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 » Je ne suis pas encore lassé « 

Alejandro Valverde continue à s’étonner lui-même, à 38 ans. L’Espagnol revient sur son parcours et sur le titre mondial tant attendu qu’il a empoché à Innsbruck.

Le Tour de Valence, le Tour d’Abu Dhabi, le Tour de Catalogne, le Grand Prix Miguel Indurain, la Route d’Occitanie, le classement aux points du Tour d’Espagne et huit victoires d’étapes, voilà résumée l’année 2018 d’Alejandro Valverde. Mais son plus grand succès est évidemment la course sur route du Mondial d’Innsbruck, où il a coiffé Romain Bardet, Michael Woods et Tom Dumoulin au sprint. Le citoyen de Murcie revient sur sa carrière et sur une nouvelle année réussie.

Tu as gagné l’étape de Courchevel au Tour 2005, lors de tes débuts à 25 ans. Lance Armstrong a alors déclaré à ton sujet :  » Il représente l’avenir.  » Le Texan s’est brûlé les ailes depuis, et toi, tu as failli…

ALEJANDRO VALVERDE : Une carrière est faite de tellement d’années qu’elle comporte fatalement de bons et de mauvais moments. Les mauvais ? Il y en a eu deux. Le premier est ma suspension de deux ans ( 2010-2011 pour dopage, ndlr), une période durant laquelle je ne savais pas si je courrais à nouveau, ce qui allait se passer, ce que la presse écrirait. Une période de merde…

Quand on m’a suspendu, je me suis dit :  » OK, je vais purger ma peine. Peu importe qu’elle soit juste ou non, je la purge pour qu’on me fiche la paix et que je puisse ensuite reprendre la compétition à fond et montrer au monde qui je suis vraiment.  » J’ai surmonté cette passe et j’ai renoué avec la victoire. J’ai clairement montré qu’Alejandro Valverde gagnait encore plus qu’avant, quand j’étais jeune.

Puis il y a eu ta blessure au Tour 2017.

VALVERDE : Une grave blessure ( une fracture de la rotule, ndlr)… Je me suis demandé si je serais toujours le même ensuite, surtout que j’avais 37 ans. Mais je suis revenu. Cette blessure m’a insufflé encore plus de colère, d’énergie, et voilà le résultat : je suis devenu champion du monde à 38 ans.

Le Merckx de Murcie

Dans un des premiers reportages tournés sur toi, on t’appelle le Merckx de Murcie. Tu avais 23 ans. Quinze ans plus tard, ça ne semble pas excessif…

VALVERDE : Non, ça n’était pas si fou mais peu de gens concrétisent ensuite les attentes. En fait, je continue à me surprendre moi-même. Depuis trois ans, je dis : C’est la meilleure saison de ma carrière, je ne vais pas réussir à faire mieux. Et l’année suivante, je suis encore meilleur… Je continue à gagner les mêmes courses par étapes en début de saison. Le Tour ? Bon, je n’ai pas été au rendez-vous la dernière fois mais je ne l’ai pas roulé avec l’ambition de le gagner. Puis il y a eu le Tour d’Espagne, que je considérais comme une préparation au Mondial mais où j’ai gagné deux étapes et où je suis resté en lice pour la victoire jusqu’à la fin. J’ai enlevé le championnat du monde avec aisance. Je suis donc surpris. Franchement, je m’étonne moi-même.

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Tu te sens plus jeune mentalement ?

VALVERDE : Je ne dirais pas plus jeune, plutôt différent. Plus libre. Avant, j’étais vidé en fin de saison. Je ne pensais qu’à remiser mon vélo pour prendre du repos. C’est une époque révolue. Maintenant, je dois m’obliger à me reposer. Il m’arrive souvent de penser : Je ne suis pas fatigué, j’aimerais pédaler, abattre mes 70 kilomètres puis savourer un café avec un toast et de l’huile d’olive. Bon, je plaisante.

Tu pensais que ta carrière prendrait cette tournure ?

VALVERDE : Non, pas du tout. Nul ne l’aurait imaginé. C’est incroyable. Quand je lis mon palmarès… Que n’ai-je pas gagné ? Et quand ce n’était pas le cas, j’ai terminé deuxième ou troisième. Dans toutes sortes de courses. C’est vraiment impressionnant. Jamais je n’aurais pensé que je gagnerais autant. Avant et après la catastrophe, en plus…

Faim de victoires

Pendant ta suspension, tu disais déjà :  » Je vais revenir et je continuerai à gagner.  »

VALVERDE : Et je suis toujours là. Je continue à me battre. J’ai encore faim de victoires et je ne suis absolument pas fatigué du cyclisme non plus.

En 2019, tu comptes même effectuer tes débuts au Tour des Flandres…

VALVERDE : Je dois y participer, surtout avec mon maillot arc-en-ciel. Je le dois à mes supporters et à moi-même tout en étant conscient de devoir très bien connaître le parcours.

Ensuite, tu participes au Giro et à la Vuelta mais pas au Tour. Peut-on imaginer un Tour de France sans le champion du monde ?

VALVERDE : C’est la plus belle course mais je ne suis pas obligé d’en prendre le départ. Les gens le voudront, évidemment, mais c’est à moi de voir ce qui est le mieux. Et je ne m’amuse plus au Tour.

Quand vas-tu prendre ta retraite ? À l’issue des Jeux de Tokyo en 2020 ?

VALVERDE : Je ne sais pas encore. Savez-vous quand je pense que je vais arrêter ? Un jour, je vais me dire : C’était bien, je suis resté suffisamment longtemps dans le peloton. Pourquoi continuer à souffrir, quel sens cela a-t-il ?

Quand tu étais jeune, tu as confié que tu rêvais de devenir chauffeur de poids lourds, comme ton père. Le roi des autoroutes…

VALVERDE : Ah oui ! J’aime bien les camions et un jour, j’en achèterai un. Je n’ai pas encore le permis de conduire qu’il faut mais je trouverais super d’avoir un gros camion. Je le parquerais tout près de ma maison, avec l’inscription Bala Verde ( Balle verte, son surnom, ndlr) ou quelque chose dans le genre…

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