.

Vous ignoriez la situation au moment de signer votre contrat de cinq ans, en 2007 ?

Navas n’avait pas encore la même importance qu’aujourd’hui, dans l’équipe. Je savais que je franchissais un échelon en partant pour l’Espagne et que je devrais élever mon niveau par rapport à l’Ajax, mais j’estimais avoir mes chances. Je me disais aussi que, si une équipe dépensait cinq millions pour acquérir mes services et me proposait un contrat de cinq ans, ce n’était pas pour me laisser cinq ans sur le banc. Mon expérience à Séville ne s’est pas déroulée comme je l’espérais, je dois l’avouer.

Il y aurait aussi eu ce 4-4-2 du FC Séville qui vous aurait posé des problèmes.

C’est une excuse un peu trop facile. Au début, j’ai eu du mal à m’y faire, c’est exact, car j’avais toujours évolué en 4-3-3. Mais, si j’avais pu jouir d’une certaine continuité dans l’équipe, le système de jeu n’aurait pas constitué un obstacle insurmontable.

 » Un retour à l’Ajax pour être la doublure de Suarez « 

Aujourd’hui, que vous manque-t-il du FC Séville ?

Je vais vous étonner : pas grand-chose. J’ai tourné la page, je me concentre pleinement sur le Standard. Je garde malgré tout de très bons souvenirs.

Lesquels ?

J’entretenais une très bonne relation avec mes coéquipiers, je vivais dans une très belle ville. Le FC Séville est aussi un magnifique club et le championnat d’Espagne est l’un des plus beaux d’Europe.

Même lorsqu’on ne joue pas ?

Oui, même lorsqu’on ne joue pas. Ou pas souvent, car il m’est tout de même arrivé de jouer et même de marquer. J’ai affronté le Real Madrid et le FC Barcelone, j’ai inscrit un beau but contre Getafe. Tout cela reste gravé dans ma mémoire. Bien sûr, lorsqu’on se retrouve sur le banc ou dans la tribune, c’est moins drôle. Surtout qu’en Espagne, il n’y a pas de championnat de Réserve comme on le conçoit en Belgique. Sevilla Atlético, qui a évolué en D2 et qui est redescendu en D3, est l’équipe filiale, mais les joueurs qui n’ont pas joué avec l’équipe Première ne peuvent pas redescendre pour accumuler du temps de jeu, comme cela se fait ici.

On a parfois évoqué un prêt vers une autre équipe espagnole, moins ambitieuse, où vous auriez probablement eu plus de chances de jouer. Pourquoi cela ne s’est-il jamais réalisé ?

Ténériffe a été très concret à un moment donné, Majorque aussi l’an passé. Moi, j’étais partant. Mais les deux clubs ne sont pas parvenus à un accord.

On a aussi évoqué, cet été, un possible retour à l’Ajax. Etait-ce concret ?

Oui, mais comme doublure. J’aurais été le premier remplaçant de Luis Suarez. Quand on connaît l’importance que revêt l’Uruguayen pour l’Ajax, on peut deviner que je n’aurais pas eu beaucoup de possibilités de prendre sa place.

Et au Standard, êtes-vous un titulaire indiscutable ?

Personne ne peut se prétendre indiscutable, mais j’ai en tout cas senti, dès les premières discussions, que l’on comptait beaucoup sur moi.

La concurrence sera féroce aussi dans l’entrejeu rouche : on s’y bouscule, avec beaucoup de petits gabarits créatifs comme vous : Mehdi Carcela, Steven Defour, Franck Berrier dans quelques semaines…

Ces joueurs-là n’ont pas le même profil que moi.

Votre place de prédilection se situe sur le flanc droit. Lors des premiers matches, Carcela y a été aligné et s’y est plutôt bien débrouillé.

Carcela peut aussi évoluer sur le flanc gauche. Moi aussi, je peux évoluer sur le flanc gauche.

Et comme soutien d’attaque ?

( Ilfroncelessourcils). Je préfère tout de même le flanc.

 » J’ai encore un bel avenir « 

Votre dernier bon souvenir comme footballeur reste sans doute les Jeux olympiques 2008 ?

Cela restera un bon souvenir pour tous ceux qui l’ont vécu. C’est, jusqu’à présent, le sommet de ma carrière. J’en ai encore parlé, récemment, avec Jan Vertonghen. Lui aussi se souvient encore de Pékin avec beaucoup de nostalgie. On se voit encore de temps en temps, car j’ai gardé une maison à Amsterdam, pas bien loin de la sienne. Je garde aussi un bon souvenir de la conquête de la Coupe de Belgique avec Genk. C’est tout de même un trophée que j’ai accroché à mon palmarès.

Vous n’avez pourtant pas participé à la finale…

Non, malheureusement. J’avais largement contribué à la qualification, en inscrivant trois buts lors des demi-finales : un à l’aller à Genk et deux au retour au Lierse. Mais je me suis blessé 15 jours avant la finale, lors d’un match de championnat contre Courtrai.

C’est cette blessure que vous avez traînée l’an passé, lorsque vous êtes retourné à Sévîlle ?

Oui, effectivement. On pensait qu’elle allait guérir avec le temps. J’avais repris les entraînements, mais cette gêne revenait de façon chronique. J’ai finalement été opéré en février de cette année. J’en veux un peu au médecin du FC Séville de ne pas avoir découvert plus tôt que l’opération s’imposait. En comptant les deux mois de rééducation, je suis redevenu opérationnel en avril. Autant dire que la saison était terminée. J’ai perdu une saison entière. Si j’avais été opéré tout de suite, j’aurais pu rejouer bien plus tôt, à Séville ou ailleurs.

Vous avez aujourd’hui 24 ans. Lorsque vous jetez un regard rétrospectif sur votre carrière, quel est le premier sentiment qui vous vient à l’esprit ? Perdu trop de temps ?

J’en ai perdu beaucoup, oui. Il n’est pas trop tard pour effectuer ma percée, mais il est temps. La chance n’a pas toujours été avec moi, avec cette éclosion de Jesús Navas, ces blessures au mauvais moment, ce mauvais diagnostic après ma blessure à Genk. Je ne veux pas incriminer mes entraîneurs. Ce serait trop facile de leur attribuer la responsabilités de mon échec. S’ils ne m’ont pas fait jouer, ils avaient sans doute leurs raisons. C’est peut-être ma faute également.

Votre faute ?

Un échec est toujours lié à un ensemble de circonstances. Je crois avoir fait le maximum pour me soigner, j’ai toujours travaillé pour progresser, mais voilà : je ne veux pas accuser les autres, ce n’est pas mon style.

Avez-vous suivi le match des Diables Rouges, mercredi ?

Oui.

Qu’en avez-vous pensé ?

Comme tout le monde, je pense.

Vous arrive-t-il de vous dire : j’ai ma place dans cette équipe ?

Il est encore beaucoup trop tôt pour penser à cela. Je dois d’abord percer au Standard. Mais il est vrai que cette place d’ailier droit, pour laquelle Georges Leekens semble encore chercher un postulant régulier, me tente.

Chez les Diables, vous n’avez jamais eu beaucoup de chance non plus : vous étiez là lors du déplacement précédent en Finlande, en juin 2007…

Exact. Un mauvais match, où il était difficile de se mettre en évidence. Mais je ne veux plus regarder derrière. Seulement devant. J’ai encore un avenir, un bel avenir devant moi. l

Par Daniel Devos

Entre Navas et moi, la lutte était inégale. Lui, c’est un monument, un footballeur de grande classe.

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